Titres
Formation en 2015
Marcus Karlsson [chanteur], Jan Strandh [guitariste], Per-Mårten Hellberg [clavier], Max Warnby [bassiste], Johan Björkman [batteur]
Amis prog intégristes, ne partez pas ! Oui, vous avez bien lu “heavy metal”, et le heavy metal, nous le savons bien, c’est mal, très mal : des chevelus buveurs de bière, qui écoutent de la musique trop fort, vont aux concerts, même au HellFest, et qui abusent de substances illégales, un peu comme les prog heads en fait, si on réfléchit quelques secondes…
Quand le heavy metal s’inspire des seventies et débarque avec un ‘Black feathers on their graves’, une pièce épique de plus de dix-huit minutes suivie de deux titres allant decrescendo pour finir à quatre minutes, on peut à juste titre se poser la question de savoir où se situe la frontière entre heavy metal et rock progressif.
Master Massive nous livre avec Black feathers on their graves un mini album qui fait suite à The Pendulum (2015), évoquant des sujets de société sur lesquels de grands écrivains comme Orwell, Bradbury ou Boye se sont déjà penchés.
Titillé par cet album atypique, j’ai jeté une oreille sur le premier titre et j’ai immédiatement succombé à la voix de Marcus Karlson. Puissante, rugueuse, entre celles de Damian Wilson et Russell Allen, elle m’a renvoyé à mes amours coupables d’adolescent métalleux. Si le heavy ce sont avant tout les guitares de Jan Strandh, la batterie de Johan Björkman alliée à la basse de Max Warnby donnent beaucoup de matière à la ligne rythmique, et la basse continue de l’orgue vintage de Per-Mårten Hellberg procure la touche rétro progressive aux trois titres.
Quand le heavy prend son temps en usant de changements de tempo et de respirations pour repartir plus fort ensuite, peut-on encore parler de heavy metal ? Je vous pose la question.
Le titre album de dix-huit minutes et douze secondes s’équilibre à merveille entre chant et sections instrumentales, démonstration de bravoure à la guitare, passages en force à la batterie, break façon Queenrÿche et même un récitant qui se superpose au chant. L’écriture de Master Massive se fait symphonique sans user de cordes ou de cuivres, juste à l’aide de guitares et d’orgues.
‘Pictures in the sand’ et ses onze minutes se poursuit sur la lancée, plus uniforme que le précédent, moins démonstratif également; le morceau fait beaucoup penser au Arena dernière période avec Paul Manzi au chant. Les guitares et orgues y sont pour beaucoup même si le heavy reprend ses droits sur le prog plus on progresse dans la pièce. Le refrain, sur lequel Marcus grimpe dans les aigües, soutenu par la guitare de Jan, est à tomber par terre.
Reste le petit dernier, ‘Castles in the air’, à peine quatre minutes qui n’empêchent nullement Master Massive de changer de direction en permanence. Des trois morceaux, il s’agit sans doute du plus imprévisible, même si les instruments trouvent ici nettement moins d’espace pour s’exprimer, à part un solo de guitare dans la dernière ligne droite.
Black feathers on their graves est le genre de galette à écouter à fond en roulant à tombeau ouvert, fenêtres grandes ouvertes, sur des petites routes de campagne. Une pure poussée d’adrénaline progressive avec en bonus des mots dans le livret. Même un prog head pur et dur devrait l’apprécier s’il aime la musique. Un album indispensable.