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Live report du 07/07/2015 - Night of The Prog - jour 1 - partie 2
16:35 (=> 17:58). Anneke Van Giersbergen.

Dès le changement de plateau et la préparation de scène, on sent déjà que l'on est sur un autre niveau de show : deux plateaux-estrades pour les claviers et le jeu de batterie, un petit escalier au milieu, l'affiche de Gentle Storm en fond et sur les côtés. La majeure partie du groupe des français est descendue devant la scène pour shooter la star. Mais quel est donc le secret de l'attraction magnétique de cette femme tatoucolore ? Gros volume sonore pour l'entrée en scène, gros fumigènes, Anneke, en rouge et noir, est au centre de la scène, comme escortée par trois guitaristes qui l'encadrent symétriquement. Marcela Bovio (Stream of Passion) est en 'backing vocals'. Je trouve l'introduction du premier morceau assez pompeuse, le reste du concert me fera revenir sur ma position. J'en retiens au premier abord un beau passage rock celtique vraiment très sympa. Anneke a indéniablement le sens de la scène. Une chose est sûre, le balancement et la rotation de chevelure synchronisé, sur du gros son métal, à ma grande surprise, est totalement maîtrisé, peut-être même un peu trop … A part sa voix prêtée à Anathema, je ne connais pas encore très bien la discographie de Anneke. Les titres suivants sont une belle surprise, en tout cas d’emblée ça me plaît bien. Le plaisir d'être sur scène, devant ses fans, transparaît vraiment. Et on remet pour la route une petite chorégraphie de cheveux ! Au détour d'un titre, Anneke balance un 'Mais vous êtes tout rouges !' Eh oui, comme toi Anneke, sauf que nous ce n'est pas la chemise ! Elle explique ensuite que la veille encore elle avait complètement perdu sa voix, et s'excuse car elle ne peut pas chanter comme elle le voudrait. Elle se définit donc plutôt en mode Joe Cocker, et aurait carrément préféré être en mode Barry White, au grand dam de ses musiciens (rires). En tout cas si sa voix est cassée, qu'est ce que ce doit être en pleine possession de ses moyens … c'est à moi d'en rester aphone.

NOTP 2015 Loreley Anneke Van Giersbergen

Remonté tout en haut en dehors des gradins à la fin de Beardfish, mes voisins se sont endormis sur une couverture. Derrière, une personne est plongée dans un livre: chacun vit la NOTP à son rythme. En bas, derrière les barrières, le public participe en chœur: 'Hey, Hey !'. Anneke part boire en coulisses, revient avec un 'You are great !', et entonne une belle chanson douce à deux voix accompagnées à la guitare sèche. Le titre suivant est commencé seule sur scène, les musiciens la rejoignant tranquillement par la suite. La chanteuse gérera sa voix pendant tout le concert par de nombreuses petites gorgées d'un mélange à base de thé et de miel. Sa voix change effectivement imperceptiblement tout au long des titres, le côté rauque devenant de plus en plus accentué, mais sans réel impact négatif. En tout cas tout cela a vraiment de la gueule. Bon son, bon rythme, des cordes vocales à tomber, une énergie communicative doublée d'une mise en scène huilée, sans oublier le jeu de scène de la rouquine: pas dansés, poing levé, bras en l'air, déhanchements de danse orientale … Avec ce concert nous avons assurément franchi un cran supplémentaire dans le niveau d’énergie envoyé depuis la scène. Pour ma part, je vais devoir un jour me pencher sérieusement sur la discographie de cette néerlandaise, le medley proposé (collaborations avec Devin Townsend, Arjen Lucassen, projets solo) m'a bien titillé les tympans.

