Titres
Derrière The Loomings se cache le percussionniste italo-strasbourgeois Jacopo Costa que nous connaissons de Camembert et d’un live hommage de King Crimson. Hey Weirdo! est le second album de ce groupe multi facettes bien ancré dans le Rock in Opposition. Zappa, Magma, Soft Machine, une bonne dose de dérision, nous les avions découvert en live en 2015 pour la présentation de Everyday Mythology.
Chant, cuivres, vibraphones, batterie, basse construisent des musiques déconstruites, flirtant avec le jazz et le contemporain, autant le dire, bien loin de notre zone de confort habituelle. Les voix (Maria, Clara et Jacopo) et la rythmique (Enrico et Jacopo) constituent l’ossature des onze morceaux de l’album. Le vibraphone joue comme un piano jazzy et le chant hésite entre lyrique, contemporain et comédie musicale.
Comme le nom de l’album, la pochette est très étrange, certains diraient simplement pas belle : un canasson complet nœud pap’ hurle “Hey Weirdo!” près d’un chimpanzé souriant et d’un gamin maussade, tous deux assis à un bureau, vous regardant au travers de lunettes 3D. La musique est du même tonneau, atonale, syncopée, jazzy, contemporaine, délirante, expérimentale et parfois, aussi surprenant que celui puisse sembler, mélodique.
Soyons clairs, il faut être bien accroché à son slip rose pour aborder ‘The Slap’, fait de dialogues, de cuivres, de vibraphone et de batterie. Une pièce tarabiscotée, complètement folle et qui par certains aspects me fait songer à ‘La Boîte de Jazz’ de Michel Jonasz, mais la version qui ne passerait jamais à la radio à une heure de grande écoute.
Là vous vous dites, je décroche, mais non, soyez persévérants, car quand arrivent ‘Sick Notes’ ou ‘High Bar’ à l’atmosphère lounge bar jazzy, la subtilité du chant et des percussions devient un régal. La petite perle de l’album, ‘Cerchi (including Central Park West)’, est une pièce d’abord au piano puis au vibraphone et qui devient délicatement jazzy à mi chemin. Un havre de paix dans ce monde complètement weirdo comme le prouvera la suite. Pour se quitter en bons termes, Hey Weirdo! nous propose ‘Wonder And Delusion’, une très belle pièce sombre à souhait, une de mes préférées.
Il faut être joueur ou initié pour apprécier The Loomings à sa juste valeur. Hey Weirdo!, comme son prédécesseur, mais sans doute plus encore, déroute, bouscule. Je trouve pour ma part que ce genre de musique prend tout son sens en live, alors qu’assis dans un salon, elle exige de moi un grand effort de concentration. Je me serais volontiers passé des cuivres, trop brillants à mon goût face à une une section rythmique tout en finesse, qui fait pourtant la force de The Loomings.