Le péage du rock soirée du 20 juin 2015
Salle Baptiste Dufeu – Le Péage de Roussillon (26)
Le péage du rock est un nouveau festival organisé par Laurent Wilb, après un premier test l’an passé. Il est couplé avec la fête de la musique. Le but est de renouer avec la tradition des concerts rock au Péage de Roussillon.
Il se déroule sur 2 jours, la première soirée étant payante et la seconde, le jour de la fête de la musique, gratuite.
Ayant pu discuter avec le très sympathique organisateur sur le bien fondé d’une telle date où l’offre de musique gratuite était importante, et par conséquent difficile d’attirer des spectateurs à un concert payant, il m’a expliqué qu’il n’avait pas d’autres choix pour bénéficier de certaines aides. En plus cette année, la fête des pères se déroulait le dimanche, ce qui n’aidait pas non plus. Tout ça pour dire que le public n’était pas très nombreux (dans les 200 personnes au maximum) et la salle superbe, mais très grande, avec des gradins en fond de salle, ce qui donnait une forte impression de vide.
Dans le cadre d’un Jas’rod par exemple (Prog Sud), l’impression aurait été autre, même si le public y est désormais plus important, mais cela n’a pas été toujours le cas. Il faut aussi laisser le temps au festival de s’installer. Après on peut dire que la salle était trop grande mais c’est surtout le public qui n’était pas assez nombreux, surtout que le prix était très raisonnable (20 euros).
A noter par contre, surtout pour un débutant, l’excellence de l’organisation d’ailleurs justement saluée par les artistes présents. Il faut donc remercier toutes les personnes ayant participé à l’organisation.
L’affiche se composait de quatre groupes : Elora, Franck Carducci, Flayed et Lazuli.
C’est donc devant un public très restreint qu’a débuté vers 18 h 30 le concert d’Elora, étant donné que beaucoup n’étaient pas encore arrivés, et qu’une partie du public est restée dans les tribunes. Elora est un groupe Marseillais que j’avais déjà eu l’occasion de voir sur scène à trois reprises du temps où Anastasia officiait au chant. Je dois avouer que jusque là, leurs concerts ne m’avaient pas paru au niveau de leurs prestations discographiques dû notamment à un son un peu brouillon. Leur premier album Crash, paru en 2013, est un de mes albums de prog français préféré, un prog moderne très mélodique, groovy, personnel et chanté en français avec voix masculine et féminine. J’étais donc curieux de voir comment le groupe avait évolué, notamment avec l’arrivée de la nouvelle complice de Damien Dahan au chant, Elodie Clairin. Je dois dire que désormais leurs prestations scéniques sont totalement à la hauteur avec un excellent son et un très bon mixage des instruments et des voix. Pourtant tout n’a pas commencé idéalement puisque Elodie a connu quelques problèmes de micro sur le premier titre, l’excellent ‘années lumières’, mais le groupe a parfaitement su gérer ce petit souci. Le groupe a parfaitement interprété plusieurs titres de Crash, ‘En paix’ le sublime Diptyque ‘l’espoir’, ‘Elle’, ‘Elle espère’, ‘Crash’, mais aussi un titre du premier EP, ‘Desert’ et deux nouvelles compositions provisoirement intitulées ‘Instru’ et ‘Machine’. La première débute effectivement de manière instrumentale mais continue avec des parties chantées. Celle-ci m’a fait plutôt bonne impression. La seconde plus tortueuse demande sans doute plus d’écoutes pour être pleinement appréciée.
La section rythmique composée de Vince Fillipini (basse) et Julien Beaumont (batterie) a parfaitement assuré sur des compositions qui leur laissent de l’espace. Le jeu subtil de Lionel Giacobbe à la guitare illumine l’ensemble. Patrice Cannone aux claviers est plus discret mais assure parfaitement son rôle. En ce qui concerne le changement de chanteuse, au niveau voix, Elodie Clairin n’a rien à envier à sa devancière et me semble plus complice avec ses partenaires, notamment Damien. Par contre, les qualités de danseuse d’Anastasia sont difficiles à remplacer sur un titre comme ‘Desert’. Elora s’avère désormais une vraie valeur sûre du prog français aussi bien sur scène que sur disque. Ils sont fort sympathiques hors scène aussi.
