Photos par Cathy du Prog’Sud sauf The wrong object par Lulu et Mörglbl par Bill Bocquet
J’étais de la toute première et voilà déjà la 17ème édition du Prog’Sud, ce qui ne me rajeunit pas vraiment. Avec Crescendo, c’est l’un des plus anciens festivals français. Les deux ont su grandir en bonne harmonie sur la base de relations saines et amicales, et surtout à leur rythme. Nombreux sont les groupes à avoir fait les deux festivals qui proposent une programmation plutôt éclectique et internationale. Pour Prog’Sud, la France et l’Italie sont cependant les pays les plus représentés, ce qui s’explique notamment par la proximité. De nombreuses nationalités on été présentes au cours des différentes éditions. Par rapport à leur importance dans le genre musical, les britanniques et nord américains sont moins souvent présents. Mais cela peut s’expliquer par différents facteurs.
L’édition 2016 se déroulait sur trois soirées. J’ai pu assister aux deux premières.
L’affiche du 5 mai se composait de trois groupes, G’Nova, Glazz et Mörglbl, soit deux français et un espagnol.
Pas vraiment de tête d’affiche susceptible d’attirer un large public à priori, même si Mörglbl a une certaine réputation et écume les salles depuis un certain temps. Le public prog ne les connaît pas forcément, à part ceux qui les ont découvert au festival Crescendo auquel ils ont participé à deux reprises.
C’était donc plutôt une bonne surprise de voir la salle bien remplie. Ceci tendrait à prouver qu’il y a bien désormais des passionnés qui se déplacent au Prog Sud sans forcément connaître les groupes présents, faisant confiance aux organisateurs pour le choix des artistes. Il faut dire que même si l’on apprécie pas forcément tous les styles présentés, la qualité des prestations a presque toujours été excellente. J’ai bien souvenir d’une ou deux qui l’étaient moins, mais le public s’est toujours montré respectueux des artistes invités. C’est aussi pour ça que ceux-ci apprécient le Prog’ Sud, sans compter bien évidemment l’accueil des organisateurs toujours vanté. Dans de rares cas, il est même arrivé que certains groupes en abusent.
Fondé après un échange entre le groupe local Eclat, dont l’organisateur Alain Chiarazzo fait parti, et le groupe japonais Wappa Gappa, le progressif du pays du soleil levant a très souvent eu au minimum un représentant au festival malgré l’éloignement géographique. Cela n’était pas le cas cette année, mais l’univers japonais était quand même présent avec le groupe francilien G’Nova fortement imprégné de culture nippone traditionnelle, mais aussi d’autres influences très diverses dont le progressif. G’Nova se compose de trois membres, Kasumi à la guitare et shamisen, Kowasu aux percussions, et la petite dernière Yume au chant et au violon. Le groupe utilise des instruments traditionnels comme le shamisen, sorte de luth à trois cordes joué avec un large plectre en ivoire (dont la forme ressemble un peu au grattoir utilisé pour enlever le givre sur la voiture) ou le Udu, instrument à percussion en forme de jarre d’origine africaine. Le chant est le plus souvent en japonais sauf sur la sublime nouvelle version du ‘Bosquet aux papillons’ où l’anglais est utilisé. J’ai pu discuter avec le groupe à la fin du concert, et Yume m’a expliqué que pour les textes en japonais, ceux-ci sont d’abord écrits en français par le groupe, puis traduits en japonais et appris ensuite par Yume qui ne parle pas japonais.
C’est Kowasu qui s’est chargé de la communication avec le public, expliquant les chansons et leur origines, notamment un voyage au Japon qui a donné naissance à leur EP Misen-Kaerizaku, qu’ils ont joué en intégralité ainsi que deux autres morceaux que j’ai trouvé très bons. Je pensais qu’il s’agissait de deux nouveaux titres mais en fait seul ‘Seika’ l’est. Il sera sur le prochain album qui devrait paraître début 2017, à l’orientation un peu moins japonaise que Misen, mais toujours un mélange de différents styles. L’autre inédit pour moi était en fait une reprise d’un extrait de la bande originale du jeu video Chrono Cross, nouvelle référence au genre, puisque le nom du groupe est aussi issu de cet univers.
En rappel, le groupe n’ayant pas de titre en réserve a rejoué ‘Hyôryû’. J’aime beaucoup le violon en général, et la prestation de Yume fut superbe, illuminant les compositions et donnant des frissons. G’Nova est incontestablement un groupe original à suivre.
