Titres
Formation en 2013
Tobias Geberth [clavier], Leon Ackermann [batteur], Marcel Sollorz [clavier] depuis 2015, Oliver Nickel [] depuis 2015
Deux ans après leur premier album Good Morning Dystopia, les berlinois de Osta Love sont de retour, la formation s'étant entretemps étoffée de deux nouveaux membres, Marcel aux claviers et Oliver à la basse. Pour cet album, on quitte le sujet sombre de la surveillance en environnement citadin pour un sujet beaucoup plus léger et aérien, bien illustré par la pochette qui nous place directement entre rêve et réalité. Cette fois-ci les allemands nous emmènent sur une île imaginaire, l'île aux chiens, pour une visite solitaire, nous promenant dans différents lieux, découvrant ici une belle crique ("Black Beacon Sound"), là des paysages verdoyants ("Green Hills of Home"), en passant par la découverte d'une rivière ("Down to the River"), une ode à la mer ("The Sea") et une lune brillant dans la nuit ("Moonshine at Midnight"). Cette promenade est d'ailleurs bien balisée par les mouettes qui pourront vous rappeler l'insouciance des vacances, et les bruits de nature baignée de soleil. Cher internaute pressé et qui aime bien accéder tout de suite à l'essentiel, je t'entends déjà marmonner d'ici : "Oui bon ok, les oiseaux, la nature, l'herbe verte c'est bien gentil tout ça, mais la musique ça donne quoi ?"
La musique est à l'image de cette promenade, avec deux mots principaux qui me viennent à l'esprit : équilibre tranquille. Dès le premier titre, on a une impression d'équilibre dans tous les pupitres, il n'y a pas un instrument qui prend plus de place que les autres. Bien sûr chaque instrument a son moment de solo au cours des différents titres, mais sans tirer la couverture à soi, dans une continuité tranquille, que ce soit un piano contemplatif, calme, reposé, ou un solo de guitare accessible, fluide. Les titres passent et s'enchaînent tranquillement, linéairement, avec fluidité, sans grande surprise ou grosse rupture musicale. La voix de Tobias, feutrée, ouatée, est toujours égale et passe bien dans cet équilibre musical. Elle trouve tout au plus ses limites dans les aiguës à la fin de 'The Sea'. Pour les adeptes de musique musclée, il est clair qu'ils pourront y voir sur certaines séquences - s'ils écoutent - un côté ‘gentil sans plus’, un peu mièvre osons le mot. Pour le côté plus enlevé, "Moonshine at Midnight" est pour moi le titre que l'on peut considérer comme celui qui bouge le plus, avec un clavier plus mordant qu'à l'habitude et temporairement orientalisant. A noter une belle séquence au début de "The Sea" qui vous embarque avec de beaux chœurs, des cymbales claires, une belle guitare acoustique en fond, ainsi que sur "Green Hills of Home" une scène qui se laisse dévoiler en fond de musique de film.
Encore un petit mot pour le dernier titre, "Translucent Engineering", qui raconte l'angoisse de la page blanche d'un écrivain dont les heures de gloire sont derrière lui, et dont l'inspiration est tarie. Avec ses quinze minutes de musique, ce titre est finalement un bon résumé de cet album. Le début commence avec un cristal à la sonorité en mode Grand Bleu qui se perd dans l'infini, une ambiance calme, zen, tranquille, et une voix que l'on pourra trouver un peu trop monotone. S'ensuivent cinq enchaînements d'ambiances différentes avec pêle-mêle des chiens qui lancent leurs plaintes et se répondent (les voilà enfin, ces fameux chiens), une guitare très floydienne, un piano en mode jazzy, des guitares acoustiques très sympa, des sonorités de Hammond, une petite nappe électronique, pour finir avec la reprise du refrain entamé précédemment.
Au petit jeu de la classification, ce qui vous permettra peut-être de fixer les idées, ce n'est pas pour moi totalement prog, ce n'est pas pop, ce n'est pas rock. C'est sûrement un peu de ces trois touches sur une palette d'autres couleurs que je n'ai pas forcément pu définir. J'ai aussi pensé, sur certains passages, et essentiellement pour le côté easy listening, à Prefab Sprout (encore de nouveaux amis en perspective je le sens...). The Isle of Dogs est un album accessible qui s'écoute donc très tranquillement. C'est bien fait, ça passe très bien, c'est finalement déjà pas mal, même si je ne saute pas au plafond en écoutant ces quatre Osta Lovers.
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