Titres
Vibraphone, percussions, batterie, voix dans le registre contemporain et lyrique, basse jazzy, claviers, trompette, saxophone, tubular bells, telle se compose la musique du sextette strasbourgeois, The Loomings. Entre Rock In Opposition, jazz, Zappa et Philip Glass, le groupe construit un univers sonore déroutant et atypique. Leur premier album, qui vient de sortir, avec l’aide de la Haute École des Arts du Rhin, vous propose une immersion expérimentale qui ne vous laissera certainement pas indifférent. De Gong à Magma, en passant par Zappa et quelques compositeurs contemporains, Everyday Mythology pourrait bien vous séduire.
N’allez pas croire, après cette présentation académique, que The Loomings se complaît dans une musique élitiste et hermétique. L’humour est de mise sur bien des morceaux avec des clins d’oeil appuyés à de nombreux artistes. Ouvrez le livret et découvrez ces textes façon collage de papier sur des surfaces brutes, briques, planches, béton, et lisez les paroles parfois abracadabrantes comme sur ‘A Waiting Game Of Nonsense’. Les voix de Maria et Ludmila forment la colonne vertébrale des mélodies, rythmées par la batterie, les percussions et la basse. Le synthé et le Fender Rhodes n’interviennent que de manière anecdotique dans cet ensemble, du moins ils ne dominent pas.
Du mélancolique au sautillant en passant par du pur délire, The Loomings vous en fera voir de toutes les couleurs. L’improbable ‘Sweet Sixteen’ qui arrive en sixième position me semble une bonne entrée en matière. Il se raccroche au rock des sixties avec des paroles traitant du “bonheur” de l’adolescence. ‘Lockjaw’ (le chien mutant), malgré son titre délirant, vous plonge dans un monde proche du contemporain comme le petit dernier, ‘Milano’, un instrumental où quelques voix flottent en arrière plan. Vous entendrez peut-être comme moi des airs de King Crimson et de trip hop sur ‘Keywords’, noyés dans des influences nettement plus académiques et modernes. Que dire de ‘Awkwards’ et ses appeaux, avec Jacopo qui prend le micro pour dépeindre un gars maladroit en amour, et ce ‘In a Black Key’ au phrasé totalement barré à l’image du texte. Et dans ‘Things That Change’, on croirait entendre un marteau piqueur au milieu d’autres bruitages alors que le chant se la joue ‘Les Parapluies de Cherbourg’.
A équidistance entre le contemporain, le jazz et le RIO, The Loomings livre ici un album inédit, intéressant, amusant et très bien joué et chanté. Certains titres seront nettement plus abordables que d’autres, ‘Black’ pourrait sérieusement vous perturber par exemple. Si vous êtes un tant soit peu curieux, allez y jeter une oreille, c’est un chouette album.
Facebook : https://www.facebook.com/theloomings
Vidéo :