Titres
Jo Beth Young [chanteur]
Timbre, tessiture, coffre, grain, couleur, chaleur, vibrato, amplitude, émotion, justesse, la voix est l’instrument le plus sujet à débats et désaccords. Pour ma part, le chant constitue souvent le point de départ d’un coup de foudre ou du rejet pur et simple d’un album.
La première fois que j’ai écouté Jo Beth Young chanter ‘Dark Cloud’, je suis tombé amoureux. Hélas ce titre n’a fait qu’attiser ma soif et j’ai attendu avec impatience l’arrivée de Strangers, le nouvel album de Rise. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Peter Yates nous proposait au même moment un EP avec Jo Beth. Alors par qui commencer ?
Je vais tout d’abord vous parler de Rise, ce projet où Jo Beth joue de tous les instruments, s’entourant en live de musiciens comme Peter Yates justement, Ben Roberts ou encore Helen Ross.
Comment cataloguer Rise ? Voix envoûtante, rock alternatif, folk, art rock, progressif ? A vous de choisir. Avec des instruments à cordes (violoncelle, violon) très présents, du piano hanté, des instruments électriques (guitares, claviers, basse) plus effacés et une voix omniprésente, Rise se présente comme une digne héritière de Kate Bush, Tori Amos ou Iamthemorning. Strangers ce sont neuf morceaux relativement lents, allant de trois à neuf minutes, où résonnent principalement violon, violoncelle, piano, basse et la voix de Jo Beth.
“Et lorsque nous nous reverrons, nous serons des étrangers l’un pour l’autre” (David Gray). Strangers parle d’amour, de perte, de renaissance, évoquant une douloureuse séparation. Des sentiments et des émotions que la musique et le chant, sans même comprendre les paroles, restituent magnifiquement.
La musique possède des accents médiévaux (‘Dark Cloud’), tziganes (‘Temples’), folk irlandais, post rock au piano et guitare (‘Cry Back Moon’), rock cinématique hanté (‘The Old Sewing Woman's Song’) et la proximité avec l’album Aerial de Kate Bush semble évidente sur ‘Burnt Offering’ ou ‘Rabbit Eyes’.
Stranger vous immerge, pendant un peu moins d’une heure, dans son univers délicat, féminin: neuf morceaux qui se suivent, dominés par la très belle voix femme/enfant de Jo Beth, le violon et le piano. Et si, comme moi, vous aimez les atmosphères intimistes, mélancoliques et Kate Bush, vous devriez adorer.