NOTP 2015 Loreley Anneke Van Giersbergen

Setlist :

Endless Sea
Heart of Amsterdam
Brightest Light
The Storm
Eléanor (The Gathering cover)
New Horizons
Valley of the Queens (Ayreoncover)
Comatose (Ayreoncover)
Cape of Storms
The Greatest Love
Waking Dreams (Ayreoncover)
Strange Machines (The Gatheringcover)
Isis and Osiris (Ayreoncover)
Shores of India

18:25 (=> 19:55). Pendragon.

Pendragon, je les avais déjà vus chez Paulette, précisément en Mai 2013, et j’en étais ressorti vraiment bluffé par l’énergie de Nick, sa maîtrise de la gratte et ses riffs qui m’avaient fait tripper. Pas besoin de souligner que, eux aussi, je les attends avec impatience. Je redescends dans les gradins, et malgré mon bermuda en coton bien épais, je me brûle les fesses en m’asseyant sur la pierre brûlante. Je comprends maintenant mieux les protections variées que la majorité du public utilise pour s'asseoir. La dureté et les aspérités des pierres des gradins se rappelleront aussi douloureusement à leur bon souvenir à de nombreuses reprises les deux jours suivants. La NOTP, c’est de l’organisation …Peter Gee règle sa basse sur l’air d’Inspecteur Gadget, Nick dit deux trois mots avant d’entamer Paintbox, valeur sûre en live. Clive est toujours de sortie avec ses claviers montés sur pied tournant, lui permettant de s’orienter comme il veut. Deux jeunes femmes, chapeau et lunettes noires vissées sur la tête, combinaison intégrale vert kaki, se tiennent debout à l’arrière-plan. Je m’interroge sur leur rôle et leur accoutrement, car j’ai du mal à imaginer le personnage qui se cache derrière ce ‘costume’. Est-ce une combinaison d’aviateur, et les lunettes qui vont avec? Mais dans ce cas à quoi rime ce chapeau ? Ou bien ce sont des lunettes de glacier, à l’instar du personnage de la pochette du dernier album ? De plus, bien que ce soit un personnage fictif, je doute qu’il porte des petites sandalettes qui ne font pas très raccord avec cette combinaison militaire.

NOTP 2015 Loreley Pendragon

Bref je ne trouve pas cela très …. scénique dirons-nous. Durant ce premier titre, elles se balancent très tranquillement, et accompagneront Nick brièvement et timidement à quelques reprises au chant. Au risque de choquer, je dois bien avouer que ces deux jeunes femmes font un peu tapisserie. Et je suis toujours gêné pour elles quand on les cantonne à un rôle si peu gratifiant. Pendragon n’a pas besoin de cela, il s’agit d’une drôle d’idée. Au bout du troisième titre, la scène ne bouge pas de trop, je trouve que seul Craig, le nouveau batteur du groupe depuis 2014, met un peu de mouvement. Moi j’aimais bien Scott et ses fûts, au corps de longueurs différentes, comme des orgues, et qui émettaient un son mat particulier. Nick fait la présentation du groupe en allemand -respect-, et s’amuse à demander qui est d’ Allemagne, de France, de Hollande, de Bulgarie, de Transsylvanie… Avec le titre suivant ‘This Green and Pleasant Land’, je trouve encore que tout cela manque un peu de rythme. Nick invite le public à taper dans ses mains, joue avec Peter, effectue une petite courbette à la fin du titre. Un petit changement de guitare pour ‘Nostradamus’, changement de la basse à son tour pour le titre suivant, et les deux combinaisons kaki quittent la scène. Nick change de nouveau de guitare alors que les aboiements des cerbères d’Indigo donnent de la voix… c’est un de mes titres préférés. Les deux jeunes femmes reviennent sur scène, chapeau et lunettes ôtées. Pour être honnête je ne sais pas si Nick est dans le ton, avec l’impression qu’il chante une fois trop haut, une fois trop bas. Il décroche enfin le micro, ça va bouger un peu plus ! Sans transition les premières notes de ‘Masters of Illusion’ se font entendre, la batterie prendra la main avec un final en crescendo. Un timide give-me-five avec Clive, et c’est déjà le dernier titre sans batterie qui est joué. On entend enfin les voix des filles, la blonde du duo prenant l’ascendant, poussant ses cordes vocales et laissant apparaître une très très belle voix. Mais pourquoi donc seulement à la fin ?

