Titres
Formation en 2007
Daniel Gildenlöw [chanteur,guitariste,bassiste,clavier,batteur,percussions], Ragnar Zolberg [chanteur,guitariste], Daniel Karlsson [clavier,batteur], Gustaf Hielm [bassiste], Léo Margarit [batteur,percussions]
En 2005, Be aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Trois ans plus tard, avec Scarsick, le petit univers du metal progressif méprisant pop et disco tremblait sur ses bases, et en 2010 Road Salt One achevait de brouiller les cartes. Pain Of Salvation ne serait décidément jamais un groupe conformiste. Après un retour en grâce en 2017, Daniel Gildenlöw, qui n’a décidément peur de rien, bat le jeu une fois encore, quitte à perdre les fans reconquis avec In The Passing Light Of Day.
Avec Panther, le groupe sans cesse reconstitué explore, entre autres choses, l’univers électronique. “Pour cet album, j'ai commencé à chercher des sons. J’ai toujours eu l’impression d’avoir besoin de bouger, de changer et de trouver un nouveau terrain. Ce n'est peut-être pas intentionnel, mais en regardant en arrière, je vois que j'ai choisi un point de départ différent à chaque fois, ou une méthodologie différente, qui fait que tout le reste se déroule d'une manière différente. C’est une façon de m’assurer que je ne me répète pas.” raconte Daniel, et il le prouve.
Comme il se doit, Panther développe un concept, un concept autour des personnes vivant dans la normalité et celles qui entrent moins dans le moule, “une ville peuplée de chiens et de panthères” comme il décrit notre société. En guise de démonstration, l’album s’ouvre sur ‘Accelerator’, un metal électro étourdissant qui déclenchera certainement des crises d’urticaire aiguës chez certains fanatiques, alors que pour ma part le titre figure parmi les plus beaux de Panther.
Il se peut que je fasse partie de ceux qui ne rentrent pas totalement dans les cases imposées par la société.
Rassurez-vous, Daniel est bien aux commandes, avec sa fabuleuse voix. Et même si Ragnar a quitté le navire, c’est bien du Pain Of Salvation que vous allez entendre. Léo reste fidèle au poste, affirmant un peu plus son jeu à chaque nouvel album. Daniel Karlsson et ses claviers magiques (‘Wait’), Gustaf Hielm à la basse et le retour de Johan Hallgren à la guitare nous livrent un album différent, certes, mais magnifique.
Dans Panther, le panachage des genres surprend au premier abord. Le disque se révèle très hétérogène, composé de pièces innovantes comme ‘Accelerator’, ‘Restless Boy’, ‘Keen To A Fault’ , ‘Panther’ et d’autres qui semblent inspirées d’anciens albums (‘Icon’, ’Unfuture’). A croire que Daniel n’a pas osé aller jusqu’au bout de l’idée initiale ou qu’il voulait recycler des sessions studio passées.
Nous avons par exemple un ‘Unfuture’ qui revient aux inspirations americana de Road Salt One en durcissant le ton, de même que ‘Species’ qui, bien qu’épicé de curry et de sitar, revient bien vite dans les rangs de Pain Of Salvation. ‘Wait’ surprend tout d’abord par son thème au piano accompagnant la voix haut perchée de Daniel, puis le titre revient rapidement vers le Pain Of Salvation des années deux mille, comme pour rassurer, avant d’attaquer un ‘Keen Of Fault’ à l’ouverture électro qui se pose sagement en terrain connu après une minute improbable.
‘Fur’ est le génial intermède instrumental aux consonances slaves, la fourrure de la panthère, le titre album qui flirte avec un Eminem tribal électro, bien évidemment non conformiste mais finalement pas tant que ça et qui n’arrive pas à me convaincre tout à fait.
Et pourquoi finir rapidement lorsqu’il reste de la place sur le compact-disc ? ‘Icon’, la conclusion de ce concept album approche les quatorze minutes. Ici pas de surprise, nous retrouvons le Pain Of Savation de nos souvenirs, une très belle pièce admirablement bien construite et qui, cependant, est éclipsée par des titres plus inventifs.
Je ne vais pas vous mentir, Panther m’a emballé. Mais malgré cet évident enthousiasme, je garde suffisamment de lucidité pour lui reconnaître des défauts, comme cette juxtaposition de pièces innovantes avec de grands classiques. Alors que ‘Accelerator’ nous malmène dès les premières secondes, l’album nous ramène bien vite en territoire connu, histoire de ne pas effrayer trop les fans et tenter de nouvelles folies quelques minutes plus tard. A l’heure où j’écris ces lignes, j’ignore si cet album deviendra un grand Pain Of Salvation ou s’il s’agit juste d’un feu de paille, ce qui est certain, c’est que je vais m’offrir l’édition vinyle.