Titres
Formation en 2015
Si vous connaissez le groupe italien de rock progressif Taproban, vous connaissez probablement son bassiste/guitariste Roberto Vitalli. Et si vous connaissez Roberto, peut-être avez-vous entendu parler de Ellesmere Project et de ses trois albums. Ellesmere est un projet dans la plus pure tradition du rock progressif symphonique italien. Et en Italie, on ne parle pas de rétro-prog, mais bien de rock progressif, attention !
Après avoir visité les châteaux de la Loire, plongé dans l’océan, Ellesmere nous livrait Wyrd, un album de trois quarts d’heure et cinq titres, entre Genesis, Yes, Van Der Graaf Generator et Tim Bowness. Sur Wyrd vous entendrez du beau monde : Mattias Olsson (Änglagård, White Willow), Tomas Bodin (The Flower Kings), David Cross (King Crimson), John Hackett, David Jackson (Van Der Graaf Generator, Osanna), Tony Pagliuca (Le Orme), Luciano Regoli (Raccomandata Ricevuta Ritorno), Fabio Liberatori (Loy & Altomare, Lucio Dalla, Ron) ainsi que Giorgio Pizzala.
La pochette signée Rodney Matthews rappellera à certains celles de Yes, mais ne vous attendez pas à un cover rétro-prog pour autant. La musique de Ellesmere, même si elle propose quarante-trois minutes de prog symphonique, ne ressemble qu’à Ellesmere. Les claviers abondent et oubliez les mélodies faciles à retenir, dans Wyrd règne le changement de rythme, la richesse instrumentale et la composition à tiroirs de la fin des seventies.
Si les deux premières minutes de l’album pourraient faire songer à de la musique classico/cinématique, très rapidement ‘Challenge’ bascule dans un prog symphonique tonitruant rejoint par le chant au bout de cinq minutes. Une multitude d’instruments enrichissent la formation progressive, et vers la fin le titre ressemble à du Yes devenu totalement fou.
L’instrumental de six minutes ‘The Eery Manor’ semble puiser son inspiration dans le mouvement impressionniste, entre musique contemporaine et flûte à la Van Der Graaf Generator, avant de se laisser submerger par un flot de claviers aux couleurs bariolées. Un piano et une guitare délivrent le seul passage mélodique du titre quand la flûte et les claviers vous entraînent dans leur folie.
‘Endeavour’ ressemblerait presque à une chanson quelque peu tourmentée de Tim Bowness avant de continuer sur une symphonie de claviers à la Genesis et terminer comme un vieux titre de Yes et VDGG. Ellesmere aurait voulu jouer un medley en hommage aux seventies qu’il n’aurait pas pu faire mieux avec ce titre.
‘Ajar’ à l’ouverture martiale et à la guitare yessienne est troublé par le saxophone de David avant de s’embarquer sur des claviers “canard”, et si vous entendez ici ou là quelques voix, vous remarquerez que celles-ci sont jouées à l’envers dans la seconde moitié du morceau.
Le dernier titre porte bien son nom puisqu’il dure plus de treize minutes. Un grand format prog symphonique où les guitares sont nettement plus à l’honneur que sur les précédentes pièces. Est-ce parce qu’il prend son temps, parce que c’est le plus long, toujours est-il que ‘Endless’ semble plus facile d’approche malgré la profusion d’instruments et les revirements rythmiques.
Wyrd aurait pu être composé à la fin des seventies, à l'apogée, voir la décadence du rock progressif. Un album de tous les excès, particulièrement pour les claviers, dont il sera impossible de mémoriser plus de quinze secondes d'affilée, le genre d’album qui ne séduira qu’une minorité de progheads vieillissants. Le genre d’album que je considère d’ordinaire indigeste et qui pourtant m’a ébloui.