Prog Sud 2018 soirées des 10 et 12 mai 2018
Salle Jas’Rod – Les Pennes Mirabeau (13)
Photos par Cathy du Prog’Sud
Pour cette 19 ème édition du Prog’Sud, j’ai pu assister aux soirées du 10 et 12 mai. Plus qu’un an pour atteindre la deuxième décennie, un très bel âge pour un festival.
La première soirée nous présente deux grands habitués, le trio international Telescope Road et les français de Lazuli, alors que les gallois de Godsticks s’insèrent entre les deux.
Telescope Road, dont c’est la quatrième participation consécutive, a l’honneur et la charge d’ouvrir le festival. Il s’agit du groupe actuel d’Alain Chiarazzo, un des organisateurs du festival. Outre Alain Chiarazzo (guitare) le groupe se compose de l’américain William Kopecky (basse) et du finlandais David Lillkvist (batterie). Le trio a sorti en 2016 son premier et actuellement seul album à ce jour. Un nouveau est toutefois en préparation et la plupart des morceaux joués ce soir en feront sans doute partie, puisque sauf erreur de ma part un seul titre, ‘The creature’, appartient au premier opus. William Kopecky a expliqué le titre par le fait que comme le monstre de Frankenstein, il est constitué de plein de parties différentes.
L’état de santé d’Alain Chiarazzo ces derniers temps avait conduit le groupe à devoir annuler quelques shows en France et à l’étranger. Mais ce soir il est bien présent même s’il n’est sans doute pas dans une forme optimale. Présentateur des groupes du festival, il laisse ici le devant de la scène à son volubile compère, William Kopecky aussi à l’aise dans la communication et sur scène qu’avec sa basse. Son mélange d’anglais et de français toujours agrémenté d’un sourire et souvent accompagné de grands gestes explicatifs ne peut que séduire le public.
Le groupe a donc joué six titres fort sympathiques. Ils termineront le show avec l’excellent ‘African birds’. Des musiciens expérimentés et une osmose musicale évidente permettent au trio de satisfaire pleinement leur public.
Set list :
Scarecrow
Crystal revenge
Unfolding
The Creature
Breathless
African birds
Ce sont ensuite les gallois de Godsticks qui montent sur scène. Il s’agit du premier groupe du label Kscope à participer au festival. J’apprécie plusieurs artistes de ce label dont certains font partie de mes préférés comme Anathema, Gazpacho, The Pineapple Thief, Iamthemorning ou Lunatic Soul par exemple. La musique de Godsticks, trop heavy et pas assez mélodique à mon goût, m’accroche beaucoup moins. Le groupe créé en 2008 se compose de Darran Charles (chant et guitare) qui, par ailleurs, joue avec The Pineapple Thief en tournée, Dan Nelson (basse), Gavin Buschell (guitare) et Tom Price (batterie). Leur set est essentiellement composé de titres de leurs deux derniers albums. Seul le très court ‘The offer still stands’ du premier album s’est immiscé. Ils ont joué de manière très énergique, les guitares en avant avec de nombreux soli joués alternativement par Darran Charles et Gavin Buschell. Malheureusement ceux-ci étaient souvent noyés dans la masse musicale. Le chant de Darran Charles a souffert du même problème. Pour ma part, je n’ai pas vraiment été séduit par leur concert. Seuls les deux ou trois morceaux les plus calmes m’ont un peu plus accroché comme par exemple ‘We are leaving’.
