Titres
Pourquoi jeter mon dévolu sur Tükör, moi qui d’ordinaire écoute peu de post-rock, sauf s’il sort des sentiers battus ? Sans doute parce que Törzs, ce trio de Budapest, propose avec cet album la musique dont j’avais justement besoin, du post rock instrumental sur lequel je pouvais laisser dériver mes pensées, y superposer des paysages et rêver tout simplement.
Tükör, le troisième disque des hongrois, est un album six titres pour un peu moins de trois quarts d’heure d’écoute, enregistré en live dans une grotte d’un parc national en Hongrie, donnant au son une réverbération toute particulière.
La musique de Tükör ne s’impose que rarement à vos oreilles sauf peut-être avec ‘Hatodik’, le dernier morceau de l’album. Il faut dire qu’avec une seule guitare et peu de samples, le post-rock s’en trouve très dépouillé, ce qui permet de goûter d’autant mieux à ses notes éthérées. Un jeu de guitare, parfois americana, qui n’est pas sans me rappeler Steve Rothery en solo (‘Harnadick’).
Tükör joue la carte du classicisme post-rock à la God Is An Astronaut avec des tirades stellaires cinématiques et shoegaze (‘Negeyedik’), avec souvent des guitares aux sonorités limite blues, et pour finir un titre qui s’envole sur une construction très progressive.
L’irrécupérable pseudo-intello que je suis a voulu, faute de paroles, comprendre la signification des titres en hongrois. Si le nom de l’album se traduit par Miroir, les morceaux eux possèdent bien moins de sens caché puisque nous avons dans l’ordre : ‘Premier’, ‘Second’, ‘Troisième’… jusqu’à ‘Sixième’, sans même une petite surprise dans la chronologie. Je me demandais ce que cet iris orange contemplait, je pense le savoir maintenant : juste lui-même.
Je vous ai parlé des guitares mais qu’en est-il du reste ? La basse joue dans la rondeur langoureuse (‘Masodik’), des notes espacées et longues pouvant se densifier à l’occasion (‘Negyedik’, ‘Otodik’) et pour en profiter pleinement rien ne vaut le début de ‘Hatodick’, un morceau qui décidément possède bien des qualités. La batterie est à géométrie variable, parfois ce sont juste des cymbales effleurées, parfois un jeu plus appuyé et rythmé (‘Masodik’), jamais trop dense cependant, ce qui convient parfaitement aux mélodies de Tükör. Un bel équilibre sonore, relativement varié, qui fait de cet album une délicieuse parenthèse musicale incitant à la détente, la rêverie et offrant à l’occasion un fond sonore plaisant lorsque l’on est occupé à autre chose.
J’ai particulièrement apprécié ‘Harnadik’, tout en langueur, un peu blues, où les notes de chaque instrument respirent, et bien entendu, le littéralement sixième morceau, ‘Hatodik’, qui sort des sentiers battus du post-rock.