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Live report du 18/07/2015 - Night of The Prog - jour 2 - partie 2
14:52 (=> 16:15) Sylvan

Petit test de son (de balance ?) effectué par le groupe avant d’entrer en scène, et le concerthon continue avec Sylvan, qui joue à domicile. Sylvan, j’apprécie aussi leur musique. Le premier titre fait résonner le fameux ‘Mr Gorbachev, open this gate’, la batterie s’envole, Marco le chanteur semble être ailleurs, en tout cas pas trop avec le public. Tout le groupe est en cercle autour du chanteur qui, il faut bien le reconnaître, n’est pas très expansif. Le groupe continue avec 'Shine', alors que Sebastian à la basse accompagne un papillon vers le ciel. Bah oui que voulez-vous j’y vois toujours de petits signes du destin sur de tels détails. Marco marche en rythme, en rond, d’une démarche lente, reste de temps en temps en retrait de la scène, à côté du clavier. Souffre-t-il ? Non, je pense qu’il habite ses textes, et reste dans une démarche très intérieure. Le jeu de scène en pâtit donc grandement. C’est la cinquième fois qu’ils jouent à la Loreley, et ils sont très fiers de se produire de nouveau pour ce dixième anniversaire. De beaux soli de guitare habitée fusent au cours de ‘In Chains’, alors qu’un petit groupe de fans arborant le T-Shirt Home (le dernier album du groupe) sortent de petits ballons gonflables multicolores qui se répandent dans le public au gré de leur voyage aérien et sautillant.

NOTP 2015 Loreley Sylvan

Marco évoque Lazuli, le concert suivant, demande aux français de se manifester, les noms des pays fusent ensuite dans la foule. Le groupe enchaine avec 'Home', pendant lequel Sebastian tape avec sa main sur toutes les cordes de sa guitare, de laquelle en sort une sonorité de cloche sourde. ‘Artificial Paradise’ finit ce concert, le chanteur lâche le pied du micro et descend dans la fosse pour filmer la foule quelques secondes avec son smartphone. Salut à la foule, lancer de baguettes du batteur Matthias dans les gradins. Avec ce concert, Sylvan a fait la part belle à leur dernier album. Je me demande à cet instant si la musique de ce groupe est adaptée à la scène, car il y a de nombreux passages calmes et planants. Mais il y a aussi des séquences plus secouantes. J’en arrive à la conclusion que la musique de Sylvan se vit plus qu’elle ne se regarde, le personnage principal de la formation étant beaucoup plus dans l’introspection, le vécu intérieur, que dans la démonstration exubérante envers le public. Je trouve cela un peu dommage, c’est comme cela. Nous sommes tous à la fois différents et uniques.

NOTP 2015 Loreley Sylvan

Setlist:

In Between
Shine
In Chains
Home
ArtificialParadise

16:45 (=> 17:55). Lazuli.

Lazuli, encore un groupe que je me réjouis de voir sur scène. Originaires de la région de Alès, découverts il y a très peu de temps, j’apprécie tout particulièrement leurs textes, leurs associations de mots très très bien senties sur des sujets ‘engagés’ et poignants. Multicolère (ndlr: un titre de l’album Tant que l’herbe est grasse), c’est par exemple un mot simple et parlant, mais encore fallait-il y penser. Le concert commence avec une introduction en accents andalous/nord-africains, tout en douceur. Les musiciens enchaînent les titres. Dominique, au chant avec une belle guitare à rosace équipée pour donner une résonance métallique supplémentaire, est devant la scène, encadré par Claude et sa léode, - instrument unique au monde -, et Gédéric et sa guitare blanche. En arrière-plan, Romain au clavier avec ses touches penchées vers le public, Vincent à la batterie et aux percussions. A ce moment je ne peux rien expliquer, mais quelque chose se passe. Juste la sensation d’une unicité et d’un tout bien en place qui ne largue que des ondes positives. Une belle palette d’instruments (djembé, marimba, cor, guitares acoustique/électrique, claviers, batterie), des gars originaux, plein d’énergie, et, dû aux instruments et aux vêtements, un mélange coloré unique de noir et de brun qui enveloppe toute la scène. Ca a vraiment du chien. Pas de chichis, juste de l’authenticité.