Set list :
Below the belt
Hard To Face
The Offer Still Stands
Guilt
Fame & Silence
Avenge
Revere
Everdrive
We Are Leaving
Lack of Scrunity
La soirée se termine avec le recordman des participations (8), à savoir le groupe gardois Lazuli qui vient nous présenter leur huitième album, intitulé sobrement Saison 8. Dominique Léonetti (chant et guitare) nous dit aussi que c’est la huitième année d’existence du groupe sous sa forme actuelle. Pour les non connaisseurs qui ne doivent pas être nombreux, je rappelle la composition du reste du groupe, en commençant par le frère Claude Leonetti avec sa mémorable et unique Léode, Gédéric Byar à la guitare, et les deux membres plus récents, Vincent Barnavol à la batterie et Romain Thorel aux claviers et cor. Leur performance était bien évidemment axée sur leur dernier opus avec sept titres présents sur huit. Ceux-ci rendent très bien sûr scène et comme souvent sont même meilleurs qu’en studio. Le reste était composé de quelques grands classiques comme ‘L’arbre’, l’hypnotique et magique ‘Je te laisse ce monde’, ou ‘Le miroir aux alouettes’ avec Romain Thorel qui prend la place de Vincent Barnavol sur la seconde partie. Comme il est désormais de tradition après ‘Les courants ascendants’, Romain Thorel et Vincent Barnavol se lancent dans une improvisation complétement folle. Le rappel est constitué de l’enivrant ‘Nos ames saoules’ et de l’incontournable ‘9 hands around the marimba’ avec comme toujours quelques notes tirées d’un “tube” qui viennent s’insérer. Cette fois, les gardois, revenant d’Allemagne, ont joué quelques notes de ‘99 luftballons’ de Nena. Malgré l’absence de dernière minute d’Ali Laouamen, collaborateur de longue date du Prog’Sud et de Lazuli, le son était comme souvent excellent. Son remplaçant a parfaitement assuré l’intérim.
Set list :
J’attends un printemps
Un linceul de brume
Déraille
Le miroir aux alouettes
Mes amis mes frères
Les côtes
Chronique canine
Je te laisse ce monde
L’arbre
Mes semblables
De deux choses lune
Le lierre
Les sutures
Les courants ascendants
Rappel
Nos ames saoules
9 hands around the marimba (avec 99 luftballons de Nena)
Le progressif italien a quasiment toujours été présent au Prog’Sud et compte de nombreux amateurs parmi son public. Cette année, les organisateurs avaient donc décidé de lui consacrer une soirée, la seconde, à laquelle je n’ai pas assisté. Le premier groupe était Aerostation, dernier projet du claviériste Alex Carpani. Celui-ci est un habitué du festival. Le second était le Georgio “Fico” Piazza Band. Ce groupe monté par un des membres fondateurs du plus connu des groupes progressifs italiens PFM a justement pour but de faire renaitre la musique de celui-ci. Ils devaient jouer des morceaux des deux premiers albums du groupe et notamment le célèbre ‘Impressioni di settembre’. The Watch notamment connu par ses reprises de Genesis période Peter Gabriel mais aussi auteur de plusieurs albums a clôturé la soirée pour le plus grand bonheur du public.
La dernière soirée nous propose deux groupes français: Ex’odd et le Franck Carducci Band. Entre les deux, le festival accueillait, pour la première fois, un groupe originaire d’Autriche dénommé Blank Manuscript.
Ex’odd est un groupe local puisqu’issu de la pépinière Jas’Rod. J’avais d’ailleurs eu l’occasion de les voir lors d’un concert de groupes locaux, dont Elora, quelques années en arrière et j’en avais plutôt gardé une bonne impression. A l’époque un saxophoniste faisait partie du groupe. Il a été depuis remplacé par un violoniste puis par un claviériste Mickael Bertoncini toujours présent. Le membre le plus récent est le batteur Alban Gautier, alors que les fondateurs encore présents sont Grégory Baldoureaux à la guitare et Sylvain Massaïa à la basse.
Ils nous ont présenté en intégralité leur second album au nom énigmatique Ta2πR, album concept sur d’anciennes grandes civilisations qui a la particularité de proposer des plages narratives avec l’artiste local Jo Corbeau à la voix chantante. Des vidéos poétiques ont été faites pour illustrer ses passages parlés. La première a connu quelques soucis au démarrage mais ensuite tout s’est parfaitement déroulé. Le groupe dont les membres portaient chacun un tee-shirt mentionnant une des quatre parties principales et instrumentales étaient très concentrés sur la musique. Je pense que l’effet est voulu mais a tendance à couper les musiciens du public ce qui rend l’adhésion difficile, surtout que les deux premiers titres Aldébaran et Persepolis ne sont pas vraiment énergiques. Le plus furieux et long Rapa Nui a permis de s’immiscer un peu plus dans leur univers. ‘Angkor vat’ cloturait de belle manière le show. Je dois avouer que je n’ai pas été emballé par leur prestation dans ce contexte, mais le groupe avait aussi de fervents supporters. Vu le style musical, une écoute dans le calme est sans doute plus appréciable au moins dans un premier temps.
