Titres
Formation en 2017
Noolysis, groupe créé en 2017 par quatre musiciens, tous étudiants dans la même école de musique, se définit lui même comme étant un groupe de Math rock aux teintes folk et progressives.
Si le groupe se compose du classique basse / batterie / guitare / chant, celui-ci se distingue par deux éléments qui font son originalité et lui assure à coup sûr sa place dans la famille progressive. Le premier étant l'utilisation de la harpe électrique par Camille Lévy, chanteuse de la formation, le deuxième étant la langue dans laquelle sont interprétés les textes, à savoir le grec ancien.
Le choix de mettre en musique des extraits de tragédies grecques d’Euripide telles que Andromaque ou Médée dans leur langue d'origine est expliqué par les musiciens par le fait qu'ils utilisent une langue morte et peu comprise aujourd’hui, comme un ensemble de sonorités et de rythmes, faisant du langage un instrument à part entière.
La musique de Noolysis est une invitation au voyage dont 'Bacchai' est la première étape.
Le titre s'ouvre sur les sonorités de la harpe de Camille sur lesquelles vient se poser sa voix envoûtante avant de laisser place à un solo de guitare inspiré. Le morceau qui évoluait jusqu'alors sur une mer calme se retrouve pris dans une tempête incarnée par la batterie de Felix Loizeau, qui frappe fort, ainsi que par les riffs furieux de la guitare.
Après ce premier morceau, on pense fortement, pour les sonorités, au groupe Indukti et notamment à l'album S.U.S.A.R sur lequel les polonais utilisaient aussi la harpe. Impression qui revient sur 'Dellaia' à la mélodie plus folk, presque festive, avec toujours cette harpe qui égrène ses arpèges entêtants. Le morceau fait la part belle à une section rythmique progressive qu'un solo de guitare court mais d'une belle efficacité vient conclure.
Les motifs répétitifs à la harpe de l’atmosphérique 'Megara' nous invitent à la transe avant que la guitare n'entre en scène pour amener une dose d’énergie par le biais de riffs presque metal.
Si le titre de 'He Must Pay' est en anglais, c'est bien en grec ancien que le morceau le plus énergique de cet EP est de nouveau interprété. La basse slappée apporte énormément de groove à un morceau sombre sur lequel la guitare intervient malheureusement assez peu.
Le jazz n'est jamais très loin dans la musique de Noolysis, il suffit d’écouter 'Monoisin', dernier morceau de Corpus I pour s'en convaincre. Cela se ressent aussi bien au niveau rythmique, du chant de Camille Levy que du superbe solo d'inspiration « Gilmouresque » de l'excellent Louis Anaël Attil.
Le chant en grec ancien, loin d’être rebutant, apporte une originalité évidente à la musique du groupe et facilite l’évasion que l'utilisation de la harpe électrique favorise encore plus. Le tout couplé à une interprétation de qualité et une musique mélangeant subtilement la folk, le jazz ou encore le progressif devrait permettre à Noolysis de gagner rapidement sa place dans les groupes qui comptent.
Si le travail de composition et d’interprétation sont à la hauteur, un mix déséquilibré entre la basse, la batterie et la guitare trop en retrait par rapport à la voix et à la harpe ainsi qu’une production un peu faible ne permettent pas d’apprécier l'ensemble à sa juste valeur.
Ces quelques “défauts” auront à coup sûr disparu sur la prochaine livraison de Noolysis que j'attends, pour ma part, avec impatience.