NOTP 2015 Loreley Lazuli

Dominique, avec un accent français teinté de Sud -incomparable- s’exprime en allemand en s’excusant de son niveau pour cette langue, je crois que déjà la foule est déjà touchée au cœur. Romain prend son cor pour entamer un duo avec Claude, la belle voix de Dom vient se greffer sur ces volutes musicales. Le chanteur court sur scène, saute, plie les genoux et martèle le sol alternativement de ses pieds droit et gauche, jambes écartées. Il rejoint Romain pour s’amuser avec lui, le claviériste baisse le tronc et la tête, court sur place, à ce moment on ne voit plus que ses mains qui courent sur le clavier, joli effet original depuis les gradins. Le public fait alors une ovation spontanée au groupe. S’ensuit ‘Prisonnière d’une cellule mâle’, les frissons s’ invitent tour à tour aux premières notes de ce ‘Je te laisse ce monde’. De ces notes martelées et métalliques surgit alors un train lancé à toute allure, les freins inopérants, qui se rapproche d’un grand mur de rochers. La collision est inévitable. Moment unique et indicible. Le brun-guitare passe d’ acoustique à électrique pour Dominique, Claude remet de la magnésie (à moins que ce ne soit du talc) sur ses doigts afin qu’ils continuent à glisser sur l’instrument tactile. Dominique annonce alors une chanson du nouvel album qui sortira en Décembre prochain. Un drapeau français est déplié et s’agite au tout premier rang, devant la fosse. Nouveau titre dont je retiens le rythme martelé, à pas lents et lourds. Les deux guitaristes descendent ensuite dans la fosse et rejoignent le drapeau français tout en jouant. Grisé et emporté par la musique, je ne réalise pas que Lazuli a allumé le feu dans le public, qui applaudit debout. C’est un énorme succès pour les français.

NOTP 2015 Loreley Lazuli

Robert John Godfrey, du groupe The Enid, facilement reconnaissable à sa barbe, son costume et son chapeau blanc, qui attend en coulisses son intervention pour le concert suivant, et qui se demande ce qui se passe, franchit la porte qui sépare le public du backstage, se joint à la foule et applaudit. Le groupe enregistre ensuite une petite vidéo avec le public, fait quelques selfies, et sort de la scène. Sans surprise le public en veut encore, demande un rappel. Le marimba est alors déplacé sur le devant de la scène, perpendiculairement au public. Les cinq compères reviennent et s’installent autour de l’instrument avec des baguettes : c’est parti pour un de leur titre, à neuf mains au vibraphone, chacun se houspillant avec complicité au moyen des baguettes. Nouveau moment magique. Le plaisir continue avec un second titre, avant de sortir définitivement sous une nouvelle ovation. Aucun doute, nous venons d’assister à cet instant à un des moments très forts de cette NOTP 2015. Ce concert laissera un souvenir impérissable dans ma mémoire. A l'heure où le chant en anglais est majoritairement choisi par les groupes musicaux en dehors du Royaume-Uni, Lazuli prouve, s'il en était besoin, que la langue française n'a pas à rougir de sa consoeur d'Outre-Manche. Messieurs, félicitations pour ce choix fleuri.

NOTP 2015 Loreley Lazuli

Setlist :

Déraille
Une pente qu'on dévale
Homo Sapiens
Le miroir aux alouettes
Film d'aurore
L'Arbre
Multicolère
Prisonnière d'une Cellule Mâle
Le Mar Du Passé
Tristes Moitiés
Je te laisse ce monde
Abîme
Le Lierre
Cassiopée
Les malveillants
Les Courants Ascendants
Festin ultime

Bonus:
On nous ment comme on respire
9 Hands Around the Marimba

Photos Stéphane Gallay

Rédigé par : Laurent