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Live report du 02/04/2016 - Artrock IV - jour 2
Samedi 2 Avril

J'ai un petit peu de temps avant midi, j'en profite pour me prendre un petit déjeuner allemand dans les rues de Reichenbach baignées de soleil printanier, et surtout d'aller en pèlerinage progressif à pied à la fameuse Bergkeller. De la musique émane de la taverne, un groupe est en train de répéter, la dame qui est sur les lieux me dit que je peux entrer, mais je ne dérangerai pas les musiciens en pleine répétition.

Bergkeller Reichenbach

Soul Secret (12:00 - 13:00)

Soul Secret, groupe italien de métal progressif, est déjà en plein concert lorsque j'entre vers 12:20 dans la salle. Ayant chroniqué leur dernier album 4 que j'avais bien aimé notamment par les virages musicaux continuels de style et de rythmes, je m'en veux au premier abord d'avoir loupé une partie de leur concert (4 est bien le nom de l'album, ce n'est pas une coquille). Je suis d'autant plus étonné que ce devait être Personal Signet qui devait entamer le bal de cette seconde journée. J'apprendrai plus tard que ce groupe n'est finalement pas présent à ce festival.

Soul Secret Artrock IV

Pour ce début de journée la salle est assez déserte il faut bien le dire. Lino, au chant, commence par remercier l'organisation qui leur a permis d'intervenir à ce festival. La set list fera la part belle au dernier album du groupe italien. J'essaierai de rentrer dans le concert, sans succès. Entre l'album studio et le live, il y a une trop grande différence pour moi. Il est difficile de déterminer la part du réglage de la performance live, le fait est que je suis déçu. Trop de graves, trop de son, trop de batterie. Tout semble noyé, aucun détail ne ressort. Je ne retrouve en fait pas la dynamique impulsée par la succession effrénée des séquences musicales qui font le charme de cet album.

Je décide de prendre une place assise en balcon, je ne vais de toute façon pas rester debout toute la journée, et puis peut-être que le son est mieux en haut au fond de la salle.

Ally The Fiddle (13:32 - 14:33)

Nous revenons en terres germaniques avec le second groupe de cette journée, Ally The Fiddle. Ally The Fiddle est le projet de Ally Storch, qui officie à la voix, mais surtout joue du violon (le fiddle est un violon à connotation populaire, et donc un instrument utilisé en musique populaire ou traditionnelle). Pour le reste, on reste en dominante métal avec deux guitares, une basse, et une batterie. De tous les réglages, ce sont ceux du violon, apparemment plus compliqués, qui nécessitent le plus d'attention. Ally distribue la setlist aux pieds de chaque musicien, et c'est parti pour un premier titre assez court. Le groupe jouera ensuite en second titre un morceau de Jerry Goodman (violoniste jazz/rock et membre du Mahavishnu Orchestra). C'est une première depuis le premier concert de ce festival, Ally annonce chaque titre avant que le groupe le joue, et donne des explications si nécessaire. C'est en allemand, je ne suis pas sûr de tout comprendre, mais rien que pour cela merci.

Ally The Fiddle Artrock IV
Photo Iris Winkler

Pour moi (et pour beaucoup je suppose) le violon véhicule une image romantique de musique classique. Le contraste provoqué entre la violoniste en jupe noire, aux longs cheveux blonds qui descendent aux genoux, et ses compagnons métalleux, est irrésistible. Je suis bluffé par ce mélange inhabituel. La longueur des cheveux de Ally ne l'empêche nullement de rivaliser avec les autres membres du groupe sur je jeté-épaulé de chevelure complète. Comment fait-elle ? Keine Ahnung comme diraient nos amis allemands. Les titres s'enchainent, entre autres 'Something Going Wrong' de Joe Satriani et 'The Crumbling Autumn'. Je suis emporté par la virtuosité et l'énergie qui se dégage de cette artiste. La violoniste joue avec Diemo en une sorte de battle percutante où chacun se répond tour à tour. C'est excellent et jouissif. Il y a une belle complicité dans ce groupe, cela se voit. Nous avons ensuite droit à un beau duo guitare/batterie, ça pète, les notes jaillissent, c'est une très belle surprise là aussi. Ally change ensuite de violon pour un fiddle à cinq cordes "spécialement fait sur mesure pour elle" précise-t-elle. Et c'est reparti pour plusieurs titres, dont un 'Don't wake me up', morceau sur lequel la chanteuse donnera de la voix pour la première fois.

