Titres
N’en doutez pas, l’univers musical de Jakub sort de notre zone de confort. Guitariste, il a joué entre autres aux côtés de Plini, et vous reconnaîtrez certainement ce toucher “génération Strandberg” dès les premières notes de l’album. Mais bien d’autres influences, très éloignées du metal progressif jazzy, résonnent dans ses compositions principalement instrumentales comme la pop, la new age, le funk, la world music, le R&B et l’électro, décourageant toute tentative de classification de cet étonnant album.
Les onze morceaux de Nothing Last, Nothing’s Lost ne constituent pas à proprement parler une histoire; il s’agit d’une “lettre d’amour à la solitude et à la créativité” ainsi que des discussions en amis passées “à remettre en question les valeurs culturelles actuelles et à réaliser que toute chose est éphémère”.
Nothing Last, Nothing’s Lost nous entraîne sur la plage d’une île tropicale au son des cordes pincées d’un ukulélé électrique sur fond de choeurs évanescents et de chants traditionnels. De lourdes notes de basses appuient des rythmes lents et l’on hésite alors entre world, new age et metal expérimental. Un peu de Empath et de Handmade Cities se rencontrent ici, et on ne sait que penser de ce tempo qui égrène des perles de notes de guitare jazzy, metal ou pop (‘Spring’). Les vagues d’infrabasses de ‘Creature Comfort’ associées aux scratchs trip hop et à une guitare débridée frisent l’inconfort. Soit vous vous accrochez, soit vous zappez, selon votre résistance à la douleur. Les îles paradisiaques ne semblent alors plus qu’un lointain souvenir avant d’entendre la voix de Paulina sur ‘Bonsaï’, ou quand le R&B rencontre le Calipso. Ma pièce préférée s’intitule ‘Tree Climbers’, un magnifique jeu de guitares aux notes limpides qui, lorsque je ferme les yeux, m’évoque aussitôt des créatures escaladant des troncs d’arbres gigantesques dans une forêt primaire, sautant de branches en branches, passant d’un arbre à l’autre, au sommet de la canopée.
J’ai oublié de préciser que Jakub chante également sur plusieurs morceaux (‘Somewhere Quiet’, ‘Light A Fire’, ‘Grow Up’), une voix vocodée qui se dévoile un peu dans le dernier titre de l’album avant d’être à nouveau noyée sous les effets.
Malgré la virtuosité et l’évidente originalité de Nothing Last, Nothing’s Lost, la répétition a fini par avoir raison de la nouveauté à force d’arpèges de guitares, de chœurs chargés d’effets et d’atmosphères tropicales.