Titres
Steve Wilson revient pour son second album solo avec non pas un, mais deux CD. Un double album alors qu'il ne va pas être simple de chroniquer.
'Grace for Drowing' débute le premier CD, belle introduction à une heure et demie de musique.
Mais c'est avec 'Sectarian' que l'on s'aperçoit que Steve Wilson, pour ce nouvel opus nous prépare quelque chose d'inhabituel. Certes on retrouve un peu du son qu'on lui connait mais très vite on sent une influence des années psychédéliques qui pointe le bout de son nez. C'est sage, maitrisé, on pourrait presque le fredonner mais... Et puis Claviers et percussions jazzy au milieu de sonorités classiques chez le leader de Porcupine Tree viennent sonner le glas de nos habitudes, Steve s'est lâché.
Et pourtant il revient presque sagement avec 'Deform To Form a Star', comme après une grosse bêtise possède une composition plus conventionnelle. Pourtant un son de guitare vous titillera, un vieux son.
'No Part Of Me' est le titre le plus Porcupine Tree avec son début calme et son explosion musicale mais la présence d'un ensemble à cordes et du saxo apporte un gros gros plus.
'Pasteard' débute de manière assez banale, jolie mais sans plus, sauf que le choix d'instruments classiques change radicalement le son et les chœurs qui arrivent donne le coup de grâce. Steve nous promène dans un nouvel univers musical.
'Raider Prelude' n'est que le bref prélude à un marathon qui viendra plus tard. Alors patientez. Vous pensiez à 2001 Odyssée de l'Espace, quelle idée étrange.
'Remainder The Black Dog' avec son piano hypnotique, son chant vocodé, le retour de l'orgue jazz, du saxophone, des percussions et la brutale accélération qui lance une magnifique transition, c'est de la musique, bœuf de jazz, magistral !
'Belle de jour' est une magnifique pièce instrumentale intimiste, à la guitare, toute simple, sans fioritures.
'Index' nous ramène plus au Steve que nous connaissons bien, mélodie lente, claviers, chant mélancolique, quelques percussions, une construction musicale très classique, presque décevante.
'Track One', ils y en a qui ne manquent pas d'humour... Il s'agit d'une pièce progressive avec son début presque en forme de comptine qui vire à la descente aux enfers pour se finir par un très joli passage de guitare, magnifique !
'Raider II', voici la suite. Plus de vingt trois minutes. L'entrée en matière est très lente, assez angoissante avec beaucoup de silences. Et puis on plonge dans du psychédélique progressif très sous contrôle, même si on sent la session de jam. Flute à la Jeff Rothull sur un piano jazz, on pense aussi beaucoup à 'In Court Of The Crimson King' de King Crimson quand la musique s'emballe, Wilson n'aurait pas bossé pour ces gens là dernièrement ?
Bel hommage si c'en est un. Puis on balance un instrumental déjanté digne de Porcupine Tree, damned nous n'en sommes qu'à mi chemin. On repart sur une plage de musique presque contemporaine très lente, assez angoissante et puis Steve nous ramène sur un territoire plus mélodique l'air de rien, sans rupture, la flute fait son retour avant de laisser chanter Wilson brièvement. Une guitare le remplace, son grave, presque râpeux, saxo, la tension monte monte, percussions, et bouquet final, tout le monde se lâche, final pas tout a fait en réalité.
Une pièce exceptionnelle du maître qui nous donne à découvrir tout son talent sans retenue, une pièce à aux hauts risques, il faut en avoir pour oser composer ce genre de musique en 2011 et encore plus de la mettre sur un album. Respect !
Fatalement 'Like Dust I Have Cleared From My Eye' fait pâlichon après ça. Pourtant il y a un très joli son de guitare, des claviers intéressants. On est du coup un peu trop dans un monde musical connu. Bon le final atmosphérique rattrape un peu.
Alors que penser de tout cela ? Je n'aurais pas construit l'album ainsi, les titres faciles auraient fait l'objet d'une galette, la seconde aurait contenu le reste, le meilleur, ce qui pour certaines personnes pourrait friser l’inaudible. Mais je ne suis pas Steve (vous vous en doutiez non ? ) et sans les textes difficile de comprendre cette organisation.
L'album contient de grands moment musicaux très forts, Steve nous montre son génie, pas doute, ses choix sont courageux, anti commerciaux au possible et son public habituel pourrait bien rechigner.
Moi je n'ai qu'un seul vrai regret, qu'il n'ai pas été vraiment jusqu'au bout, c'est à dire composer un album jazz prog psyché, sans aucun compromis, invendable sans doute. On peut espérer que sur scène, il se lâche totalement, comme parfois avec Porcupine Tree.
Alors amateurs de musique formatée, passez votre chemin, écoute attentive obligatoire !