NOTP 2015 Loreley Pendragon

Ce concert me laisse un peu sur la faim, même si j’ai apprécié. Je pense que mes attentes ont été trop grandes. Je m’attendais à remonter sur mon petit nuage stratosphérique qui s’était élevé très haut au-dessus de Pagney-derrière-Barine ce soir-là. Sans compter que l’ambiance et le ressenti des artistes, à deux mètres devant soi dans une petite salle, sont complètement différents des sensations éprouvées devant une énorme scène en plein air, plus lointaine. Peut-être que le changement de batteur y est aussi un peu pour quelque chose. Cela confirme en tout cas le fait que je préfère les petits concerts dans une ambiance intimiste, aux grandes scènes, plus impressionnantes, mais aussi plus distantes du public.

Setlist :

Paintbox
Beautiful Soul
This Green and Pleasant Land
Nostradamus (Stargazing)
Faces of Light
It's Only Me
Breaking the Spell
Indigo
Masters of Illusion
King of the Castle

20:30 (=> 22:10). Neal Morse Band.

Nouveau changement de scène. L’énorme jeu de batterie de Mike, telle une proue de navire, trône au milieu de la scène, Neal Morse et son clavier sont tout devant, encadrés par Randy et Eric, les deux guitaristes. Le clavier de Bill est à la droite de Mike, la setlist est scotchée par terre aux pieds de chaque musicien. Lumière bleue, je crois entendre une musique de film grandiloquente, le show peut commencer. Le révérend Neal Morse arrive, bras en croix, et descend directement dans la fosse. Eric s’appuie sur un retour pour jouer, comme il fait assez souvent. Ce début tonitruant est vraiment d’enfer, les basses résonnent dans toutes les cellules de mon corps.

NOTP 2015 LoreleyNeal Morse Band

Je n’ai d’yeux pour l’instant que pour Mike et son jeu de batterie. Neal, homme de scène, bouge encore et toujours, je le retrouve tel que je l’avais vu la dernière fois au Z7 en mars dernier avec Jean-Christophe. Un mouchoir qui s’envole sur un ‘Atchou !’ de Mike, et on continue avec ‘The Grand Experiment’, à fond à 5 voix. C’est à ce moment qu’un gros plomb explose dans les haut-parleurs, le son se coupe subitement. Le groupe continue à jouer en acoustique comme si de rien n’était, le son revient à la normale au bout de quelques secondes. A la fin du morceau tout le monde s’amuse de cet incident. Mike pense avoir perdu un tympan, à moins que ce soit un gros coup de tonnerre. ‘You rocked too much !’, dit-il à Neal. Celui-ci demande à la régie ce qui s’est passé, et s’il y a quelque chose qu’il peut faire. S’ensuit l’histoire d’une personne qui aurait mis du Tabasco dans un verre de lait, Neal serait à sa recherche dans le public, je n’ai pas vraiment tout compris. En tout cas l’incident est passé en douceur et avec une bonne dose d’humour. Grande classe. Les prochains titres sont issus de Spock’s Beard, Neal s’amuse toujours autant sur scène, mimant souvent une course sur place, jeu caractéristique du personnage. Le clavier est ensuite laissé seul pour une belle séquence. Neal redescend dans la fosse pour la seconde fois. Je ne connais pas les trois titres qui viennent d’être joués, mais emporté par l’ambiance et la scène, leur exécution me laisse pantois. Second plomb de quelques secondes dans les baffles. A ce moment j’imagine que tout le monde doit espérer que ce soit la dernière fois (ce qui sera le cas). Fin du morceau, Neal fait un selfie avec une perche, la foule tonitruante derrière lui, et glisse ensuite un petit mot positif pour Michele, une festivalière qui a eu une attaque cardiaque lors de cette première journée.

