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Psychedelic Teatime
Margin - Psychedelic Teatime
Titre : Psychedelic Teatime
Groupe : Margin
Sortie : 2014
Label : Madvedge Records
Format : CD
Genre : Space rock

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Titres

  • A Mysterious Cup of Tea - Part 1
  • A Mysterious Cup of Tea - Part 2
  • A Mysterious Cup of Tea - Part 3
  • A Mysterious Cup of Tea - Part 4
  • A Mysterious Cup of Tea - Part 5
  • Psychedelic Underground - the Short Trip
  • Landscapes on the Sky
  • Last Exit to Pluto
  • Psychedelic Underground - the Long Trip

Formation en 2011


Psychedelic Teatime

Margin
Allemagne, 2012
Genre : art-rock psychédélique

Membres :
Lutz Meinert : chant, tous instruments
Carola Meinert : chant ("Psychedelic Underground" et "Landscapes on the Sky")
Arne Spekat : guitare acoustique ("A Mysterious Cup of Tea" et "Landscapes on the Sky")

Discographie :
Psychedelic Teatime, Madvedge Records, 30 juin 2014

Margin est le projet de Lutz Meinert, chanteur et multi-instrumentiste allemand. Connu dans le Landernau musical berlinois (sic), il est accompagné pour l’occasion et sur certains titres par Arne Spekat, son complice du groupe For Your Pleasure - avec lequel il a enregistré deux albums, Scattered Pages (1993) et Timeless (2000), également sur le label Madvedge Records -, ainsi que par Carola Meinert, son épouse qui ajoute son joli brin de voix…
C’est tellement son projet qu’il s’occupe de tout : composition, arrangements, exécution, production, conception graphique (la splendide peinture sur laquelle semble posée la tasse de thé de la pochette, c’est encore Lutz)…
Je ne connaissais pas le travail de Meinert, et c’est grâce à Progstreaming (rendons honneur à la qualité de ce site qui permet de belles découvertes) que j’ai pu entendre cet album de Margin dont le titre et la pochette ont attiré mon œil hobbit !
Et diantre, on est bien dans le prog psyché le plus abouti que l’on puisse entendre en ce moment. Fans de Pink Floyd (de la période Syd Barrett jusqu’à Atom Heart Mother), de Caravan (celui de In the Land of Grey and Pink), de ELOY, Gong, Hawkwind, voire des premiers albums de Porcupine Tree, etc., amateurs de krautrock, vous allez jubiler en écoutant cette galette épicée (un space cake ?).
Ca se bouscule en ce moment au rayon Pink Floyd, puisqu’on attend ces jours-ci le dernier album du groupe… Eh bien, pour le dire sans ambages, avec ce Psychedelic Teatime, on tient ce qui se fait de mieux dans le genre : de l’inspiration fin des sixties -/début seventies sans copie conforme ni nostalgie exacerbée. Margin, c’est rétro-moderne, ça a un pied dans la marge (clin d’œil aux imbibés) et l’autre bien sur sa copie, c’est barré-structuré, c’est inventif-classique, c’est proto et néo !
Et ça commence par un thé que l’on vous sert sur fond yessien à la Relayer, avant qu’une douceur floydienne ne vienne vous titiller les esgourdes : "Mysterious Cup of Tea. Part 1" est une sucrerie instrumentale qui s’enchaîne – logique – avec une "Part 2" à frissonner. Fermez les yeux sur la guitare acoustique et les premières lignes de chant doublées, ça ne vous rappelle rien ? Oui, on a retrouvé Pink Floyd, celui qui faisait de la musique expérimentale et psychédélique avant de devenir un monstre bouffi par son succès. Même le texte y fait référence, citant "Saucerful of Secrets" ! La musique comme le texte vous emportent loin, très loin : vraiment bien infusé ce thé mystérieux…

Margin
Margin - May 2014 – photo : Björn Gripinski | peinture photographique pirate : Lutz Meinert

