Titres
Patrick Kliesch [chanteur,guitariste], George Dobbs [chanteur,clavier], Robert James Pashman [chanteur,bassiste,clavier], Eric Pseja [chanteur,guitariste], Bryan Zeigler [chanteur,guitariste], Rob Durham [batteur,percussions]
Ones & Zeros Volume 0 est le second volet de Ones & Zeros Volume 1 sorti en 2015 par les américains de 3RDegree. D'abord le Volume 1, et ensuite le Volume 0. Pas très logique, me direz-vous. Après tout ce ne sont que des zéros et des uns, à l'image des informations stockées en vrac sur un disque dur, et ce n'est finalement pas si important que cela. Avec ce second CD les américains continuent d'exploiter leur idée basée sur un monde complètement digitalisé, virtuel, sous contrôle, et finalement assez déshumanisé. Addiction au numérique, absence de relations humaines, robot-compagnon à l'intelligence artificielle sensé combler tous nos vœux et désirs, futur pas très réjouissant, ravages de la boulimie des écrans et des réseaux sociaux, conception de bébés à la carte dans ce qui est devenu le meilleur des mondes sous emprise du "business as usual". Ni plus ni moins que de grosses interrogations sur le devenir de notre humanité, ainsi que sur désillusions que toutes ces digitalisations en tout genre peuvent, ou nous ont finalement apporté.
C'est Jean-Christophe qui a découvert ce groupe, et chroniqué la première partie de cette histoire, et je dois bien avouer que sans cela je n'aurais jamais connu ce groupe à la musique assez déroutante pour moi, car en fait je n'y trouve aucun repère connu. Je ne peux écouter tous les albums arrivant à la rédaction, et j'effectue parfois des choix un peu à l'aveugle. La surprise - bonne ou pas - est donc toujours au rendez-vous.
Réunion de tournée 2018
La musique jouée par le sextette prend son temps, avec un tempo souvent assez lent et des instruments qui ont le temps de s'exprimer individuellement. Le mot qui me vient est minimaliste. Pas dans l'acception contemporaine que certains y verraient, mais dans le sens où il ne semble rien y avoir de superflu. Ici pas de débauche de notes, de soli endiablés et de couches sonores empilées simultanément par les différents instruments. L'image que j'en ai est en fait une suite de séquences où chaque instrument prend la main, attendant patiemment que le précédent finisse, sans vraiment savoir quelle direction la musique va prendre. Nous sommes souvent en mode couplet refrain, mais cela n'enlève rien au caractère unique de cette musique. Vous entendrez quelquefois des claviers assez années 80 ('Re1nstall 0verture'), des parfums de Genesis années 70 ('The Future Doesn't Need You', 'Olympia'), des chœurs dispersés dans tous les titres, un titre un peu plus dense et plus remuant dont certaines séquences vocales m'ont fait penser au dernier Beardfish ('Unintended Consequences'), très sûrement en partie dû par le timbre de la voix. Beaucoup d'influences assez variées en fait. Rajoutez-y un titre tryptique fleuve de quinze minutes ('Click Away!') dont les paroles sont uniquement disponibles sur le site de cette fameuse entité qui contrôle tout. Des paroles qui contiennent elles-mêmes des liens comme, par exemple, des conseils sur comment s'impliquer et soutenir la scène musicale de sa région. On l'a compris, nos compères américains semblent habitués à associer leur musique avec des messages politiques, et en faveur d'un élargissement à la réflexion et à l'ouverture à la culture en général.
Je ne sais pas si je vous ai donné envie d'écouter ce second volet musical, cette chronique étant assez périlleuse pour moi en termes de repères musicaux. Je ne peux en fait pas trop conseiller cette musique en fonction de profils particuliers de progheads. Le mieux est que vous l'écoutiez, ensuite vous verrez si vos cages à miel en redemandent une louche ou non.
Vidéo :