Titres
Formation en 1991
Nicklas Barker [clavier], Jan Eric Liljeström [], Ana Sofi Dahlberg [clavier,violoncelle], Peter Nordins [batteur,percussions]
Invités :
Per Wiberg: Orgue sur ‘Shooting Star’
Theo Travis: Flûte sur ‘If It All Comes Down To You’ et ‘Until All The Ghosts Are Gone’
Marty Willson-Piper: Lead guitare, guitare électrique et acoustique12-string sur ‘Until All The Ghosts Are Gone’
Gustav Nygren: Saxophone sur ‘Our Days Are Numbered’
Huit ans ! Ça faisait huit ans qu’on attendait le successeur de A Time Of Day !!!
On avait même fini par se dire que le groupe n’existait plus, pensez-donc, Anekdoten, le dernier champion du renouveau prog suédois des années 90, avec ce son old school, ultra 70s, stratosphérique, mélancolique jusqu’au fond des âmes… Bref, nul n’avait oublié ce groupe à l’importance historique, à l’inspiration haut perchée, et à l’indépendance créatrice portée en modèle…
Untill All The Ghosts Are Gone arrive comme l’arlésienne, succédant à un album étonnamment lumineux lorsqu’on connaît la disco du quatuor . Certains annonçaient le déclin, envisageant cette lumière apparente comme un essoufflement, ou un glissement inexorable vers les visées commerciales. Les autres se réjouissaient d’un vent d’air frais, tant les atours pop redonnaient vie au son si particulier et reconnaissable de la bande à Nicklas Barker... Entre temps, depuis, ce dernier avait joint, voire initié, le collectif instrumental My Brother The Wind, tout en s’octroyant une bande originale de film d’angoisse, plutôt réussie, vintage en diable…
Voici donc ce sixième opus, au visuel semblant renouer avec l’inquiétude profonde des albums antérieurs, avec cette vieille demeure aux allures néo-gothiques, laissée à l’abandon, rappelant fortement les ambiances de la Hammer, firme anglaise de films d’épouvante dans les 60s et 70s…
Quid de la musique ?
Dès l’ouverture le groupe frappe très fort, offrant parmi les meilleurs morceaux du disque, voire de leur discographie ; une pièce longue, articulée, progressive comme peut être jamais, et augurant une liberté de création retrouvée. Ce titre aurait pu se prolonger sans le moindre souci tant il est splendide. ‘Shooting Star’, donc, inaugure un retour en fanfare, que le deuxième morceau, pourtant plus ramassé, confirme. En effet, ‘Get Out Alive’ change de registre, pour une langueur toute puissante, au couplet magnifique ; aérien, majestueux, formidable. On se dit qu’on détient peut être là un album majeur !... Et puis, un creux s’annonce, qui va malheureusement se prolonger, jusqu’à pratiquement la fin de l’album. Pour la moitié de celui-ci, pour tout dire. Les trois plages suivantes reprennent le versant le plus balisé du groupe, des ballades mid tempo, qui malheureusement se succèdent et se ressemblent, sans grande originalité. C’est bien fait, c’est calme, mais c’est un peu facile… Dommage, tant la teneur a été, jusque là, à son meilleur… Untill All The Ghosts Are Gone est un disque court, c’est peut être son défaut, cette fois-ci… Il ne renoue avec l’excitation (à mon goût) que pour le morceau qui clôt l’aventure, mais de belle manière. Our Days Are Numbered se rapproche un peu de la noirceur des tout débuts d’Anekdoten, ces accords semi dissonants, ces montées hypnotiques, quasi magmaïennes, s’intensifiant jusqu’au paroxysme. Là aussi, ce morceau, pourtant excellent, méritait de durer, pour laisser déchaîner les forges de l’enfer, comme ils ont si bien su le faire. Ceci dit, il laisse l’auditeur sur une bonne impression, ce qui est un bon choix.
Les parties respectives des musiciens, évidemment, sont comme à leurs habitudes excellentes, les sonorités reconnaissables entre mille, et pour le plus grand plaisir de tous. Guitares en arpèges, saillies crimsonniennes, basse touffue, mellotron impérial, batterie simple mais solide et groove. Le chant est particulièrement pris en charge par Barker, laissant Liljeström plus en retrait, cette fois-ci. Quelques nouveautés émaillent l’œuvre globale ; des chœurs (splendides, forcément tant l’art harmonique est le fort du groupe), un solo très volubile de guitare, les invités avec le saxophone (inédit jusqu’ici) de Gustav Nyren, les flutes de Théo Travis, la guitare de Martin Wilson-Piper, qui font merveille, rehaussant l’intérêt des morceaux.
Mais le sentiment mitigé l’emporte, malgré tout, car on était en droit d’attendre un disque plus percutant, plus marquant, plus audacieux du point de vue des compositions, après une si longue absence. Peut être est-ce le fruit de notre impatience, de la mienne tout simplement ? En partie seulement. Entendons-nous bien, il n’y a aucune faute de goût à pointer, mais… comment dire ? On reste un peu partagé, sur sa faim. Encore une fois le milieu de cet album est un peu sage et occupe une trop grande partie de ce disque. Trois pièces à la suite, de cet acabit n’étant pas un choix judicieux, de mon point de vue, une alternance aurait peut être mis l’album un peu plus en valeur, ce qui en fait, à mon sens, un disque inégal...
Ceci dit, son accueil général est absolument dithyrambique, et nous ne sommes que très peu nombreux à être restés un peu tièdes… Voilà au moins, quoiqu’il en soit, de quoi renforcer l’envie de prolonger, pour Anekdoten, ce qui est évidemment une très bonne nouvelle. La suite se devra d’être d’exception…
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