Set list :
Astre Témoin (vidéo)
Aldébaran
Royaume Achéménide (vidéo)
Persepolis
Exode Onirique (vidéo)
Rapa Nui - instrumental
Prière Du Peuple Khmer (vidéo)
Angkor Vat - instrumental
Le second groupe de la soirée, Blank Manuskript, est une découverte des organisateurs. Le groupe a sorti son premier album Tales from an island, impressions from rapa nui en 2009, un concept album que le groupe jouait en intégralité en concert avec d’authentiques costumes d’habitants de l’ile de Pâques. Leur excentricité était déjà bien présente. En 2012 ils sortent un mini concept album A profound path basé sur la divine comédie de Dante, mais tiré à seulement 222 exemplaires et bien évidemment épuisé. Leur dernier concept album The waiting soldier est sorti en 2015.
Composé de cinq membres, mais parfois plus nombreux sur scène, ils se présentent dans leur formation de base. Les claviers de Dominik Wallner sont sur le devant de la scène au centre, perpendiculaires avec un espace entre les deux où le musicien prend place faisant souvent des demi-tours. A sa droite se tiennent le bassiste Alfons Wolmuth et le multi-instrumentiste Jakob Aistleitner. A sa gauche se trouvent le guitariste Peter Baxrainer et un peu caché le batteur Jakob Sigl. Ils portent des habits plutôt originaux même si moins excentriques que celles que l’on peut voir sur leurs videos.
Les autrichiens nous ont proposé un show très dense, avec une musique très ambitieuse, croisement de jazz rock et de prog seventies notamment celui de Pink Floyd des premières années après Syd Barrett. Après un premier morceau ‘Beast of the cave’ issu d’un album sur Lovecraft avec plusieurs artistes, Dominik Wallner s’est adressé au public pour annoncer dans un mélange de français et d’anglais qu’ils allaient jouer leur dernier concept album dans son intégralité. Ils sont donc partis pour une impressionnante prestation sans interruption provoquant plusieurs séquences d’applaudissements spontanés. Ils ont en plus directement enchaîné sur ‘The magician’s dance’ morceau plus folklorique joué depuis de nombreuses années mais dont je ne connais pas l’origine. Le chant ne tient pas une place très importante mais chose inhabituelle, il est partagé entre plusieurs membres. Déjà bien occupé avec ses différents claviers posés sur la scène, Dominik Wallner utilise aussi un clavier portable et semble de plus en plus en transe au fur et à mesure de l’avancement du concert. Tous les musiciens sont remarquables, mais Jakob Aisleitner fait sensation avec sa faculté à passer d’un instrument à l’autre avec une étonnante aisance. Il a utilisé saxophone, flûte traversière, clarinette, guitares électriques et acoustique, ainsi qu’un instrument à cordes peu courant dont je ne pourrais vous dire le nom. En rappel, ils jouent un nouveau morceau ‘Pressure of pride’ assez festif.
Sans doute totalement inconnus de 99% du public avant l’annonce de leur participation, ils ont proposé un superbe concert qui a conduit un bon nombre de spectateurs à se précipiter à leur stand à la fin du concert. Par ailleurs, mon petit doigt me dit que les autrichiens pourraient bien participer à un futur festival Crescendo.
