Titres
Formation en 2007
Brieg et moi avons vécu dans la même petite ville bretonne, avons été bercés par la culture celtique et le rock progressif. Mais Brieg est l’artiste derrière Brieg Guerveno et moi un obscur chroniqueur dans un webzine de rock, exilé depuis de longues années en Alsace.
Nous nous sommes pourtant “rencontrés” avec Ar Bed Kloz en 2014. Il m’a ébloui en 2016 avec Valgori et au début de l’année prochaine, il nous surprendra avec ‘Vel ma vin, une nouvelle aventure musicale en solitaire, ou presque. Car Brieg ne craint pas les défis et les remises en question. Tout d’abord, il chante dans sa langue, le Breton, à contre-courant de la plupart des artistes de sa génération et après avoir exploré le doom anathémien, plongé dans le prog sans compromis, il se livre aujourd’hui en quasi acoustique avec sa voix, une guitare, le violoncelle de Bahia el Bacha, du piano, un orgue et un mellotron.
Si, comme moi, vous ne parlez pas le Breton, vous pourrez néanmoins lire ses mots traduits en anglais, et si vous n’avez jamais entendu cette langue magnifique, vous lui découvrirez sa musicalité gutturale, poétique et forte comme le caractère de ceux qui la parlent.
‘Vel ma vin ce sont huit morceaux de deux à cinq minutes, un petit format d’un peu plus d’une demi-heure, acoustique et en Breton qui parle de nombreux sujets souvent mélancoliques et très personnels. Étonnamment cette écriture épurée possède quelque chose d’Opeth (‘Ar sekred’), de Steven Wilson (‘An treizh’) ou encore d’Anathema (‘Petra zo bet’) et les guitares résonnent parfois comme les grands espaces américains (‘Ur wech adarre’), mais c’est avant tout la musique de Brieg Guerveno.
La voix de Brieg tout comme les mélodies souvent lentes, tissent une délicieuse mélancolie qui vous accompagne tout au long de l’album. ‘Litorienning’, le court instrumental au violoncelle, guitare acoustique et mellotron nous rappelle cependant que Brieg Guerveno possède des racines plongées dans le rock progressif. Mais les influences celtiques s’invitent également avec des guitares aux cordes pincées comme celles d’une harpe (‘An treizh’, ‘Ar Sekkred’) et l’on croirait presque entendre souffler le vent d’ouest dans les ajoncs et la bruyère du Cap Fréhel.
Folk progressif acoustique americana, ‘Vel ma vin’ nous prouve une fois encore que la musique peut être belle et touchante sans une écriture à tiroir et une débauche d’instruments et de musiciens. Une très belle réussite en solo pour notre artiste d’Armorique.