Titres
Valérie Cooreman [bassiste], Magali Roba [chanteur,violon], Patrice de Matos [guitariste], Brice Prevel [batteur], Uli Schadeck [guitariste]
Un groupe mené par une bassiste, cela ne court pas les rues convenez-en. Il faut se rendre à Bruxelles pour les découvrir.
Si la basse semble aux commandes de Brilliant Trees, le groupe ne nous assène pas d’avalanches rythmiques infernales mais propose une pop alternative teintée de trip hop et de progressif, chantée en anglais comme en français par la jolie voix de Magali. S’inspirant de nombreuses mouvances, le quintette reste libre, composant au gré de ses envies.
Dès le premier morceau en deux parties, ‘I Know’, nous découvrons une musique équilibrée entre rythmique, voix et guitares où flottent quelques nappes de claviers, un titre planant cadencé qui figurerait sans mal dans le top d’une radio nationale. Les structures couplet refrain parfaitement rodées accrochent immédiatement comme dans ‘Running Ragged’, cachant des trésors de guitares que l’on pouvait écouter dans le ‘Quartz’ de Marillion.
Alors que nous croyions voguer sur la pop alternative de ‘In You’, basse et guitares se jouent de notre oreille à la moitié de la traversée, nous dévoilant de nouveaux horizons bien plus exotiques. Comme la basse et la batterie mènent tout de même la danse (‘We Will Survive’, ‘Illusions’), il faut prêter attention pour découvrir les trésors de guitares que prodigue Patrice, des notes en arrière-plan, magnifiées par une production limpide. ‘The Hole’ nous étonne, jouant l’enfant de Björk et Gainsbourg, tout particulièrement sur la version radio edit que je trouve encore plus efficace que la version originale.
C’est à partir de ‘Vendetta’, aux airs orientalisants, que Magali troque la langue de Shakespeare pour celle de Molière, un très beau titre entre Noir Désir et Zazie, pop rock, poursuivant avec ‘De l'inconvénient d’être’ et ‘Memoria’, le ventre mou de Running Ragged, peut-être trop chansons à texte en comparaison des autres pièces plus musicales.
L’album ne contient qu’un seul instrumental trop bref, le ‘November’ où l’on peut pleinement goûter au dialogue entre guitares, basse et batterie. La très belle surprise revient à ‘Why’, où le chant devient masculin avec Mihai Imbarus au micro et Magali aux chœurs, où la musique flirte avec la soul quand les sirènes viennent hurler dans la nuit de novembre, le seul titre de l’album approchant les sept minutes.
Si j’avoue m’être perdu quelques minutes dans ‘De l'inconvénient d’être’ et ‘Memoria’, soit deux treizièmes de l’album, je confesse également avoir été piégé par tous les autres morceaux, du plus progressif ‘I Know’ aux dentelles de guitares de ‘We Will Survive’ jusqu'à l’excellent ‘Why’. Des textes façon Noir Désir, une musique teintée de trip hop (‘Illusions’) et de prog (‘I Know’), Running Ragged offre tout une palette d’univers musicaux à découvrir d’urgence.