Titres
Formation en 2012
Bekah Wagner, l'artiste derrière ce «Roo and the Howl », sort son premier EP en 2012, dans un style totalement différent, consacré au chant d'église. Elle se fait connaître peu à peu, participe au festival multimédia South by Southwest et a engagé sa première tournée l'an dernier dans la région du Midwest. Elle paraît récemment dans le «top des femmes que vous devriez connaître» par le magazine Pigeons and Planes (revue de musique indie, comme son nom l'indique...). Le 20 mai 2014 paraît donc son premier album intitulé ME/WE.
D'après Bekah Wagner, « Roo » est un vieux mot anglais désignant une sorte de « tranquillité ». L'association de ce terme avec le « hurlement » (Howl) révèle d'une certaine façon la musique à laquelle on peut s'attendre sur cette petite galette. Oh, il n'est pas question ici de musique progressive : peu de caractères propres au genre y sont adoptés (mis à part « Into the Wild »), c'est plus de l'indie ou du psychédélisme. Mais si vous êtes tout simplement amateur de belles mélodies et d'ambiances planantes (en somme de bonnes bases progressives), voilà une poignée de chansons dont la seule découverte est un plaisir. Comme dans « Lost Love » (assez représentative de l'album), les instrumentations sont bien calmes, presque psychédéliques et ne dénotent presque aucune forme de tristesse alors qu'ils cachent en eux une sorte de mélancolie inavouée, un hurlement contenu dans la tranquillité. C'est bien là toute la force de cet album qui, sous une carapace simple, se fait riche d'une grande palette d'émotions subtiles, presque diluées.
Il faut se laisser emporter dans ces mélodie aériennes et amoureuses qui parsèment l'album de bout en bout et qui ne paraissent pourtant pas mener à grand-chose au premier abord. La voix de Bekah Wagner transparaît souvent au milieu d'une agréable union formée par des sonorités assez communes (batterie, guitare sèche) et d'autres plus planantes (guitares électriques, piano). Mais ne vous y trompez pas, ce maelström rassurant et continuel, loin d'être fainéant, ne cesse d'évoluer lentement à sa manière, bannissant toute cassure trop directe. Ainsi tout avance, et ne semble jamais s’arrêter, quand parfois résonne en fond, un écho de guitare qui suffit pour tout faire redémarrer. Tous ces refrains légers, presque frêles donnent finalement à ME/WE, à l'instar de sa pochette, un charme cristallin : ces morceaux hors de tout style musical précis réussissent le pari de simplement émouvoir, de caresser le cœur. Loin de toute excentricité progressive, Roo and The Howl cultive avec succès un rock indie et psychédélique paradoxalement froid et sensible.
Le tout est mené par le chant impeccable de Bekah Wagner. Elle est la preuve vivante que l'on peut faire des merveilles avec une voix somme toute assez banale. Avec sa justesse et sa douceur, elle participe grandement au bonheur de l'auditeur. A trop savoir chanter juste, d'autres auraient cherché la performance vocale et l'ajout de quelques fioritures inutiles, mais pas notre chanteuse qui réussi à donner à chaque ligne mélodique sa place savoureuse. Ne s'illustrant pas seulement dans des refrains aériens, elle profite aussi de quelques morceaux (« Good Times, Bad Times », « Into the Wild ») pour adopter une technique vocale beaucoup plus terrestre et rythmée, des interventions elles aussi garantes d'une grande réussite et d'un contraste intéressant.
Voila donc un album assez standard dans sa forme (durées des titres similaires) et très libre dans son fond musical. La reprise de « Good Times, Bad Times » (version de Richards et Jagger), présente vers les derniers morceaux, délivre aussi sa petite bulle bluesy avant de repartir de plus belle pour un « Lay Me Down » attendrissant. C'est un premier essai très réussi qui ne manquera pas d'intéresser les auditeurs en mal de sobriété musicale. « ME/WE » se clôt finalement sur Into the Wild, seule pièce imposante de par ses évidents relents floydiens et son ambiance à part.