Titres
Formation en 2011
Ivan Santovito [chanteur], Ilenia Salvemini [chanteur], Giovanni Pastorino [clavier], Simone Amodeo [guitariste], Andrea Bottaro [bassiste]
Membre invité:
Martin Grice: flûtes, saxophones
Cela fait déjà un petit bout de temps que le premier album du duo italien Isproject est sorti, plus exactement en Septembre 2017. Une gestation de quelques années a été nécessaire puisque la composition a été effectuée de 2013 à 2015, et l'enregistrement finalisé en 2016. Ivan, la cheville ouvrière du projet, aime à dire que "Nous sommes tous des archinautes". Archinaute, un mot qui commence comme architecte, la profession choisie par le jeune italien, qui s'est inspiré d'un autre architecte, Nicola Boccadoro, et de son ouvrage Ho ventudo la morte all'amore (J'ai vendu la mort pour l'amour). Isproject présente son œuvre comme un album concept qui "englobe poésie, photographie et architecture". Après lecture du livret et visionnage des vidéos existantes, je dois avouer que je reste perplexe sur cette vision. Quelque chose m'a sûrement échappé - la lecture du livre en italien de Nicola peut sûrement aider -, j'ai surtout le sentiment que ce 'concept' est un peu trop générique, ou trop large pour être appréhendé et compris. Ou peut-être que les architectes comprendront mieux que moi. L'archinaute, un architecte de sa vie, de son environnement, de la vision des choses qui l'entourent ? Je ne ressens personnellement en tout cas pas de fil conducteur particulier dans l'enchaînement des titres.
La musique, quant à elle, est particulièrement bien fichue. Encore une fois impossible de mettre une étiquette sur celle-ci et il en est très bien ainsi. Quels sont les points forts de cet album, qui en font aussi du coup ses caractéristiques ? De belles séquences au piano, un piano calme, romantique, tranquille et très mélodique, des soli de guitare bien enlevés qui zèbrent régulièrement les titres, et la belle voix de Ilenia qui rehausse furtivement mais très élégamment celle de Ivan.
L'instrumental 'Ouverture' avec sa guitare acoustique est cristallin, calme, positif et comporte d'emblée plusieurs coup de pieds dans la fourmilière rythmique des notes qui s'enchaînent, avec un final aux claviers très néo progressif. 'The Architect'; dont le message nous enjoint à reconstruire de nouvelles couleurs, continue dans des ondes positives. Ce titre est l'occasion de découvrir la voix d'Ilenia. 'Mangialuce', construit en trois parties, part avec des couleurs pop, pour continuer avec un mélange de motifs électro, un refrain très mélodique, une guitare qui s'envole, et des claviers très présents. L'orgue s'invite à son tour sur 'The City and The Sky', un titre qui comporte là aussi trois belles cassures de rythmes, 'Lovers in the Dream' revient sur un mode mode couplet/refrain très très pop, 'The Mountain of Hope' remet vos oreilles en mode calmitude zen pour continuer dans la fluidité.
Le dernier titre 'Between the Light and the Stone', du haut de son quart-d'heure découpé en trois parties, est le gentil colosse de cet album. Impossible de ne pas penser à Steven Wilson - une des influences majeures du duo - au son des claviers et flûte sur la première partie. C'est l'occasion d'entendre la voix diaphane et haut perchée de Ilenia. Martin Grice, l'invité spécial de cet album, troque ensuite sa flûte pour le saxophone sur une seconde partie plus rapide et enjouée, alors que la basse gronde en sous-main. Après s'être réveillé, le gentil colosse se rendormira sur une belle conclusion mélodique.
Patchwork de séquences variées, on sent que le duo n'a pas voulu se cantonner dans un style particulier. L'exercice de style est réussi, car les différentes tesselles musicales assemblées forment une belle mosaïque. Avec l'exemple de ce passage très très Steven Wilson, des esprits mal intentionnés pourraient leur reprocher de se rapprocher beaucoup trop de leurs influences. Il est peut-être révélateur du fait que le duo doit trouver sa voie et sa marque de fabrique musicale. Ce premier album démarre en tout cas sous de très bons auspices.