Titres
Formation en 2001
Rodrigo Sepúlveda [guitariste], Juan Pablo Gaete [clavier], Felipe Candia [batteur], Israel Gil [chanteur] depuis 2020, Daniel Concha [bassiste]
Aujourd’hui, je m'apprête à vous proposer un parallèle hasardeux entre deux albums que tout semble pourtant séparer. Le premier fut composé en France entre 1992 et 1993 par un groupe britannique bien connu, le second en 2016 par des chiliens moins célèbres. Le premier fut inspiré d’un fait divers, un concept album qui reste une référence, et dont ils ont réalisé un film peu après. Le second, ancré dans un imaginaire futuriste, risque également de marquer son époque et mériterait une production visuelle.
Voici donc le double concept album de Aisles, Hawaï, qui nous raconte la vie dans des colonies spatiales après la destruction de la Terre. Un prétexte pour aborder des sujets très contemporains transposés dans un futur hypothétique.
Par opposition à leur précédent album 4:45 AM qui partait dans toutes les directions, Hawaï maintient durant une heure et vingt minutes un cap musical très cohérent. L’exception, car il en faut toujours une, viendra de leur single ‘Club Hawaï’ que Goldy vous avait présenté il y a quelques temps. Hawaï se compose de douze pistes assez homogènes dont la plus courte excède à peine deux minutes, et la plus longue, ‘CH-7’, dure six fois plus longtemps. De grandes sections instrumentales où basse, batterie, guitares sont mises en valeur, quelques bruitages et voix enregistrées comme sur ‘Club Hawaï’, plusieurs voix qui se partagent le microphone et une musique spatiale, cinématique, progressive, latino, jazzy, électro qui ne cesse de surprendre.
Pourquoi comparer Brave de Marillion et Hawaï de Aisles ? Vingt deux ans séparent les deux sorties, l’un parle du monde réel, l’autre vogue dans l’espace intersidéral. Pourtant ces deux albums procurent la même impression : un concept qui prend son temps, expérimente, s’affranchit des règles du genre, vous immerge dans son récit que vous n'abandonnez qu’à regret à la dernière seconde. Tout deux semblent aisés d’écoute et ne séduiront pas que les prog-heads. Il s’agit pourtant bien de progressif dans les deux cas. Le chant lancinant, presque parlé, suivant une ligne mélodique inhabituelle, pourra déstabiliser les premières secondes mais, bien vite, vous entrerez dans cette écriture qui deviendra naturelle.
C’est sur une explosion de batterie et guitares que s’ouvre le concept album, pour basculer presque aussitôt sur une musique cinématique. Une introduction instrumentale de plus de deux minutes qui laisse place au chant récitatif à deux voix. Sons électroniques, touches de guitares, piano et une rythmique variée alternent avec quelques poussées d'adrénaline parfaitement contrôlées. Puis, à plus de la moitié de la pièce, un brillant instrumental prend la relève, mélange savant de latino progressif jazzy éblouissant. Et ce n’est qu’un aperçu de ces douze pièces magnifiques. Je pourrais citer encore ‘CH-7’, ‘Terra’ ou ‘Club Hawaï’, mais en réalité, tous les morceaux sont indissociables de l’album, uniques et liés entre eux.
Aisles nous offre un chef-d'œuvre qui rivalise sans craindre de rougir avec Subterrannea ou Brave. Il ne lui manque que l’image pour devenir légendaire : un live, un film, les deux ?
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