Facebook : https://www.facebook.com/EloraTheBand
Le changement de plateau a été très rapide et ce fut au tour de Franck Carducci et son groupe originaire de Lyon d’investir la scène. Je les ai découvert sur scène au Prog Sud où je me suis d’ailleurs procuré leurs 2 CD dont Torn Apart paru il y a quelques mois. Ce groupe produit une musique influencée par Genesis mais aussi d’autres styles musicaux comme le blues rock et le métal qui lui donne une vraie richesse musicale. Le set se rapprochait de celui du Prog Sud en un peu plus court, limite de temps oblige. Par rapport à Elora, la salle s’est un peu plus remplie. Les excellents musiciens (les très démonstratifs Mathieu Spaeter et Christophe Obadia aux guitares, Olivier Castan aux claviers et le métronome Nicolas Chono à la batterie) prennent place sur scène, portant tous un masque blanc qu'ils retirent lors de l'arrivée sur scène de Franck Carducci avec sa basse, et entament ‘Torn apart’, premier titre de leur dernier album. Des riffs blues rock lancent le morceau où vient bientôt se placer la voix chaude de Franck Carducci. Des passages plus calmes viennent s'intercaler avec de superbes sons de moog.
Franck Carducci nous parle ensuite de la présence de Steve Hackett sur son dernier album. Il faut dire que celui-ci est pour beaucoup dans la décision de Franck de se lancer dans son propre projet musical. En effet, c'est après avoir ouvert pour lui à Amsterdam qu'il a décidé de se lancer dans l'aventure. Puis il annonce l'arrivée sur scène de la "délicieuse" Mary Reynaud, parfait qualitatif pour cette dernière qui, au delà de ses qualités vocales, illumine la scène de sa présence avec notamment de belles danses sur des passages instrumentaux. Sa grâce naturelle et son plaisir d’être sur scène sont communicatifs, tout cela en se fondant dans un collectif parfaitement huilé. Contrairement à la version du CD, celle-ci tiendra le lead vocal de ‘Closer to irreversible’'. Elle chantera d’ailleurs beaucoup plus que sur le CD. C'est ensuite au très progressif "Artificial paradise" d'être joué. Olivier Castan est laissé seul sur scène pour une superbe intro aux claviers. Par la suite, tous les musiciens s'en donnent à cœur joie et nous enthousiasment. Franck Carducci, très à l’aise dans le contact avec le public, nous présente ensuite son morceau de heavy-metal ‘Mister Hyde et Dr Jekyll’. Si le rythme s'accélère, les guitares gardent une tonalité blues rock et le titre comprend un passage plus lent au milieu. Christophe Obadia au didgeridoo et Mary Reynaud au bâton de pluie nous offre une choregraphie et quelques sons exotiques. Nous partons ensuite en voyage dans le temps avec ‘A brief tale of time’. Ce titre est divisé en quatre parties. Les deux premières sont très progressives. Pour la troisième "2078: Möbius trip", le groupe quitte la scène nous laissant dans un univers de tonalités et de lumières agressives qui a du surprendre certains spectateurs, avant de retrouver un climat apaisé sur la dernière partie. Un autre epic, l’excellent "The last Oddity" issu du premier album, Oddity, cloture le set, immédiatement enchaîné par "As sure as Eggs is Eggs", partie de "Supper's ready". Le groupe obtient un triomphe mérité.
Pour le rappel, le groupe va jouer le très festif et visuel ‘Alice’. Franck Carducci coiffe son chapeau de chapelier fou alors que Mary Reynaud arbore une tenue bleue d'Alice, mais accompagnée de quelques accessoires plus sexy, étant donné que dans cette version, la reine fait d'Alice une prostituée. Une surprise avait été annoncée pour la fin de leur prestation. Franck Carducci demande alors à des enfants de la commune, de niveau primaire je pense, de monter sur scène. Ils sont neufs garçons et filles coiffés de chapeaux du style de ceux que portent les étudiants américains lors de la remise des diplômes. Il n’est alors pas très difficile de savoir quel titre va être joué. Il s’agit bien sûr de ‘Another brick in the wall part 2’ où les enfants s’en donneront à coeur joie. Le groupe fera un magnifique accompagnateur, et Mary Reynaud et Franck Carducci encourageront de manière subtile les enfants. Je ne sais pas qui est à l’origine de l’idée mais celle ci est excellente. Le stand joliment décoré avec de petites lumières a connu une belle affluence.
