Neoprog.eu
Menu

Part 0 - The queen with Golden Hair
AmonSethis - Part 0 - The queen with Golden Hair
Titre : Part 0 - The queen with Golden Hair
Groupe : AmonSethis
Sortie : 2020
Label : autoproduction
Format : CD
Genre : Metal progressif

La chronique note de la chronique
Aucune évaluation
Connectez-vous pour donner une évaluation

Titres

  • The Legacy From The Past (Intro)
  • Nitocris, The Queen With Golden Hair
  • My Sister, My Love, My Pharaoh
  • The conspiracy
  • The Secret Letter
  • The Rise Of Aoutef’s Army
  • Lost In The West
  • Desert Storm
  • Osiris, God Of The Dead
  • Mask Of Wrath
  • By The Torture
  • Eternal Love
  • The Blood Red Temple
  • From Dust To The Stars

Formation en 2007


Il y a des albums qui d’entrée vous saisissent, vous intriguent et vous décontenancent. On sait qu’ils ne sont pas parfaits, on y a bien décelé un peu de naïveté ou quelques imperfections mais ils contiennent aussi et surtout une fraîcheur et une authenticité devenues trop rares aujourd’hui. Dès la première écoute de Part 0. The Queen With Golden Hair, un halo de magie s’est aussitôt dessiné autour des compositions et j’ai rapidement eu un besoin viscéral d’y retourner. Emu par la sincérité de l’interprétation, surpris par la qualité des orchestrations et provoqué par les furieux passages heavy prog trash, j’en redemandais dans la foulée. Cet album envoûtant m’a fait revivre des émotions que j’avais laissées derrière moi en me renvoyant à l’époque où je découvrais le brillant Northern Recital des lorrains de Seyminhol et à celle où je me faisais corriger sur les titres heavy trash de l’inégal mais inspiré DREAM de Eternal Flight. Deux références hexagonales que je cite volontairement car en plus de chasser sur les mêmes terres (ou presque) que les grenoblois de Amon Sethis, perpétuent elles aussi l’esprit du metal dans ce qu’il a de plus noble. Les métalleux feraient bien de se pencher plus souvent sur cette belle et sincère école française insuffisamment exposée et reconnue. A l’instar des deux formations précitées, Amon Sethis déborde d’idées et de talent. Des musiciens passionnés qui n’ont pas fait les choses à moitié en publiant cet opus professionnel de metal cinématographique habilement mixé et produit (deux-cent vingt pistes quand même !) de soixante-dix minutes. Un boulot pharaonique … Rien que pour cela, on leur pardonnera volontiers les quelques défauts remarqués et qui finissent, après plusieurs écoutes, par se révéler charmants.

Amon Sethis

Julien Tournoud, le vocaliste de Amon Sethis et ex Hellixxir, est à l’origine du concept développé sur cette troisième livraison. Il a imaginé toute une histoire gravitant autour de la reine Nitocris, considérée comme la mère des pharaons. Cette aventure épique et semi-légendaire se situe aux alentours de la septième et huitième dynastie de l’Egypte ancienne, dans ce que l’on appelle la première période intermédiaire, à cheval entre l’Ancien et le Moyen Empire. Une époque obscure et chaotique durant laquelle le pouvoir central n’existait plus, laissant place à ce qui s’apparente à un système féodal. Pour vous donner d’autres repères, à cette époque, il y a plus de quatre mille ans donc, la pyramide de Kheops et le Sphinx étaient déjà construits ! Diplômé d’une maîtrise d’histoire ancienne et passionné par le sujet, nous pouvons accorder toute notre confiance à Julien en ce qui concerne les références citées dans ses textes et les nombreux signes et symboles cachés sur le riche visuel signé JP Fournier et Catalina Ramirez. Voilà pour le décor.