Ally the Fiddle Artrock IV
Photo Andreas Tittmann

J'ai été vraiment été conquis par ce groupe. Les maitres mots de ce concert sont énergie, vivacité, originalité, punch, complicité. Du tout bon. Et pourtant je ne suis pas vraiment fan de métal.

Credo (15:20 - 16:20)

Petit changement de tenue pour Mark après installation du matériel et les réglages de rigueur, et le quintette anglais commence le premier titre ('Round and Round') d'où se dégage une ambiance assez angoissante. D'emblée la musique de Credo, que je découvre, me fait penser au Marillion des années Fish. Les deux claviers de Mike, ainsi que la guitare de Tim sont très présents et mis au premier plan, ça change un peu du tabassage de batterie. Après 'Staring at the sun', Mark explique qu'ils se sont levés à cinq heures du matin pour être là, et annonce 'Too late to say goodbye', un titre "en mémoire aux victimes de la première guerre mondiale, une leçon que nos politiciens ne veulent jamais vouloir retenir". Les titres s'enchainent, notamment un titre "dans la veine de Supper's ready ou Grendel", avec un chant de une à trois voix, et le groupe finit en feu sous une ovation du public. Il va falloir que je me penche sérieusement sur ce groupe. En tout cas, si vous êtes fan de Marillion de la première heure, ce groupe est sûrement fait pour vos oreilles.

Credo Artrock IV
Photo Andreas Tittmann

SBB (17:34 - 18:50)

Au petit jeu des réglages interminables, c'est au tour des batteries de gagner le concours de durée. Il faut dire qu'il y a deux jeux de batteries pour SBB, nous comprendrons plus tard le temps mis pour effectuer le sound check. Uwe Treitinger est très fier et très honoré de pouvoir présenter pour la première fois en Allemagne le line-up original composé de Jerzi Piotrowski, Apostolis Anthimos et Josef Skrzek. Le public ne semble pas s'y être trompé, la salle est maintenant comble. Silesian Blues Band, appelé ensuite Szukaj, Burz, Buduj, est un groupe progressif polonais dont les origines remontent à 1971, et à ce jour inconnu pour moi. Josef, le chanteur principal, est entouré de trois claviers. Jerzy est à la batterie, Apostolis à la guitare.

SBB Artrock IV
Photo Andreas Tittmann

Josef ayant pris une basse qu'il joue derrière le plateau des claviers, dos au public, le concert commence en mode batterie et guitare. Est-ce une impro, ou un morceau de leur répertoire, je ne saurais dire. En tout cas, ça maitrise à mort dans un registre très rock. Pour le second titre, Josef garde sa basse en bandoulière et joue des claviers en même temps. La boule à facettes géante se met à scintiller. Jerzi, qui a revêtu des gants noirs, est bien mis en valeur par de nombreux flashs qui englobent son set de batterie. Les premiers titres de ce concert ont une teinte très très rock, avec des emballements soudains qui corsent d'un coup la ligne musicale, il faut aimer. En tout cas, là encore, rien à dire. Je ne peux qu'écouter et rester attentif, ces hommes forcent le respect. Le concert bascule ensuite sur de longues nappes de Moog et de claviers, répandant des ondes calmes et atmosphériques dans le public. Le silence règne dans la salle, qui semble vraiment captivée. Là encore, longues improvisations ou titres existants, je ne peux dire. Il ressort de ces soli de claviers une sorte d'apaisement et de calme qui ne semble jamais finir, et qui peut être vue comme lassante pour ceux qui n'aiment pas trop les claviers. Personnellement j'en reste bouche bée. C'est au tour de Jerzi de mettre le feu sur scène avec de longues minutes de solo de batterie endiablée. Combien de temps cela dure je ne saurais plus dire. Dix minutes ? Vingt minutes ? Plus cela dure et plus je m'attends à voir Josef craquer, voir son corps abdiquer face à l'effort qu'il fournit. Il grimace, sue à grosses gouttes, j'en retiens mon souffle. Impossible de décrire ces minutes, en tout cas je suis persuadé que nous vivons un moment d'anthologie. Jerzi a soixante-six ans. La performance qu'il fait est pour moi hallucinante.