Franck Carducci et son groupe ont confirmé l’excellente impression qu’ils m’avaient laissé à Prog Sud, ce malgré quelques soucis techniques, notamment de retour. Cette fois je connaissais les morceaux, ce qui les fait apprécier différemment. Outre leurs qualités musicales, ils sont d’une gentillesse absolue hors scène et méritent le succès grandissant qu’ils recueillent.
Site internet : http://www.franckcarducci.com/
Page facebook : https://www.facebook.com/franckcarducci
La troisième formation à prendre place est le groupe local Flayed, fondé en 2013, et qui a contribué à faire venir une base locale de fans. Un drapeau avec le sigle et le nom du groupe a été déployé en fond de scène. Outre leur fondateur et compositeur Julien Gadiolet aux guitares, le groupe se compose de Renato au chant, Ric oh à la guitare rythmique, l’imposant Charly Curtaud à la basse, Jean-Paul Afanassieff à la batterie et Raphael Cartellier aux claviers. Leur style était assez différent des autres groupes puisqu’il s’agissait d’un hard rock très énergique du genre AC/DC et d’inspiration très seventies avec notamment un moog pour clavier. Ils m’ont paru assez bons dans ce style mais rapidement le volume sonore étant trop fort, j’ai eu du mal à apprécier. Ils ont joué des titres de leur premier album Symphony for the Flayed paru en 2014 et des titres de leur futur second album à venir.
Site internet : http://www.flayed-band.com
Page facebook : https://www.facebook.com/pages/flayed/462560553814748
La dernière formation à investir la scène, la plus aguerrie aussi, est Lazuli, habituée des scènes internationales plus que françaises malheureusement. Cela devait faire la huitième ou neuvième fois que je voyais les gardois, donc pas vraiment de surprises pour moi. Je ne trouve pas que ce soit le meilleur concert que j’ai vu d’eux, notamment à cause d’un mixage qui rendait incompréhensibles les paroles de Dominique Leonetti lorsque la musique montait en puissance. Mais dans l’ensemble cela restait excellent quand même.
La set list comprenait beaucoup de titres du dernier album, Tant que l’herbe est grasse, sorti en 2014, débutant notamment par les 3 premiers titres, ‘Déraille’, ‘Une pente qu’on dévale’ et ‘Homo sapiens’, mais aussi ‘Prisonnière d’une cellule mâle’, ‘Tristes moitiés’, ‘Multicolères’, ‘Les Courants ascendants’, et quelques anciens comme ‘Le miroir aux alouettes’, ‘Film d’aurore’, ‘L’arbre’, ‘Je te laisse ce monde’, ‘Abîme’ , ‘Les malveillants’ ou ‘On nous ment comme on respire’. Je dois avouer que dans l’ensemble j’ai plus apprécié les anciens que les nouveaux peut être parce qu’il s’agit d’une sélection de titres qui ont fait leur preuve. Par ailleurs le groupe a joué deux nouveaux titres, ‘Le mar du passé’ que Dominique Leonetti a présenté comme une évocation de la montée de l’extrême droite dans les pays occidentaux, et ‘Le lierre’. Le son ne me permettant pas de bien comprendre les textes, il m’est difficile de porter un avis sur ces derniers. Musicalement, j’ai plus accroché au second.
Le show s’est terminé devant un public qui s’était à nouveau quelque peu réduit, avec le rituel ‘9 hands around the marimba’, qui comprend toujours l’insertion d’un titre connu. Cette fois il s’agissait de ‘Solsbury Hill’ de Peter Gabriel.
Dominique Leonetti a remercié l’organisateur et loué la qualité de son accueil tout en regrettant la relativement faible affluence. Les autres membres ont été parfaits comme d’habitude, que ce soit Gédéric Byar à la guitare, Vincent Barnavol à la batterie et percussions, Romain Thorel aux clavier et cor, et Claude Leonetti à la léode. Celle-ci a semblé attirer la curiosité de certains spectateurs.
Avant de partir, Laurent Wilb m’a dit que le festival aurait lieu à nouveau l’an prochain, que des groupes s’étaient déjà portés candidats. Nous ne pouvons que l’encourager.
Site internet : http://www.lazuli-music.com/
Page facebook : https://fr-fr.facebook.com/Groupe.LAZULI
Photos par Laurent Wilb et Patrick Poncelet
Rédigé par : Jean-Noël