NOTP 2015 Loreley Neal Morse Band

Une bonne partie du groupe devant la scène, Mike, descendu de son bateau, a pris le tambourin à cymbales, les premières notes de ‘Waterfall’ sont égrenées. Belles voix, belle guitare, j’adore ce titre et sa mélodie qui s’écoule en un torrent paisible. A ce moment, Neal est au clavier, Bill chauffe et règle sa clarinette pour ce beau final instrumental. Il semble avoir un petit souci. Neal improvise et continue, rejoue, répète la mélodie avec quelques variations. La clarinette ne veut sortir aucun son. Bill abandonne la partie, gros gros rires.
Neal: ‘Too many instruments on the stage !’
Mike (à Bill): ‘Come on ! Play at least one note ! It cost 100$ at the airport to bring this instrument here !’
Neal (au public):’If it was working you would have loooved it !’
Un petit solo d’Eric à la guitare annonce le prochain titre. Encore du lourd, ça décape vraiment. Petite intervention de saxophone, et Neal tourne en rond comme un dératé autour de son clavier en criant ‘Let’s put some confusion !’. Nouveau canon de voix, appel au public à taper dans les mains, toutes ces notes me donnent vraiment le tournis. J’ai l’impression d’être dans une tempête impressionnante de notes excellemment bien enchaînées. Du plaisir à l’état pur. Une baguette de Mike s’échappe de la forêt de fûts et vole sur la scène que déjà il l’a remplacée. Je suis hypnotisé par les flashes blancs qui clignotent au rythme de la musique. Neal continue de bouger dans tous les sens. Il passe les barrières le séparant du public et s’engouffre dans la foule sur le côté droit, traverse les gradins dans la largeur, remonte sur scène, se met à genoux, demande au public de scander le refrain. Je crois qu’il n’y a pas besoin d’en ajouter plus sur ce concert, j’en ressors complètement étourdi.

NOTP 2015 Loreley Neal Morse Band

Setlist : inconnue

23:00. Camel.

Je vous entends déjà pousser des cris d’orfraie, mais je n’ai pas assisté au concert de Camel. Une journée déjà riche en musique, une grosse chaleur, la nécessité de gérer la fatigue, et de beaux moments engrangés font que cela me suffit déjà largement pour ce vendredi. Camel, je ne connais pas vraiment leur musique. J’ai essayé de me plonger dans Mirage plusieurs fois, mais cela n’a pas trop fonctionné. Je vous l’accorde, cela aurait été une bonne occasion de voir le groupe, surtout que le miraculé Andrew Latimer, suite à une longue maladie, revient sur scène pour la première fois depuis, d’après ce que j’ai pu comprendre, plus d’une dizaine d’années. Mais j’ai besoin de reposer mes oreilles et de prendre une bonne douche. Les effluves musicales, beaucoup plus rock que je ne le pensais, qui s’invitent dans ma tente ce soir-là, me convainquent que je n’ai peut-être pas commencé par l’album qui pourrait personnellement me séduire le plus. Dans une cinquième réincarnation aurai-je peut-être le temps de découvrir ce chameau progressif.

NOTP 2015 Loreley Camel


Setlist :

Intro
Never Let Go
The White Rider
Unevensong
Song Within a Song
Spirit of the Water
Air Born
Ice
Another Night
Drafted
Lunar Sea
Mother Road
Hopeless Anger
Lady Fantasy

Comme la nuit précédente, un groupe de joyeux drilles embiérés accompagne les étoiles au moyen de nombreux décibels jusqu’à environ 4 heures du matin. Je m’y étais de toute façon préparé. Un festival de rock sans individus qui écoutent de la musique à tue-tête jusqu’aux aurores, est-ce vraiment un festival de rock ?

Photos Stéphane Gallay.

Rédigé par : Laurent