SBB Artrock IV
Photo Iris Winkler

Après une ovation méritée pour Jerzi, Apostolis, qui revient sur scène sans sa guitare, s'assied au second jeu de batterie. Et c'est reparti cette fois pour un dialogue de percussions entre Jerzi et Apostolis. Comment dire ? Rien de plus, il fallait être là. Je n'ai pas vu Jerzi boire une seule goutte d'eau depuis le début du concert.
Le clavier revient ensuite coiffer les batteries qui se refroidissent et annoncent la fin du concert. Le public a été silencieux et attentif de bout en bout, comment pourrait-il en être autrement ? C'est bien sûr une ovation pour les polonais qui effectuent un rappel, Josef entame un nouveau morceau à l'harmonica, toujours en mode rock bien sûr. Le morceau finira dans un maelström musical (improvisé ?), en un mélange de rockabilly et de free jazz. Le public ne veut pas les laisser partir, ils reviennent saluer plusieurs fois avant de s'éclipser définitivement. Je n'ai rien de plus à dire sur ce concert. Respect total pour ces messieurs. Maintenant je connais SBB. Les recherches ultérieures effectuées sur le net me montreront que je n'ai pas pris la mesure de ce groupe mythique du rock progressif des années 70, qui a partagé la scène avec, entre autres, The Soft Machine, Elton John, Colosseum II ou Bob Marley. L'épopée SBB continue encore aujourd'hui.

SBB Artrock IV
Photo Andreas Tittmann

Je fais connaissance avec mes voisins de fauteuils. Mon voisin de gauche, dont j'ai oublié le prénom, est boulanger-pâtissier, et à ma droite se tiennent Joris et sa femme. Joris est contributeur RH bénévole sur dprp.net. Ils sont tous trois étonnés de me voir là. Nous discutons rock progressif français, art et finesse de la viennoiserie nationale, festivals de rock progressif en France, difficultés à gérer des chroniqueurs existants et recruter d'autres potentiels. Je ne sais pas si c'est parce que Lazuli est venu jouer à la Bergkeller, en tout cas lorsque l'on parle rock progressif français, le nom qui vient spontanément à l'esprit des allemands est Lazuli. Ils me demandent s'il y a des festivals de rock prog en France, j'en profite pour faire un peu de pub. J'apprends que Stern Combo Meissen, groupe qui se prépare sur scène, est apparemment un des seuls groupes allemands restants originaires de la DDR, et qu'il va jouer Les tableaux d'une exposition de Moussorgski.

Stern Combo Meissen (19:56 - 21:25)

Nouveau ballet de plateaux sur roulettes, le matériel amené sur scène est impressionnant. Jugez plutôt : six claviers, deux Moog, une basse, une cloche tubulaire, un gong, un jeu de batterie, un jeu de percussions. Renseignements pris, la fondation de Stern Combo Meissen remonte à 1964. A l'instar de SBB, nous avons là un groupe qui remonte aux origines du prog rock, contemporain des Yes, ELP, Pink Floyd et consorts de la première heure. Je comprends maintenant mieux le nom Artrock apposé à ce festival. SCM est formé de cinq musiciens : Martin aux percussions, Frank à la batterie, Manuel et Sebastian aux claviers, et enfin Axel à la basse.
Les premières paroles de Manuel résonnent sur les notes de Moussorgski, gros frissons. J'adore quand de tels ponts entre différents styles sont faits, surtout entre le classique et le rock, à priori pas faits pour se rencontrer. Et pourtant… Les claviers chauffent, Manuel a une voix irréprochable, c'est un bonheur d'écouter un tel titre revisité de façon magistrale. Là encore, ça cause sévère, mon dieu que c'est bon. L'impression du premier titre est confirmée par le titre suivant, 'Der Weite Weg', que je trouve juste superbe. Je m'interroge sur le son produit par ce groupe, et le fait qu'il n'y ait qu'une basse, aucune guitare électrique, y est sûrement pour beaucoup.

