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Marionnettiste
Examinis - Marionnettiste
Titre : Marionnettiste
Groupe : Examinis
Sortie : 2021
Label : Klonosphère
Format : CD
Genre : Metal

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Titres

  • Prélude du songe avant le cauchemar
  • The Wrathful Beast
  • Throne of Thorns
  • Stampede of the 10 000
  • Entracte du sommeil pendant le cauchemar
  • Cogs, Gears & Clockworks
  • The Slow Flow of the Spume on the Shore
  • Cathedral
  • Epilogue de l’éveil après le cauchemar

Formation en 2015


“Tu veux que je te dise”, pour fonder un groupe, il y a plusieurs possibilités mais ce qui est certain c’est que chaque formation ne part pas avec le même bagage technique. Il y a les potes de lycée qui se contentent d’assembler quelques accords (parfois géniaux) au fond d’un garage et il y en a d’autres qui s’acoquinent sur les bancs d’un centre de formation professionnelle musicale. Si la passion qui anime ces deux catégories de musiciens est probablement identique, le fait d’être coaché pour élever son niveau de jeu apporte indéniablement un plus et, pour peu qu’on ait des idées, ouvre grand le champ de la créativité. Exanimis, cette formation originaire de l’est de la France regroupe en son sein d’anciens élèves de la Music Academy International. Inutile donc de préciser que le niveau technique est pour le moins bluffant. Récente signature de la maison de disques Klonosphère, les quatre nancéiens ont en commun leur amour pour le metal avec des influences s’étirant entre Fleshgod Apocalypse, Devin Townsend et Dream Theater, mais également un certain goût pour les choses bien faites. Marionnettiste, leur premier méfait, au professionnalisme étourdissant n’a clairement pas été écrit à la va-vite. Cet album dense (il m’aura fallu pas mal de temps pour pénétrer ce cauchemar), est composé de trois interludes et de six longues, parfois très longues compositions (jusqu’à seize minutes !). Si comme ils le prophétisent “Le temps détruit tout…” moi je vous souhaite d’en avoir encore un peu devant vous, histoire de vous immerger dans ce mauvais rêve qu’ils se sont évertués à dépeindre en musique par le biais de leur death metal original et orchestral de haute volée.

Exanimis

Des visions cauchemardesques de personnages à la fois manipulés et manipulateurs… Voilà en substance sur quoi repose le concept de cet album. Alors si vous aimez vous faire peur, allongez-vous, vissez votre casque sur la tête, fermez les yeux et, si besoin est, laissez une petite lumière allumée. ‘Prélude Du Songe Avant Le Cauchemar’ peut à présent commencer. Sur cette introduction qui gagne progressivement en intensité, des cordes, précédées de chuchotements, distillent des mélodies grinçantes, distordent la réalité et crispent l’atmosphère. Mais c’est surtout le piano qui est à l’honneur. Après un départ un brin cliché (quelques notes aiguës répétées façon film d’horreur), la pianiste invitée, Nathalie Theveny, accélère son jeu en posant une ambiance plus onirique atténuant ainsi l’angoisse des premières secondes. Puis, quelques grincements... On pense ce prélude arrivé à son terme mais Nathalie se montre alors plus audacieuse et dévoile sa virtuosité sur une partie lumineuse. Les arrangements orchestraux et chœurs qui se greffent avec subtilité viennent contrecarrer les plans de la pianiste engloutissant et aspirant ses intentions dans un tourbillon de gravité. L’introduction prend fin brutalement.

Avec ‘The Wrathful Beast’ le groupe nous précipite dans son univers pour le moins tourmenté. Un titre rapide sur lequel l’urgence des orchestrations vous laissera l’impression d’être pourchassé par un prédateur redoutable dans un esprit proche de ce que H.P. Lovecraft a pu écrire. Doté de riffs techniques musclés, de saccades violentes et porté par un chant growlé saturé (on aurait aimé un peu plus de variations dans les hauteurs), ‘The Wrathful Beast’ rend d’entrée toute fuite impossible. On peine déjà à reprendre notre respiration. Notons que, sur le passage réservé aux solos, on songe à Luca Turilli, bien connu des fans de Rhapsody. Le développement du jeu des guitaristes d’Exanimis et leur feeling est très proche de ce que propose leur aîné transalpin dans ses travaux les plus sombres. Et puisque l’on parle de Rhapsody, ‘Throne Of Thorns' a parfois de faux airs de ‘Unholy Warcry’, un titre présent sur ‘Symphony Of Enchanted Lands II The Dark Secret’ des italiens. Toutefois, ne vous méprenez pas, l’univers des deux formations est bien distinct et cette référence ne se retrouvera qu’occasionnellement sur la suite de l’album.