Retour à l’instrumental pour la "Part 3" et là, c’est carrément la basse de Waters et les claviers de Wright que l’on croirait entendre. Toutes les parties jouées par Meinert sont parfaites, et il n’est pas manchot à la batterie non plus, le bougre. Le morceau, très soft-prog déroule tranquillement avec l’intervention d’une sublime basse fretless qui flotte en solo. Les constructions et interventions diverses s’enchaînent sans que l’on trouve le temps long, c’est rempli de petites choses subtiles, de clichés instantanés. On se rend compte sur cette seule partie de la culture musicale de Meinert, impressionnant. On navigue entre les genres, entre les références (Caravan apparaît aussi ici).
La "Part 4" fait une coda sur la deuxième avec le retour de la partie chantée. Sans être un vocaliste exceptionnel, Lutz assure pleinement. Tout est posé, travaillé, sans excès, laissant s’exprimer la fragilité émotionnelle du propos et du bonhomme. Cette fragilité est exacerbée par une "Part 5" instrumentale courte qui s’énerve un peu, l’orgue et les claviers wrightiens prennent les choses en main et finissent de nous emporter dans notre dégustation psychédélique…
Changement de registre avec "Psychedelic Underground – The Short Trip". Cette fois, c’est plutôt du côté de Gong, pas la variante jazz-rock, non plutôt le côté loufoque et spatial. Les voix sont parfaites et la construction des lignes de chant, tout comme la qualité des paroles sont à la hauteur du niveau musical. Meinert a vraiment une patte, c’est époustouflant… tout en paraissant si simple ! Le morceau se conclue par un : "Oooh, what a trip ! " hilarant, surprenant, et du meilleur effet.
"Lanscapes on the Sky" voit le retour de la guitare acoustique de Arne Spekat et du chant de Carola Meinert. Un mellotron crimsonien se mêle à la fête, et le texte poétique finit de vous faire flotter sur une jolie ritournelle portée par la belle guitare de Spekat et les claviers de Lutz Meinert. Un morceau vraiment splendide.
Avec "Last Exit to Pluto", on a droit à un instrumental qui dépasse les dix minutes et qui va vous coller dans votre siège si vous n’y êtes pas déjà. On part pour Pluton, auditivement à bord d’un vaisseau spatial piloté par une basse digne de Waters encore. Mais on part tout de suite vers une construction étrange, des sons inquiétants, un quasi post-art-rock expérimental sans démonstration inutile, tout en retenue et en variations. Et c’est le fantôme de Porcupine Tree qui vient planer sur le morceau, le mellotron du Roi cramoisi en plus. Meinert excelle à varier les ambiances et les instruments, le tout dans un équilibre sans faille. Les arrangements, le mixage et la production sont parfaits, le morceau s’envole doucement et on décolle de son fauteuil sans besoin d’aucun adjuvant, synthétique ou naturel, licite ou prohibé. Avec trois fois rien - à l’instar du Floyd psychédélique -, Meinert nous sort un superbe morceau.
Et pour conclure, voilà qu’il nous balance le retour allongé de "Psychedelic Underground - The Long Trip" cette fois ! Ca repart de plus belle avec ses évocations d’Alice au Pays des Merveilles, de Saucerful of Secrets, et des aventures spatiales à la Gong ou Hawkwind. Meinert libère les chevaux et finit de vous convaincre par un final parfait et une chute en final beatlessien, période proto-prog… Merde, ma théière est vide !
Jolie découverte que cet album de Margin. Dans le fatras de la sortie de disques plus ou moins attendus - et pour partie, au final, relativement décevants -, Psychedelic Teatime mérite une place à part, une des meilleures, et dans son approche discrète mais efficace, pourrait creuser le sillon d’une belle surprise rétro-psyché tout à fait moderne.
En tout cas, moi, je retourne en cuisine me préparer une nouvelle tasse de ce divin breuvage, et pour peu qu’il me reste encore un fond de cette douce Vieux Tobie dont la fumée exhale le plus doux des parfums…

Site : http://www.madvedge.com/index.php/margin_en.html

Vidéo officielle :



Rédigé par Henri le 19/10/2014
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