Titres
Formation en 2009
Rani Chatoorgoon [chanteur], Gerry Mosby [bassiste], Ruud Jolie [guitariste], Paul Delong [batteur], Koen Herfst [batteur], Sandip Banerjee [percussions], Claudio Vena [violon,violoncelle], Ken Basman [guitariste]
Invité :
Valerio Recenti: voix
Rêver sa vie ou vivre ses rêves ?
Il semble bien que Rani Chatoorgoon ait choisi comme philosophie de vie la seconde option, puisqu'elle n'a pas hésité, pour Samsara, album autoproduit, à quitter son job basé en Europe pour retourner au Canada et se consacrer à l'écriture de cet album sous la houlette du producteur canadien Gerry Mosby. Il faut préciser qu'elle avait fait le chemin inverse quatre ans auparavant afin de parfaire et développer encore et toujours ses dons musicaux, en prenant notamment Marcela Bovio en tant que coach vocal (eh oui, s'il était encore besoin de vous le rappeler, le monde du progressif est vraiment très très petit).
Samsara sort après trois singles, un EP et un album déjà tombés dans l'escarcelle de l'envoûtante canadienne qui possède du sang trinbagonien, et dont l'enfance a été imprégnée par la culture indienne de ses ancêtres. Samsara signifie littéralement en sanskrit "Celui qui traverse la vie", "Ensemble de ce qui circule". Ce mot évoque donc la répétition du cycle de la naissance, de la vie et de la mort, et dans ce sens la pochette de l'album ainsi que les paroles ne peuvent être plus explicites.
Encore une fois pas besoin de mettre les points sur les i, Samsara est un album aux doux parfums exotiques. Avec un premier titre qui commence sans ambages sur une mélopée construite par le sarangi, le sarod et le santour sur fond de sitar et d'harmonium, on est tout de suite plongé dans la délicieuse ambiance indienne de cet album. La batterie, la basse, ainsi que la guitare électrique s'invitent ensuite progressivement pour y amener la teinte métal, second trait musical principal de cet album. La succession des titres révèle une intégration poussée et harmonieuse de ces deux teintes musicales majeures, à savoir la musique indienne, présente au travers d'une armada impressionnante d'instruments traditionnels indiens (pas moins d'une dizaine d'instruments différents), et un rock métallisant qui s'exprime par les guitares électriques et la batterie.
Il faut bien dire que la chanteuse s'est entourée d'une sacrée équipe d'artistes et d'instruments. Pour la composante métal, à Ruud Jolie (Within Temptation) les guitares électriques, Paul Delong (Kim Mitchell Band) et Koen Herfst (I Chaos, Dew Scented) les batteries. Pour la composante ancestrale indienne, c'est Sandip Banerjee qui gère la flopée d'instruments intervenant dans les titres. On ajoute ensuite Valerio Recenti, dont on peut entendre la voix sur 'Let Me Go', un piano joué par Lawrence Gowan (Styx), la basse du producteur, ainsi que des cordes supplémentaires avec guitare espagnole, violon et violoncelle. Dix personnes ont ainsi apporté leur contribution au projet Samsara, qui a aussi inclus des compétences en composition orchestrale et arrangements de cordes.
Et le résultat est vraiment très sympathique. De 'Let me Go', titre le plus métal de cet album, à 'Guardian of souls', titre très calme dont il émane une sorte de tristesse avec une petite complainte de cordes, qui est à part, sûrement parce qu'il clôt en douceur cet album, en passant par 'Maybe' - mon petit préféré - pas forcément original mais bien fichu, bien amené et entraînant à souhait avec son petit motif de piano en refrain, ses belles transitions et ses arrêts très sobres, vous ne verrez pas passer ces soixante-dix minutes de musique.
En vérité ce qui fait le sel (ou plutôt le curry) de cet album, ce sont les interventions fugaces des différents instruments au travers de petites volutes, de petits motifs qui fusent de partout, et qui révèlent finalement toute la richesse de cette musique : ici quelques notes de violon, là une pirouette de santour, là une bouffée diffuse de guitare espagnole, là quatre notes de basse, ici un éclair de guitare. Et encore une fois si vous écoutez plusieurs fois et avec attention, vous identifierez des arrangements très travaillés de plusieurs instruments simultanés en arrière-plan, ce qui est la marque d'un travail assez impressionnant.
Pour moi Samsara n'est pas un album que l'on étiquettera progressif. Les amateurs de break et de changements de rythmes infernaux n'y trouveront pas leur compte. La batterie est très souvent en mode régulier, sur une base couplet-refrain. Certains pourront trouver le rythme trop monotone. Il n'empêche que ce mélange de musique traditionnelle et de rock avec une grosse pointe de métal et un zeste de symphonique est excellemment bien fichu, très bien amené et finalement très très entraînant.
Dans la culture indienne, le mot Samsara inclut l'idée que l'adepte n'arrive à atteindre la libération et la lumière au cours des différents cycles de vie et de mort. Il semblerait bien que Rani l'ait trouvé, cette belle lumière, au travers de sa voix et de sa musique.
Rêver sa vie ou vivre ses rêves ?
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