Stern Combo Meissen Artrock IV
Photo Andreas Tittmann

Le titre suivant terminé, Martin Schreier, seul membre fondateur du groupe présent, effectue un bref rappel de l'histoire du groupe. Les titres s'enchaînent, dont 'Licht in Das Dunkel', puis un titre au cours duquel Martin s'éclipse de la scène, et un autre dont je trouve qu'il est plus dansant, plus 'mainstream' dirons-nous. Je m'aperçois que les deux claviéristes sont mis face à face afin de pouvoir communiquer au mieux lors de l'exécution des morceaux. La virtuosité de Manuel, le chanteur principal, me bluffe : superbe voix, les doigts courent sur les claviers à n'en plus finir, le Moog gémit, est maitrisé à la perfection, alors que les genoux de Manuel plient, le corps se tortille et sautille sur un pied. Le titre suivant est joué en hommage à Thomas Kurzhals et Reinhard Fissler, deux anciens membres du groupe respectivement décédés en 2014 et 2016. Vient ensuite 'Der Kampf und der Südpol' après que Martin et Frank aient échangé leurs postes aux percussions-batterie.
Je trouve cette musique vraiment séduisante. Est-ce dû aux réglages ? Au fait d'entendre autre chose que de la batterie tabassée avec une guitare hurlante ? Je ne sais dire. C'est beau, tout semble à sa place, intégré dans le bon timing. C'est juste superbe. Je vais finir par me réconcilier avec les années soixante-dix. Martin présente tous les membres, pour lui cela fait cinquante deux ans qu'il joue dans ce groupe. 52 ans ! 'Die Sage' est joué en rappel. Cette musique est de la ouate après avoir entendu tous ces pics acérés de sons acides et rugueux. Tout le monde chante, le batteur fait son solo au cours du second titre de rappel. C'est un triomphe pour ce nouveau groupe que je viens de découvrir. Là encore le niveau de maitrise de ce groupe m'a scotché. Messieurs merci pour ce beau moment.


Threshold (22:20 - 23:52)

Mais à quoi carbure donc Damian Wilson ? Toute l'équipe est en train préparer la scène et d'effectuer les réglages pour le concert de Threshold lorsque surgit sur notre droite un homme barbu, baraqué, bondissant entre les sièges, enjambant les travées de fauteuils comme un cabri, serrant les mains et lâchant quelques mots rapides à chacun. Il passe tout près de nous et avec un air fautif de petit enfant qui nous met dans la confidence lâche un "Faut que je me dépêche, je suis vraiment en retard, ils m'attendent en bas, par contre il faut que je vous vois et que je me rende compte de votre présence, que je vois comment c'est au balcon". Gros éclat de rire, je suis surpris et je mets un peu de temps à réaliser que ce zébulon est Damian Wilson. Il réapparait quelques dizaines de secondes après sur la scène, déplace les retours comme s'il s'agissait de rocs pesant une tonne, ajoute une espèce de brique sous chaque afin de les rehausser. Drôle de zigoto que ce chanteur.

Threshold Artrock IV
Photo Iris Winkler

Avec le premier titre, on retourne dans des eaux beaucoup plus métal, avec les basses et le tabassage qui va avec. En tout cas Damian a du charisme, avec lui ça déménage sur scène. Premier aller retour dans la foule, il remonte sur scène, demande au public de taper dans ses mains, sort de scène, joue à aller se cacher en coulisses, revient, bref il court partout. Le titre suivant, 'Oceanbound', vient de commencer alors que je remarque le jeu de batterie - minimal comparé au précédent - sur lequel joue Johanne. Damian se met à redéplacer les retours de son. Ce n'est pas possible, il a pris un truc avant le concert ! Maintenant il s'adresse à tout le monde : "Come on ! I want to see you all ! I want to see a screaming and shouting audience !" Descente du côté droit de la scène, nouveau bain de foule, ce coup-ci il monte debout en équilibre sur les balustrades et invite tout le monde à taper dans ses mains, à danser. Remontée des escaliers du côté gauche pour arriver sur la scène. Vous avez intérêt à ne pas le quitter des yeux une seconde, sinon il y a de grandes chances que vous le perdiez de vue. En tout cas le contraste avec le concert précédent est total. Les titres s'enchainent. Ses compères ne sont pas en reste et assurent autant que lui : Johanne fait tourner ses baguettes entre chaque coup de cymbale, Karl chauffe à blanc sa guitare, ses cuisses, ses genoux et ses chevilles, Pete en fait de même, Steve et Richard sont moins démonstratifs mais tout aussi efficaces.

