Malgré les barrages routiers, une programmation un dimanche soir et une première partie peu connue du public français, les amateurs de rock progressif avaient répondu présents à l’invitation d’ArpegiA ce 18 novembre. Sans parler d’affluence à la Fish, la salle de Chez Paulette est à moitié remplie.
Nous retrouvons les fidèles du temple de Pagney-derrière-Barine, qui, hélas, ne rajeunissent pas, il faudra bientôt autoriser les déambulateurs dans les salles programmant du prog. Les trois arpégiens nous saluent, nous honorant du précieux sésame Presse même si nous n’avions pas annoncé notre venue, les amis nous font la bise (oui nous sommes en Lorraine), les photographes exhibent leurs gros engins. C’est la magie de Chez Paulette et des soirées arpégiennes, une grande famille qui se retrouve plusieurs fois par an pour découvrir ou écouter des groupes de la mouvance progressive qui ne joueraient sinon probablement jamais en France. J’ai également le grand plaisir de retrouver Cris Luna dans le public, qui percutera hélas des sangliers sur sa route de retour alors que nous nous heurterons de notre côté à des gilets jaunes.
Dès 18h30, les norvégiens de Soup prennent place. Deux guitares, une basse, une batterie, des claviers et un micro, de quoi remplir la scène réduite par les synthés encombrants de The Watch qui sont déjà en place. Leur musique est plus proche du post-rock électro pop que du bon vieux rock progressif des seventies qui suivra. Et pour tout dire, je n’ai jamais été très sensible aux albums studio du groupe, mais j’ai envie de savoir ce que cela donnera en live.
Le quintette fait le job, même très bien, un peu à l’étroit dans cette configuration. Lorsque le batteur se lance, que les deux guitares se lâchent, nous avons un post-rock accrocheur qui domine, plus soutenu que sur les albums studio, mais dès que les claviers reprennent le dessus, la musique perd de son caractère, se noyant rapidement. Si certains titres sortent du lot, l’ensemble manque d’accroche à mon goût et la version live ne rattrape pas les albums. Je reste assez distant, d’autant que sur scène il ne se passe pas grand chose.
Les norvégiens jouent une heure et demie avant de quitter la scène. Le public semble avoir apprécié, c’était une belle prestation avouons-le, et même si la musique ne me parle pas, je suis heureux d’avoir enfin pu les écouter.
Une bière et un croque-monsieur plus tard, car avec ArpegiA nous pouvons être certains qu’ils pensent à ces petits détails qui changent un concert, The Watch s’installe. Je me retrouve face à Valerio, le claviériste, entouré de ses synthétiseurs, hélas pas analogiques. Le batteur, perdu dans la brume, ne sera visible que lors de rares éclaircies, dommage, car avec son kilt, il a de la gueule.
J’attendais The Watch depuis trop longtemps sans doute, fantasmant sur leurs albums joués en live, espérant entendre le fin du fin des tributes de Genesis. Trop d’attente entraîne parfois de petites déceptions. Ils ne sont pas venu jouer Seven mais Selling England By The Pound. Je le savais mais je rêvais quand même. Les musiciens restent fabuleux, reprenant les titres de Genesis à la perfection, les yeux fermés vous vous y croiriez. Mais voilà, un concert se vit les yeux ouverts et j’ai vu Genesis en live autrefois. Genesis c’était le trublion Phil Collins et le costumé Peter Gabriel, un show de lumières comme jamais, un son de folie. Avec The Watch, il ne reste que le son, trop fort au passage, mais sans l’incroyable sono du groupe.
Sur scène, seul le chanteur bouge un peu, avance recule, joue de la flûte, du tambourin et n'interagit pas avec le public. Un fabuleux guitariste est vissé sur son siège, un excellent batteur est perdu dans la brume, un brillant claviériste est submergé de rangées de touches noires et blanches, et un gamin doué avec sa double basse, puni au fond de la pièce, viendra pousser la chansonnette avec son papa sur ‘More Fool Me’, voilà pour le spectacle. Non je suis injuste, Giorgio, avec sa guitare, se lèvera pour le dernier morceau, bel effort.
Je n’ai jamais été un adorateur de tributes, préférant l’original à la copie. The Watch excelle dans l'exercice, ne vous y trompez pas, de très bon musiciens respectant à la triple croche la partition de Genesis, de quoi ravir les nostalgiques dont je ne suis pas manifestement.
Même si mon impression reste mitigée, j’ai apprécié de voir enfin ces deux groupes en live pour la première fois, de retrouver mes amis - qui vont détester ce live report - autour d’une bière, et couvrir, une nouvelle fois, une soirée arpégienne qui nous ouvre de nouveaux horizons musicaux comme à chaque fois.
Prochain rendez-vous, le 20 avril avec RPWL et leur nouvel album, l’attente va être longue.
Rédigé par : Jean-Christophe