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Still Thick As Brick
Reflection Club - Still Thick As Brick
Titre : Still Thick As Brick
Groupe : Reflection Club
Sortie : 2021
Label : Madvedge Records
Format : CD
Genre : Progressif

La chronique note de la chronique
Les évaluations Evaluations
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Titres

    Formation en 2020


    Nils Conrad: guitare
    Paul Forrest: chant, guitare acoustique, flûte
    Ulla Harmuth: flûte
    Lutz Meinert: batterie, percussions, orgue, piano, clavecin, basse, vibraphone, glockenspiel, voix.

    Membres additionnels:
    The Rellington Resort Orchestra
    The Little Indian Restaurant Ensemble: sitar, percussions
    The Bagpipe Club Willy Scotty: cornemuse et sifflet

    To be thick as a brick: être bête comme ses pieds.
    Au-delà de la traduction, vais-je vous faire l'affront de rappeler la référence progressive à laquelle cette expression renvoie ? Lorsque je suis tombé sur ce nouvel album intitulé Still Thick as a Brick, je me suis interrogé: cover band ? Hommage au célèbre opus de Jethro Tull ? Promotion gratuite ? Apparemment rien de tout ça. En tout cas, les berlinois de Reflection Club reconnaissent très volontiers que Thick as a Brick a été une source majeure d'inspiration pour leur premier album.

    La tentation est très grande de se plier au jeu des sept différences avec l'œuvre cultissime de Ian Anderson. Je ne m'amuserai pas à cela, même si nous allons forcément effectuer quelques analogies entre les deux œuvres. Ne faites pas comme moi, ne cherchez pas où se trouve le petit hameau de Rellington, vous ne le trouverez pas ! Le Rellington Stone, plus vrai que nature, est un journal fictif, au même titre que The St. Cleve Chronicle & Linwell Advertiser de Janvier 1972. Lutz Meinert, sûrement dans sa volonté de clin d'œil au groupe britannique et à l'humour présent dans son album, mentionne The Rellington Resort Orchestra dans les contributeurs de son album. Autre similitude, ce Still Thick as a Brick comporte onze pistes s'enchaînant toutes sans transition. Il n'est donc pas usurpé de dire que cet album n'est (ne pourrait être) fait que d'un seul long morceau, à l'instar de celui de Jethro Tull qui n'aurait comporté aussi qu'un seul titre, s'il n'avait pas à l'époque fallu retourner le vinyl pour écouter la seconde partie.

    Reflection Club
    Reflection Club: Nils Conrad, Paul Forrest, Ulla Harmuth, Lutz Meinert

    Cet album est ma foi très plaisant à écouter, même si l'impression, à la première découverte, est que la musique ne fait pas d'étincelles, ou ne casse pas des bricks pour me fendre d'un jeu de mot dont je nierai la paternité. Il n'en est rien, et les subtilités de cet album se dévoilent petit à petit au fur et à mesure des écoutes. En ce qui concerne la voix, Paul Forrest ne chante pas réellement; il s'agit plus de narration chantée dans un registre medium. Les paroles sont assez énigmatiques, il semblerait que nos artistes parlent de la vie qui s'écoule et dont on doit profiter. On y parle de la nécessité de faire une pause bienvenue ('Time out') dans ce petit village paisible et romantique de Rellington, au bord de la mer. Un endroit peuplé d'artistes de tout poil et dont flotte un doux parfum libertaire et psychédélique des seventies ('Rellington Town'). Un village utopique que l'on oppose à une frange de la société représentée par les étudiants ayant "réussi", devenus des businessmen (les requins de 'The Foray of the Sharks', c'est eux) et dont le golden boy en est l'excellente représentation: préoccupés par leur ego, en féroce compétition entre eux, en constante représentation avec leurs signes extérieurs de richesse, s'adonnant sans complexe au stupre et au lucre ('Sentimental Depreciation', 'Nervesoothers').

    Still as Thick as a Brick est pour moi un album fluide et homogène, comprenant de nombreuses relances ainsi que plusieurs rappels du thème principal qui soudent l'ensemble. La musique jouée pourrait être issue de la rencontre d'un groupe de folk avec un groupe de vieux briscards de rock qui se seraient assagis, capables de belles envolées mélodiques sobres et maîtrisées, le tout avec une petite pointe jazzy. Une musique mélodique, gouleyante, équilibrée, variée, tout en retenue et qui laisse s'exprimer tous les instruments sur un même pied d'égalité. Et des instruments il y en a, à commencer par une flûte (encore un point commun avec Jethro Tull) au son velouté qui fait des merveilles: il n'y a qu'à écouter 'Nerversoothers' pour se rendre de l'apport de la flûte qui fuse ses motifs et déroule son solo tout en roucoulant de cascade en cascade sonore. Un vrai régal. Outre le combo classique guitares (basse, acoustique, électrique) - batterie - claviers, on peut aussi entendre disséminés ça et là orgue Hammond présent dès le 'Prelude', glockenspiel ainsi que sitar et sonorités indiennes pour illustrer le côté ésotérique hippie du village de 'Rellington Town', vibraphone et violon dans 'Sentimental Depreciation', contrebasse verbeuse ('Neversoothers'), clavecin ('The Foray of the Sharks', 'Bedlam'), cornemuse et tambour pour le côté folk ('Look across the Sea'), sans oublier quelques bruitages vocaux rehaussant le propos des paroles (exclamations, chants de supporters de foot).



    Outre 'Bedlam' qui est le titre le plus corsé et épineux, l'album conclut en une sorte de retour à la simplicité au bord de la mer après la frénésie moderne de la vie. Je ne terminerai pas cette chronique sans évoquer 'The Foray of the Sharks' et 'Neversoothers', mes petits préférés. Le premier pour sa guitare qui ronronne par salves, flûte et Hammond qui s'enchevêtrent à merveille. Un titre un peu plus torturé que la moyenne, mais néanmoins très bien structuré, et dont le côté entraînant et joyeux vous donnera sans aucun doute l'envie de danser. Et le second pour sa ligne mélodique et fluide où contrebasse et flûte se répondent à merveille.

    Ne vous arrêtez donc pas à l'apparente simplicité et facilité qui se dégage à la première écoute de ce Still Thick As A Brick. Se dévoilant au fil des écoutes, vous apprécierez de plus en plus cet album et découvrirez toute sa richesse mélodique et instrumentale. Après mûre réflexion, il se pourrait bien que cet album soit en partie un hommage à l'opus de Jethro Tull.
    Un album dont les paroles finissent comme celui dont il revendique l'inspiration: "…those wise men who still don't know how it feels to be thick as a brick". Je vous laisse deviner à qui fait référence cette phrase.


    Rédigé par Laurent le 10/03/2021
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