Set list :
Niji Iro no taki
Hyôryû
Le bosquet aux papillons
Genbaku
Misen San
Reprise Chrono Cross ‘Scars of time’
Yuki no furishikiru
Seika
Rappel : Hyôryu
Site web : http://www.gnovamusic.com/
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/gnovamusic/
Bandcamp : https://gnova.bandcamp.com/
Ce fut ensuite au tour des espagnols de Glazz d’investir la scène. Originaire d’Andalousie, le groupe se compose d’un trio instrumental constitué d’un guitariste, Jose Recacha, d’un bassiste, Daniel Escortell et d’un batteur, Javi Ruibal. Annoncé plutôt jazz fusion, le son proposé lors de leur prestation a été plutôt rock, plus que sur disque en tout cas. Mais dans l’esprit nous sommes en effet plus dans le jazz fusion et l’improvisation. Cela dit j’ai toujours eu l’impression d’une certaine construction dans leurs morceaux, contrairement à d’autres groupes improvisateurs où l’on a parfois le sentiment que ça part dans tous les sens. D’ailleurs c’est le morceau présenté comme issu d’une improvisation qui m’a semblé le plus construit. Daniel Escortell a dit qu’ils jouaient essentiellement dans des festivals jazz, ce qui se comprend vu que ceux-ci sont quand même beaucoup plus nombreux que les festivals prog.
Leur prestation a été de très haute volée, portée par d’excellents musiciens qui adorent l’improvisation et qui proposent une belle palette musicale. Ils ont joué essentiellement des titres de leurs deux premiers albums, Let’s Glazz (2008) et Cirqueletric (2011). Les trois albums suivants ont la particularité d’être des enregistrements sous forme de jam session un peu à la manière de Pink Floyd à Pompeï. D’ailleurs le second, sorti en 2014, a aussi été enregistré dans les ruines d’un théatre romain. Les autres, parus en 2012 et 2015, l’ont été en studio pour le premier et au Japon pour le second.
A noter un titre avec des paroles, ‘Don Ricardo’, mais le groupe n’a pas l’intention de continuer dans cette voie là.
Le batteur nous a offert un superbe solo de batterie alliant parfaitement puissance et subtilité à la fin de ‘Postfunk’.
Set list :
Saltimbanquis
25 Por Cierto
Neron el Tragafuegos
Stressereo
Don Ricardo
PostFunk
Fonkyman
Jamming / Atardecer
Triple Salto Mortal
Rappel: Punklerías
Site internet : http://www.glazzmusic.com
Bandcamp : https://glazz.bandcamp.com
Facebook : https://www.facebook.com/glazzmusic
La tête d’affiche de la soirée était le groupe francais Mörblgl, autre trio de formation classique composé du guitariste Christophe Godin, du bassiste pince sans rire et quelque peu dégingandé Ivan Rougny, et du batteur Aurélien Ouzoulias. Dans l’esprit d’ouverture et créatif du groupe précédent, Mörglbl présente un aspect plus métal et un humour corrosif qui a rendu hilare la salle, invectivant notamment les spectateurs sur leur station assise sur le devant de la scène, phénomène auquel visiblement ils n’étaient pas habitués. Au Prog’Sud, le public assis est devant, et le public debout sur les cotés ou derrière. Les déplacements d’Ivan Rougny sur scène m’ont parfois rappelé les danses de Mister Bean. Ses effets de voix lorsqu’il s’adresse au public sont plutôt cartoonesques.
Mörblgl a produit ses deux premiers albums en 1997 et 1998 avec à l’époque Jean-Pierre Frélezeau à la batterie, avant de marquer une pause et de signer avec Laser’s Edge pour leur troisième album en 2006, ce qui va leur permettre d’être mieux diffusés dans le monde, et notamment aux Etats-Unis où ils ont acquis une belle réputation. Aurélien Ouzoulias rejoint le groupe en 2008 et le trio sort désormais régulièrement des albums dont le dernier, Tea time for punks, est sorti en 2015.
Christophe Godin a une sacrée réputation dans le milieu des guitaristes. Il est par ailleurs ambassadeur pour deux marques de guitare. Comme leurs compères espagnols, ils ont parfaitement su allier improvisation et construction avec une présence scénique indéniable.
Ils nous ont notamment présenté une version très personnelle de ‘Highway to hell’ avec un très long solo de basse, ce qui, comme l’a fait remarquer Christophe Godin, n’arrive jamais chez AC/DC. Parmi les autres titres joués, ‘Fidel Gastro’ issu de l’album Brütal romance et ‘Tea time for punks’, ‘Mariachi’s burger’ ou ‘Chinese Buffet’ issus du dernier album. Le groupe utilise aussi quelques intermèdes à base d’enregistrements comme par exemple la chanson de Sir Robin de Sacré Graal.
A noter que si c’était leur première participation au Prog’Sud, ils connaissaient déjà la salle puisqu’ils étaient venus y jouer en Décembre 2012.
Set list :
Banjovi
Chinese Buffet
Gnocchis on the Block
Rood
Tea Time for Pünks
Untoon that geetar
Highway to Hell
Mariachi's Burger
Treeball
God shaved the Queen
Rappels: Fidel Gastro
Metal Khartoom
Finalement cette première soirée s’est avérée excellente. Je me trompe peut-être mais c’est sans doute la première fois qu’aucun clavier n’est apparu sur scène lors d’une soirée au Prog’Sud.
Site internet : http://www.morglbl.com
Page facebook : https://www.facebook.com/Mörglbl
Site internet du festival : http://progsudfestival.nuxit.net/
Facebook du festival : https://www.facebook.com/prog.sud/
Rédigé par : Jean-Noël