Threshold Artrock IV
Photo Iris Winkler

Le son est redevenu très lourd, et je me demande à ce moment quel est le réel intérêt de balancer autant de décibels où l'on a du mal à distinguer clairement chaque instrument. Pourquoi envoyer systématiquement le lourd et le bien gras ? Ce coup-ci Damian sort un pack et prépare une bouteille d'eau pour chacun. C'est bien cela, il ne tient pas en place une seconde. Quelques mots pour dire qu'il ne possède pas grand chose, mais que quand il est sur scène il doit tout posséder. Il veut alors reposer le micro sur son pied, mais ne le trouve plus. Nouvel arpentage de scène. Il retrouvera le pied en fond de scène non sans s'être accroupi pour regarder s'il n'est pas caché sous le plateau du clavier. Une majorité des titres du dernier album sont en fait joués pendant ce concert. Entre deux titres Damian annonce le concert suivant de Pendragon et conseille de ne pas les manquer. Quittant de nouveau la scène, il court ce coup-ci vers le fond de la salle, on le retrouvera au niveau du balcon quelques secondes après. Le temps d'un nouveau titre, et il harangue de nouveau le public : "Come on ! I want to see the white of your eyes ! Let's sing together !" Il descend dans la fosse et chante maintenant entouré du public. Nouveau teasing pour Pendragon : "Ces mecs sont fantastiques, croyez-moi je serai là à regarder Pendragon avec vous !" Le concert continue dans la même veine jusqu'au dernier titre.

Threshold Artrock IV
Photo Iris Winkler

C'est la première fois que je vois Threshold et Damian Wilson en concert. Imaginez Chabal sous amphéts qui aurait ingurgité un morceau de marsupilami, de springbok et de Jango Edwards. Un personnage indubitablement attachant, qui aime la scène et le public. J'ai beaucoup parlé du chanteur, mais l'énergie était partout sur scène et dans le groupe. Et je reste toujours partagé sur les réglages son.

Setlist
Mission Profile
Oceanbound
Ashes
The Box
Turned to Dust
Lost in Your Memory
Long Way Home
Pilot in the Sky of Dreams
Watchtower on the Moon
The Art of Reason
Slipstream


Pendragon (00:50 – 02:25)

Pour ce dernier concert, je redescends du balcon pour m'installer sur une balustrade juste derrière la fosse. Il est aux alentours de minuit quand la scène se reconfigure pour la dernière fois dans ce festival pour Pendragon. Pendragon, un des piliers du neo-prog des années 80 avec IQ, et à la longévité sans failles, est finalement le seul groupe du festival que j'ai déjà vu sur scène. La aussi le staff est conséquent, il faudra patienter une petite heure de réglages et de mise en place avant que le concert ne commence.

