Titres
Formation en 2012
James Burns [guitariste], Ollie Snell [guitariste], Robin G. Breeze [bassiste], Joe Burns [batteur]
Membres additionnels
Calum McKemmie: violon
Dan Ball: vibraphone
Rob Milne: flute, clarinette
Guranfoe. Le nom plus que mystérieux du groupe britannique formé par ces quatre musicos originaires de Norwich laisse un peu perplexe. Ce nom semblant être inventé de toutes pièces, l'avantage est que vous tombez directement sur le groupe après l’avoir tapé dans votre moteur de recherche favori.
La pochette de ce premier album intitulé Sum Of Erda a été concoctée par John Hurford, septuagénaire qui se définit comme "artiste psychédélique", et qui a été très actif dans les milieux artistiques underground dans les années 60 (la pochette du dernier Ed Wynne, c'est lui). Ses œuvres sont aussi exposées au Victoria and Albert Museum en tant que digne représentant de la contre-culture des années 60. Un indice qui vous mène tout droit au type de musique jouée par nos futurs brexiters (ou pas). En tout cas c'est encore une fois une belle pochette qui fait penser à l'univers de Tolkien, et aussi à Heritage de Opeth pour l'arbre central et le feu brûlant.
En visitant le bandcamp du groupe, vous verrez que depuis 2012 Guranfoe a enregistré une pléthore de concerts, des concerts qui se caractérisent par des improvisations instrumentales en grande majorité. Et en écoutant ce premier court album, c'est aussi la grande caractéristique que l’on retient. L'impression de morceaux improvisés ressort de l'écoute des titres; en effet chaque titre est assez inclassable, sans aucune trame réellement identifiable, tout en étant virevoltant et pétri de nombreux revirements musicaux. Trois guitares et une batterie entourées de vapeurs psychédéliques et qui n'en font qu'à leur tête. A part 'Etsinta Visions', petit interlude tranquille et sobre basé sur un motif répétitif à la guitare sur lequel viennent se greffer vibraphone et steel guitare, le reste est vraiment inclassable, en dehors bien sûr du côté psychédélique et flower power.
'Eventide', avec sa flûte aux accents contemporains, puis plus folk, procure inévitablement un petit côté champêtre de bon aloi, sans oublier le vibraphone en accompagnement, son petit tic-tac fugace et son solo de guitare roots qui gratte bien, est une excellente entrée en matière. Le début de 'Night's First Light' vous révélera le côté fouillé, complexe et riche de la musique distillée par le groupe, avec des rythmes toujours en décalage et changeant constamment. A l'image de cette fin de titre où guitares, flûtes, basse et batterie se syncopent allègrement et se répondent joyeusement, on sent que nos compères s'amusent vraiment.
Le groupe devant le studio d'enregistrement The Crunch, installé dans un bunker de la guerre froide (Photo Sam Clarke)
'Karu Vatsarin' vous montrera combien la musique de Guranfoe est inclassable: des instruments dissonants qui semblent jouer chacun de leur côté une musique bizarre, pour finalement se rassembler éphémèrement et émettre quelques fulgurances psyché, avec un petit parfum de Doors déjà exhalé dans un titre précédent par la guitare électrique.
Avec 'Etsinta Harvest in the Thar Sands', dernier titre de cet album, les britanniques nous montrent combien ils savent triturer de toutes les façons un motif initial, pour en faire de savantes variations, imbrications et circonvolutions sur près de dix minutes alternant passages calmes et plus nerveux, avec pêle-mêle vibraphone ludique, ambiance pastorale avec pipeau, une petite touche d'oriental, et un climax vers six minutes où tous les instruments, entraînés par la guitare, s'emballent.
Il est assez difficile de trouver des informations sur Guranfoe. En tout cas avec ce premier album signé chez Apollon Records, gageons que la notoriété de ces brits grandira en dehors de l'Angleterre, et qu'ils franchiront un nouveau palier en termes de visibilité. C'est en tout cas tout ce qu'on peut leur souhaiter de mieux pour le futur.
Si, comme moi, vous n'avez pas forcément baigné dans l'effervescence musicale rock des années 70, Sum of Erda, mélange d'effluves libertaires et de modernité est un excellent compromis pour aborder en douceur ces années, et pourquoi pas, élargir ensuite votre culture musicale de cette période unique.