Non Francis, Children In Paradise ce n’est pas du néo-prog. Par contre Light Damage, que tu n’as pas présenté, c’est du néo-prog. Et Magma n’est pas franchement représentatif de la mouvance progressive actuelle. Lazuli si !
Samedi dernier, j’étais à Rock au Château, à Villersexel, théoriquement pour deux jours. En pratique, je n’aurai assisté qu’à la première soirée. J’avais vu trop grand pour mon premier festival depuis longtemps.
L’affiche du samedi me tentait bien, Magma aurait échangé sa place avec Caravan que tout aurait été parfait. Retrouvailles, rencontres, un festival c’est l’occasion de réunir la famille du prog autour d’une scène, de discuter de vive voix après des échanges virtuels. Photographes, musiciens, chroniqueurs et aussi mélomanes, il en venait de toute la France et même d’Allemagne ou du Luxembourg pour envahir, le temps d’un week-end, la petite ville de Villersexel.
Après quelques mots de Francis Decamps, Children In Paradise monte sur scène pour nous proposer des extraits de leurs deux albums inspirés de la mythologie celtique, Esylit (2011) et Morrigan (2016). Cathy m’a annoncé que le troisième volet de la saga était en cours d’écriture, et le peu qu’elle a laissé filtré donne très envie d’en savoir plus. Leur concert à Rock au Château m’a enthousiasmé. Le groupe a pris de l’assurance depuis la dernière fois que je les ai vu à Prog’Sud en 2012. Le son se répartissait de manière équilibrée entre chant, guitares et instruments celtiques. La batterie tapait un peu fort, mais après tout dans rock progressif il y a le mot rock. Leur musique est un savant mélange d’influences celtiques et d’atmosphères proches d’Anathema avec la touche rugueuse de la guitare de Gwalchmei sur la voix soyeuse de Dam Kat. Leur prestation reste assez statique, Loïc Blejean assis avec ses instruments celtiques, Dam Kat au centre au chant avec sa guitare, Gwalchmei à droite tout à ses six cordes électriques et Frédéric Moreau, caché en fond de scène, derrière la batterie. Leur set fut hélas bien trop court à mon goût, j’espère avoir l’occasion de les retrouver prochainement pour un concert un peu plus long.
Light Damage venait en force du Luxembourg avec, en plus du quintette habituel, Astrid, une flûtiste qui faisait ses premiers pas en live avec le groupe. Thérémine, guitares, claviers, batterie, basse proche et flûtes, voilà qui allait envoyer du bois. Light Damage débute avec vingt-deux minutes inédites pour moi, un court instrumental suivi de l’épique ‘From Minor To Sailor’. Ils joueront trois titres du prochain album en chantier mais également des pièces plus connues comme ‘Empty’ et ‘Touched’. Jouer autant de morceaux inédits lors d’un festival, tout particulièrement une pièce aussi ambitieuse que ‘From Minor To Sailor’, ne me semble pas une excellente idée. Le groupe était très concentré sur la musique, moins ouvert au public. Pour ma part j’ai eu du mal à trouver mes marques pendant leur set et il a fallu qu’ils reviennent sur des pièces déjà entendues pour que je rentre dans la musique. Il faut dire que d’où j’étais, le son n’était pas des meilleurs, un peu confus avec la voix de Nicholas qui se perdait dans le parc. Au final une impression mitigée même si ce fut un grand plaisir de retrouver nos luxembourgeois.
Lazuli envahit la scène peu après, le temps d’échanger quelques mots à droite et à gauche et de manger un sandwich merguez ketchup. Je l’ai souvent dit et écrit, Lazuli est un groupe fabuleux en live, mais il faut savoir ne pas en abuser, car à haute dose je sature. Cette fois, j’étais en manque, je n’avais pas vu les gardois depuis 2015 et à part leur DVD Nos âmes Saoules Live 2016, je n’avais pas encore écouté leur nouvel album en concert. En parlant d’album, un petit nouveau est en gestation et nous avons eu droit à un avant goût très prometteur. Leur set fut éblouissant, avec des titres dont je raffole, que je chantais à tue-tête en tentant de faire quelques photographies. Domi était très fier de nous présenter la magnifique guitare fabriquée par son fils présent ce soir-là dans l’assistance. Il n’hésitera pas à défendre ses pièces les plus engagées, quitte à faire grogner les quelques fachos de l’assistance (ils sont rares les fachos amateurs de Lazuli), et s’offrira également un bain de foule, enjambant les rambardes, pour se mêler au public en liesse. Lazuli renouvelait leur formule live pour mon plus grand mon plaisir. Les morceaux passèrent beaucoup trop vite, et à Rock au Château point de rappel, sauf pour la tête d’affiche, c’est ainsi.
Les fans de prog aiment-ils Magma ? J’ai posé la question autour de moi et disons que c’est cinquante cinquante. La génération post soixante-huitarde y compte quand même un bon réservoir. Une grande partie des spectateurs était venue pour Christian Vander et sa bande, pour chanter du Zheul sur des mélodies répétitives. Si je salue les fabuleux musiciens, je fais partie des cinquante pourcents qui n’aiment pas. Alors après quelques minutes d’enfer, j’ai quitté le parc du château (toute sortie est définitive et les bouteilles d’eau sont interdites) et suis rentré dormir dans un épouvantable hôtel près de Belfort, mais c’est une autre histoire.
La nuit fut brève, la fatigue grande, alors plutôt que de rester à respirer la peinture fraîche dans une chambre sordide, je suis rentré à Strasbourg finir ma nuit bien courte. Tant pis pour Tristan que je n’ai jamais écouté, Gens de la Lune et les grands anciens de Caravan. Ce n’est que partie remise.
Rédigé par : Jean-Christophe