Pendragon Artrock IV

Nick demandera plusieurs fois au cours des deux premiers titres quelques petits réglages de son, avant d'entamer Paintbox, valeur sûre en Live. Je m'aperçois qu'une grosse partie du public est parti, sûrement à cause de l'heure tardive. Le pic d'affluence du public allemand aura sûrement été atteint lors des interventions de SBB et Stern Combo Meissen. Nick prend la parole, s'excuse pour l'heure tardive, et annonce la tournée européenne du groupe à l'occasion du vingtième anniversaire de l'album The Masquerade Overture. Christina (ndlr Christina Booth, chanteuse de Magenta) et Verity accompagneront le groupe tout au long de cette tournée. Elles sont un peu en arrière plan, robe en satin vert et crinoline noire, chapeau et grosses lunettes noires sur la tête, et accompagnent Nick au chant. En tout cas elles respirent la joie et la bonne humeur : courtes plaisanteries entre elles, sourires complices et rigolards avec Nick, coups d'œils et regards joyeux avec les coulisses, elles prennent elles aussi du plaisir à être là. Quant à leurs interventions vocales, entendre leurs superbes voix à l'unisson n'est que du bonheur. Les titres s’enchaînent, je savoure encore une fois ce concert et les lignes mélodiques de guitare de Nick, qui chantera la version acoustique de King of The Castle. Il s'amuse plusieurs fois avec le public en essayant quelques phrases en allemand, et en jouant avec le mot Schalplatte, qu'il utilise depuis maintenant quelques années quand il est en concert en Allemagne, et dont il se demande s'il est encore adapté. 'Face of Light', 'Stargazing', 'Come Home Jack' sont notamment joués. A ma surprise, Peter à la basse agrémente quelques titres d'accords tirés d'un clavier mis à sa disposition sur la gauche de la scène. Le concert finit avec les molosses aboyants de 'Indigo'. Le petit groupe de fans qui reste devant la scène demande un rappel, nous ne sommes vraiment plus nombreux. La formation reviendra pour clôturer ce festival avec 'Masters of Illusion' et remercier tout le monde. Nick annonce en forme de boutade qu'il est maintenant temps de prendre le petit déjeuner avant de repartir chez lui. Il est 2h25 du matin. Damian est toujours là au pied de la scène, verre posé près des retours, et continue de discuter avec les personnes encore présentes. Son enthousiasme, sa bonne humeur et son ouverture aux autres ne l'ont pas quitté. J'en profite pour faire une petite photo avec lui. La fête est finie, j'ai heureusement tout le dimanche pour repartir en Alsace après une courte nuit.

Ce Festival à Reichenbach a été l'occasion de découvrir et de voir sur scène pas mal de groupes que je ne connaissais pas, ou que je n'avais jamais vu en Live. Comme vous avez pu le constater, il y a toujours de bonnes surprises à la clé. En ce qui concerne le son, je dois être trop vieux (ou trop difficile) pour supporter le tabassage et le poutrage de décibels. Le fait est que j'ai eu du mal avec les haut-parleurs. Ce festival a aussi été un bon mélange d'artistes issus de différentes générations du prog, il permet d'aborder l'histoire du prog sur plusieurs dizaines d'années. C'est sûrement un peu caricatural, mais je ressors de ce festival avec l'impression d'avoir vu une jeune génération très orientée métal progressif, et des anciens jouant une musique plus éclectique, plus variée, plus fouillée. Est-ce que le rock progressif du début du 21e siècle est en train de prendre un virage très métallique ? On a tout lieu de le penser. En ce qui concerne le public de progressif, ce n'est pas un scoop de dire que la tranche d'âge est largement dévolue aux quinquas. J'aurais aimé voir beaucoup plus de jeunes dans le public, très majoritairement allemand, il en est ainsi. La programmation y est sûrement aussi pour beaucoup. J'aurais aussi aimé plus de communication, d'explications, ou d'anecdotes de la part des groupes, mais le timing devait être serré pour eux. Je n'ose pas imaginer l'heure à laquelle Pendragon aurait terminé si Personal Signet avait été présent. C'est dommage pour la bande à Nick d'avoir eu si peu de monde.

Alors nous attendons maintenant avec impatience le Artrock Festival V. L'organisation n'a pas voulu nous dévoiler ses plans pour le futur, leur réponse a été "Chut, c'est un secret !". Le numéro V de ce festival est d'ores et dèjà annoncé sur trois jours en 2017, avec notamment Lazuli, Carl Palmer, 7STTGD. Vous savez ce qu'il vous reste à faire.

Un grand merci :
- Aux photographes présents et qui ont accepté de partager leurs photos dans ce Live Report :
Iris Winkler : les photos sont disponibles ici .
Andreas Tittmann : https://www.facebook.com/andreas.tittmann.3
- A Uwe Treitinger, qui a bien voulu répondre à nos questions.
- A toute l'organisation pour ces deux jours pleins de musique. Nous espérons que les risques pris pour que ce Festival ait eu lieu ont été couronnés de succès.

Laurent.

Rédigé par : Laurent