Titres
Formation en 2012
Dean Wells [chanteur,guitariste], Nick Ross [batteur], Andrew Cameron [bassiste], Jonah Weingarten [clavier], Brett Rerekura [chanteur]
Are We Soldiers ressemble à une monstrueuse Forêt Noire débordant de kirsch, de crème, de chocolat et de cerises confites. Un gros gâteau trop sucré et trop gras, que l’on se réjouit de déguster en le contemplant derrière la vitrine du pâtissier et qui provoque, à la première bouchée, une crise de foie. Crise de foi de metal progressif ou bien indigestion de guitares virtuoses et de chant clair ?
Le dernier Teramaze laisse peu de respiration à celui qui l’écoute et, comble de malheur, les parts servies sont énormes. Are We Soldiers, avec près de soixante-dix minutes, m’a épuisé dès le premier morceau, ‘Fight to Flight’, autant vous avouer que les neuf autres parts furent difficiles à avaler.
La voix haut perchée de Brett, parfois à la limite du cri, les guitares pliniesques de Dean cherchant à démontrer qu’il est le plus rapide, les trépidations de Nick essayant de doubler Dean et les claviers de Jonah tentant de jouer du Rudess frisent la crise d’épilepsie.
Are We Soldiers fatigue une oreille sur-sollicitée par une avalanche de notes, tout l’opposé de son prédécesseur Her Halo, construit sur de longues introductions, fait d’alternance entre poutrage et douceur.
Mais je suis injuste. Il existe de petits breaks dans cette escalade de virtuosité comme dans ‘Fight to Flight’, ‘Are We Soldiers’ ou ‘Orwellian Times’. Et “petits” est bien l’adjectif qui convient ici, quelques secondes de répit avant que la charge ne reprenne. Il y a également cette grande plage guimauve dans ‘Control Conquer Collide’, coincée entre deux refrains accrocheurs, noyées sous des claviers symphoniques gluants.
Je préfère encore écouter ‘Weight Of Humanity’ qui retrouve cet équilibre qui manquait jusque là à l’album, entre émotion et puissance. La guitare se pose enfin, le chant reste sobre et l’ouverture djent réveillerait un mort. Mon titre préféré sera l’avant-dernier, ‘The One Percent Disarm’, qui propose pour la première fois dans Are We Soldiers quelque chose sortant des sentiers battus.
Je vais passer sous silence la dernière portion à avaler, la plus grosse, près de douze minutes à ingurgiter, alors que les dents du fond baignent déjà, le “petit chocolat” de Monthy Python qui risque de vous faire exploser. Dommage que ‘Depopulate’ arrive à la fin. Pris seul, après une cure de détox, je lui aurais trouvé certainement bien des qualités, mais là, désolé, je n’en peux plus.
Are We Soldiers est un album trop. Trop long, trop dense, trop prévisible, trop démonstratif, trop éprouvant pour les tympans. Certes, Teramaze a dû se reconstruire après de nombreuses défections depuis 2015, mais cela n’excuse pas tout. Ont-ils voulu muscler leur propos, jouer aux plus virtuoses, ou bien est-ce un virage dans leur carrière musicale ? La réponse au prochain album peut-être.