Épaulé dans la composition par Elliot Tordo, l’ex claviériste, Julien délivre une prestation exemplaire. Il n’est pas le chanteur le plus imposant que je connaisse, mais il met tellement de passion et de cœur dans ses interventions qu’on ne peut qu’être ébloui par son travail. Il apporte en effet beaucoup de relief aux compositions en alternant chant aigu, médium, rageur ou théâtral et s’acquitte même de quelques growls très convaincants. S’il nous rappelle évidemment d’autres chanteurs évoluant dans la sphère heavy power metal, cette variété de hauteurs et d’intensité permet finalement d’affirmer que Julien a, comme ils aiment à dire dans certaines émissions grand public, sa propre signature vocale (argh ! J’ai horreur de cette expression …). Les mélodies enfantées pour porter ses textes sont à la hauteur du projet : divines, héroïques, émouvantes et enchanteresses. On ne vibre pas uniquement sur les refrains mais aussi sur les couplets et les pré-chorus. Quel panache sur des titres comme ‘The Conspiracy’, ‘Mask Of Wrath’ ou encore ‘The Rise Of Aoutef’s Army’ ! Quelles impressionnantes envolées sur ‘The Desert Storm’ ou sur le refrain de ‘Osiris, God Of The Dead’ ! Julien est un chef de guerre (« Etes-vous prêt à rejoindre l’armée du Pharaon ? ») qui sans nul doute devrait rallier à sa cause bon nombre de métalleux.

Part 0. The Queen With Golden Hair, ce sont aussi des orchestrations orientales et épiques grandioses façon Alan Silvestri ou Jerry Goldsmith. Réécoutez les bandes originales de La momie (et de son retour …) pour vous faire une petite idée de ce que ça peut donner. Vous risquez d’être surpris par la qualité des travaux de ces compositeurs. Bref, les orchestrations sont sans conteste l’autre point fort de cette superproduction. Omniprésentes mais pas écœurantes, elles s’assimilent facilement, embellissent chaque titre et servent de liant pour que l’album ne perde pas en cohérence. Le groupe, malin, évite le piège de la complexité et mise davantage sur l’efficacité et la subtilité. Un parallèle peut se faire avec les atmosphères développées sur les premiers albums des brésiliens d’Angra. Les claviers se veulent plus orientaux mais le dosage et la finesse s’en rapprochent, délivrant cette magie que nombre de formations peinent à exprimer. Ajoutez à cela des narrations en langue arabe, des percussions déposées çà et là et il ne vous restera plus qu’à fermer les yeux pour sentir le souffle chaud du désert égyptien.



Mais Amon Sethis c’est avant tout du metal. Pour que la sauce prenne, il fallait nécessairement varier le propos, fournir des plans bien heavy, mid-tempo ou speed et mettre un minimum en avant la technique des musiciens tout en respectant l’esprit de chaque titre. Et c’est exactement ce qu’a fait Amon Sethis. Olivier Billoint, le guitariste, propose de puissantes saccades (‘The Rise Of Aoutef’s Army’, ‘Desert Storm’) mais celles-ci ne sont pas majoritaires. La plupart de ses interventions, dans un esprit clairement prog mélodique (‘The Blood Red Temple’), soutiennent les orchestrations, ce qui inévitablement m’oblige à souligner le dynamisme du batteur, Sébastien Perrad, dont la performance est assez époustouflante. Sur ses solos, Olivier évite les démonstrations techniques interminables et inutiles. Il vise juste et surprend l’auditeur en proposant des parties originales. Mais il sait aussi se lâcher. Sur le survitaminé ‘Mask Of Wrath’ rappelant fortement Symphony X, il se fend d’un solo tout simplement jouissif qu’il partage avec Adrien Gouzy (remplacé depuis peu par le claviériste Benjamin Naire). Enfin, je ne pouvais pas finir sans évoquer les délicates interventions de Laetitia Bertrand, la bassiste dont le jeu, bien audible, se révèle au final absolument essentiel pour compléter le travail du reste de la troupe. Armée de sa fretless, sa partition de notes chaudes et rondes s’harmonise intelligemment avec celles de ses comparses. L’exemple même d’une musicienne qui sait se rendre indispensable grâce à un jeu inspiré.

Sur Part 0. The Queen With Golden Hair, l’attention de l’auditeur est sans cesse relancée, une prouesse assez rare. Amon Sethis vient de frapper très fort et est assurément ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière de power metal progressif et symphonique en France. Un groupe aux multiples influences certes, mais qui possède déjà sa propre personnalité. The Pyramid’s Box contenant la discographie complète du groupe (trois cds + un cd bonus) est à déposer au pied du sapin des fans des premiers albums conceptuels de Symphony X, Nightwish, Rhapsody, Angra, Dark Moor, Avantasia, Seyminhol ... Je m’arrête là. Et dire que je n’ai même pas eu le temps de vous parler du tube ‘Lost In The West’ …


Rédigé par Alexandre le 02/12/2020
Commentaires
Aucun commentaire