Set list :
Beast in the Cave
The Waiting Soldier avec
Induction
Public Enemy
Kites to Sky
Doubts
The Night
Conclusion
Cloud
Magician's Dance
Rappel :
Pressure of Pride
Pour avoir écouté leur album, leur musique est transcendée par l’interprétation scénique des musiciens. Il est possible de dire la même chose du groupe qui clôturait la soirée et le festival, à savoir le Franck Carducci Band, originaire de Lyon. Ils avaient mis le feu au Prog’Sud il y a trois ans. Depuis leur réputation sur les scènes françaises et internationales n’a cessé de monter. De ce fait, l’organisation attendait un public plus nombreux que celui présent ce samedi. Cela dit la salle était correctement remplie. Franck Carducci a d’ailleurs remercié les spectateurs présents de soutenir la musique live qui se fait de plus en plus rare dans les médias.
Le groupe a subi un changement depuis son dernier passage. Steve Marsala a remplacé Mathieu Spaeter à la guitare. Les autres membres restent inchangés avec Olivier Castan aux claviers, Nino Reina à la batterie, Christophe Obadia à la guitare et Mary Reynaud pour le chant, quelques instruments et le rayon de soleil.
Le groupe a commencé depuis septembre 2017 sa nouvelle tournée intitulée On the road to nowhere, mais véritablement mise en place en mars 2018. Ils interprètent beaucoup de nouveaux morceaux, même s’ils n’ont pas encore sorti de troisième album. Déjà axé sur le spectacle lors de la tournée précédente, le curseur est encore monté d’un niveau pour celle-ci. Le ton est donné dès le départ avec des extraits de chansons très médiatiques lors de la mise en place des musiciens attendant visiblement une ‘Superstar’ titre de ce nouveau morceau et qui arrivera avec des lunettes de soleil, provoquant l’émoi sur scène. La superstar s’éclipsera ensuite pour laisser place à Franck Carducci qui s’est dit en retard comme le lapin d’Alice. ‘The after effect’ est lancé avec une Mary Reynaud très à l’aise avec le theremin. C’est ensuite le tour du très épique ‘Achilles’ issu du premier album. Le nombre de titres existants augmentant, il est nécessaire de faire des choix, mais pour permettre d’en entendre le plus possible le medley a été créé et le groupe se plie donc à cet exercice en l’entamant par ‘The Quind’, plus ancienne composition de Franck Carducci qui avait 15 ans à l’époque.
Place ensuite à quatre nouveaux morceaux. D’abord ‘On the road to nowhere’ pour lequel tous les membres du groupe viennent apporter leur voix sur le devant de la scène seulement accompagnés de la guitare acoustique de Franck. Puis c’est au tour de Mary Reynaud d’illuminer la scène dans tous les sens du terme avec ‘Angel’, une composition qu’elle a signé. Pour celle-ci elle porte une cape lumineuse du plus bel effet qu’elle utilise comme toujours avec une grâce infinie. ‘Slave to rock and roll’ et ‘Deja vu airport’ clôturent cette série de manière très rock. Le set se terminera par le très enjoué et spectaculaire ‘Alice’s Eerie dream’, sans doute le morceau le plus attendu sur scène par les spectateurs.
‘Artificial Paradises’ est joué en rappel avec la participation vocale du public et agrémenté de quelques notes d’’Eclipse’ de Pink Floyd.
Set-list :
Superstar
The after effect
Achilles
Medley (The quind/Journey through the mind/The last oddity)
On the road to nowhere
The angel
Slave to rock and roll
Deja vu airport
Alice’s eerie dream
Rappel :
Artificial paradises (avec extraits Eclipse de Pink Floyd)
Le programme 2018 s’est avéré plus consensuel que celui de l’an passé et d’une qualité plutôt homogène. Le public a encore répondu présent, mais il semble difficile de passer un cap supplémentaire en terme de fréquentation. La majorité du public est constitué d’habitués. Quelques anciens ne viennent plus, remplacés par des curieux ou des personnes amenés par des habitués. Au final le public présent reste plus ou moins stable ces dernières années. La convivialité est toujours au rendez-vous. A l’année prochaine pour la vingtième édition, date anniversaire importante qu’il conviendra de célébrer.
Rédigé par : Jean-Noël