‘Thrones of Thorns’ justement, aux contours plus heavy death black mais aussi prog maintient une sacrée pression sur l’auditeur. Foncièrement metal, alternant davantage dans les tempi, avec un refrain fort et traversé par un pont narratif en français, le trône d’épines brille aussi et surtout par ses orchestrations héroïques. Le travail de mixage impressionne.

En débutant comme la chevauchée des Walkyries de Wagner, ‘Stampede Of The 10 000’ ne fait pas moins dans la demi-mesure. Hypnotique tout d’abord avec sa rythmique répétée soutenue par la frappe véloce du batteur Clément Denys qui fait le choix ensuite de se décaler délicieusement lorsque les arrangements se font plus présents. Cette marche guerrière vire ensuite vers un mid-tempo effrayant avec une touche orientale. Si les radios passaient du death metal, ce titre se ferait une belle place dans les charts. Tubesque ! Et que dire de cette boucle mélodique infernale et glaçante associée à des sons électro et des chœurs déclinants ? On peut être rebuté par le côté extrême de la musique des lorrains mais cela n’en demeure pas moins génial. Un de mes coups de cœur.

‘Entracte Du Sommeil Pendant Le Cauchemar’ offre un répit bien mérité à l’auditeur. Dominé par le piano et dans l’esprit de ce que propose Danny Elfman, cet interlude découle habilement sur les onze minutes de ‘Cogs, Gears & Clockworks’. Pour commencer, vous aurez le sentiment d’être coincé dans les rouages d’une vieille horloge, puis ensuite, imaginez Jean Gabin qui débarque, flegmatique s’adressant aux insouciants pour leur rappeler que nous finirons “tous réduits en poussière”. Surprenant n’est-ce pas ? Et pourtant tout se tient. Écoutez, c’est assez savoureux… Dommage que ce ‘prologue’ n’apparaisse pas sur le clip en ligne visionné déjà de nombreuses fois. Ce long morceau, martial après son ouverture, se calme quelque peu. La mort impeccablement interprétée par Alexandre Dervieux fait son apparition. Vos derniers instants sont arrivés. Une étrange danse commence alors, malsaine, épouvantable, cauchemardesque à nouveau. On ne peut échapper au temps qui passe. Si on flirte parfois avec la démonstration, reste que ce titre est exemplaire dans sa construction et son refrain vous hantera quelque temps.



Le bruit des vagues, quelques arpèges relaxants et du chant clair ! Apaisant certes mais la mélodie s’obscurcit et l’atmosphère se détériore à nouveau. ‘The Slow Flow Of The Spume On The Shores’ (un nom à rallonge façon Bal Sagoth…) se durcit, se métallise, se symphonise mais n’atteindra pas les sommets de violence des précédentes compositions. Nous serions tentés de dire que ce titre se rapproche d’une ballade de metal extrême orchestral. Transpercé de solos qui nous rappellent encore une fois les chasseurs de dragons de Rhapsody, le final de ce beau titre est également une franche réussite.

Le moment du jugement arrive au son d’un orgue d’église, que dis-je de ‘Cathedral’ plutôt ! Cette très longue composition qui culmine à plus de seize minutes repose sur une atmosphère globalement dramatique. Moins folle et dynamique que les titres précédents, soutenue par une charpente orchestrale toujours aussi remarquable, son développement s’étire et s’étire encore. Peut-être un peu trop… mais ce morceau fait certainement partie intégrante du concept et doit être appréhendé dans un esprit d’acceptation de son sort. Un chemin résolument funèbre s’ouvrira devant vous au cours de cette lente et sombre méditation religieuse mâtinée de death.

L’aventure s’achève avec ‘Epilogue De L’Eveil Après Le Cauchemar’. Trois minutes instrumentales débranchées qui décrivent le malaise final. La lumière est là, la légèreté semble revenir mais tout cela baigne dans la tristesse. La menace rôde. Nous ne serons plus jamais les mêmes tant l’expérience a été intense et terrifiante…

Exanimis propose avec Marionnettiste une œuvre horrifique d’une richesse inouïe. Composé et interprété par des musiciens professionnels, ce premier album s’avère également difficile à pénétrer. Le propos est extrême, particulièrement dense et s’adresse donc à un public averti. Mais si vous aimez le death metal, les orchestrations, la grandiloquence, la virtuosité et l’originalité, surtout ne passez pas à côté et filez chez votre disquaire préféré, rentrez chez vous, allongez-vous… bref, vous connaissez la suite.


Rédigé par Alexandre le 09/03/2021
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