Titres
Formation en 2006
Empty Yard Experiment est un coup de cœur, et comme souvent, ce genre de rencontre est le fruit du hasard. Il y a quelques jours, un petit malin bien intentionné postait sur le groupe Neoprog de Facebook une vidéo de leur précédent album E. Y. E. Toujours curieux, et avide de nouveauté, j’y jette une oreille et accroche aussitôt d’où recherches. Je trouve bien vite leur Bandcamp où l’on peut écouter E. Y. E., mais également leur dernier album Kallisti dont nous allons parler ici. Ni une ni deux, je contacte le groupe, aussitôt dit aussitôt fait, nous recevons à la rédaction une version numérique de l’album et un dossier de presse copieux.
Qui est E. Y. E. ? Un groupe de Dubaï aussi surprenant que cela puisse paraître. Il est rare que nous voyagions ainsi avec Neoprog, l’Australie, les US, l’Europe, la Russie, une fois ou deux le Japon, mais Dubaï, c’est une première.
Leurs influences vont du métal au progressif tout en intégrant des motifs culturels venus de l’orient à leur musique. Ils oscillent entre post-rock ambiant et métal sans heurter les oreilles, offrant sur Kallisti une large palette musicale servie par une production hélas perfectible.
Ils sont cinq : Bojan Preradovic au chant et guitares, Mehdi GR aux guitares, Kaveh Kashani à la basse, Gorgin Asadi aux claviers et Josh Saldanha à la batterie, percussion et effets visuels. Depuis 2011 ils ont sorti E. Y. E., en février 2013 un titre GHHR (God Has His Reasons), tournant pour le groupe en termes d’écriture et en septembre 2013 ils commencent l’enregistrement de Kallisti qui sort le 15 mars 2014.
Kallisti compte quatorze titres ce qui est énorme mais quand on y regarde de plus près, presque une pièce sur deux est instrumentale et dure moins de trois minutes. S’il n’y avait le final “The Call” et ses presque dix minutes, nous aurions à faire à un album très court. Cette alternance long, court, instrumental, chanté, équilibre savamment Kallisti qui ne pâtit d’aucune longueur et s’écoute dès le début avec aisance.
Comme écrit plus haut, E. Y. E. utilise les mélodies orientales - serbes, iraniennes et indiennes - pour composer leur musique, en usant comme des épices, par petites touches. De même, ils parsèment les notes d’effets sonores, construisant autour des titres une atmosphère préparatoire habilement dosée. Le tout mélangé à un métal progressif pas si loin de Porcupine Tree, cela donne un résultat surprenant, envoûtant, un univers sonore connu et déstabilisant à la fois.
Leur arme n’est pas dans la technique, encore que lorsque l’on écoute Josh sur “GGGR” on se dit qu’il possède forcément quatre mains et trois pieds. E. Y. E. reste tout de même plus de l’école de Marillion que de Dream Theater, celle de la recherche de l’émotion dans le son, plus que dans la performance technique, et pour cela, ils sont très forts. Pour que mes joues se couvrent de larmes, il ne manquerait qu’une voix, celle de Bojan est belle mais ne crée pas de nœuds dans mon âme… Je sais, se suis incorrigible.
Les occasions de bien entendre Kaveh manquent un peu, la basse étant phagocytée par la batterie, attention il s’agit de mp3 320 (la misère peut venir de là), on peut l’entendre par chance sur “Red” par exemple.
Si je devais choisir deux titres, il y aurait “God Has His Reasons” qui sincèrement tient le haut du pavé et “Untitled” pour son côté oriental réellement magique. Si je devais en bouder un, ce serait “The Fall” qui est trop post-rock, et vous le savez peut-être le post et moi… alors neuf minutes trente...
Kallisti va vous faire voyager, un album majoritairement instrumental doté de couleurs sublimes un peu ternies par un mastering qui étouffe guitare et basse. Si vous aimez les influences croisées, les références orientales, des touches de post-rock, une atmosphère bien construite, allez sur Bandcamp découvrir cette merveille et plus si affinités. Le groupe sera assurément à surveiller de très près maintenant.