Titres
Formation en 2011
La chute du Numenor figure parmi les grands récits de JRR Tolkien. Une civilisation de surhommes qui sombra à cause de sa quête obsessionnelle d’immortalité. Pervertis par l’émissaire du mal, bon nombre de numéroniens se retournèrent contre leurs dieux. Le châtiment fut à la hauteur de la trahison, et Numenor, leur île, fut submergée comme dans le mythe de l’Atlantide. Le quintette de Calgary emprunte son nom à ces hommes qui disparurent par le fait de leur arrogance. Cette introduction littéraire pose l’atmosphère de Home, le premier album de Numenorean qui sort chez Season of Mist.
La couverture pourra choquer, elle représente une enfant morte, au visage apaisé et souriant, portant d’atroces blessures sur son corps et une étiquette posée sur le ventre où l’on ne distingue qu’un nom : Mc Donald. Une photo d’archive retravaillée, tirée d’une sordide affaire de triple meurtre : en février 1970 aux U.S.A., où Jeffrey Mc Donald, officier et médecin militaire, fut accusé et condamné pour les meurtres de son épouse enceinte et de ses deux fillettes.
Du post black métal, un artwork très violent, simple provocation éditoriale ou réel intérêt artistique ? Neoprog ne présente que rarement ces groupes de l’extrême dans ses colonnes, et la violence gratuite n’est pas notre tasse de thé. Home ne fait pas l'apologie de la violence, du meurtre d’enfant ou que sais-je encore. Il s’agit d’un concept album sur le thème de la perte, de ce vide dans l’âme qui plus jamais ne se remplit.
Prenez du post rock vitaminé pour la musique et du black métal pour le chant et vous aurez une petite idée de l’atmosphère de Home. L’album de quarante quatre minutes et cinq pièces débute sur de la distorsion et des pleurs, remplacés bientôt par un post rock sur lequel hurle Rhys Friesen, le chanteur. Un post rock nerveux où les séquences de double pédale sont nombreuses, alternant avec des éclaircies de guitares aériennes. Sur les cinq morceaux, le troisième, ‘ Shoreless’, est le plus court, un instrumental où l’on découvre que David Horrocks, le batteur, peut également lever le pied et laisser la violence au placard.
Home fait figure de musique extrême dans le monde progressif, indisposera certains d’entre vous, et si la pochette ne vous a pas rebuté, le chant le fera peut-être. Alors comment expliquer que j’ai succombé à cette débauche de désespoir et de violence ? Difficile à dire avec des mots, il faut ressentir cette souffrance insondable exprimée dans le chant, alliée à la musique, dynamique et violente, entrecoupée de pauses apaisées pour apprécier. Derrière son masque de métal brutal, Numenorean construit de réelles mélodies torturées qui séduiront les amateurs de post rock en quête d’un petit plus.
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