Titres
Formation en 2009
Kavus Torabi [], Melanie Woods [percussions], Emmett Elvin [clavier], Charlie Cawood [bassiste], Ben Woollacott [batteur], Chloe Herington [saxophone], Josh Perl [saxophone], Nicki Maher [saxophone], David Ragsdale [violon]
Quel exercice périlleux que de chroniquer un album d'un groupe tel que Knifeworld... Et pourtant, il y a tant de chose à dire. Essayons de procéder méthodiquement.
Commençons par le style... c'est important le style, et ça devrait être facile pour commencer, le style. Métal ? pas vraiment... quoique. Rock, sûrement, mais c'est vague le rock. Jazz ? Des fois. Progressif ? Forcément. Psychédélique ? Oui, vu la coiffure du chanteur. Musique savante ? Contemporaine ? Aussi. Minimaliste ? Des fois aussi. Mais ça dépend... et puis la musique minimaliste, c'est pas un peu l'antithèse du progressif quelque part ? (pour info, la musique minimaliste est une musique qui utilise très peu d'éléments musicaux, comme la musique de Steve Reich).
Bon, pas le style alors...
Les influences... La liste est loin d'être exhaustive. Mais déjà, ce groupe me fait penser à Gentle Giant dont l'objectif était de "repousser les limites de la musique populaire contemporaine, au risque d'être impopulaire" (d’après Derek Shulman, chanteur de Gentle Giant). Et j'ai l'impression qu'il y a un peu de cet état d'esprit chez Knifeworld. Leur musique est riche, mais quelque peu rugueuse.
Et ce, parce que j'y entends aussi quelque part de la musique contemporaine... j'ai l'impression d'entendre du Boulez presque (alors là, ne me demandez pas de décrire la musique de Boulez...). En gros, Knifeworld cherche des sons, des dissonances, des accords complexes, même si ça peut sembler sonner faux (concept finalement très subjectif, par exemple au moyen-âge un accord de tierce sonnait faux, alors qu'aujourd'hui, on appelle ça un accord parfait, comme quoi...).
En tout cas, avec une complexité pareille dans les compositions de Knifeworld, on sent le temps passé et le travail effectué, rien que pour mettre en place chaque morceau. La composition est digne des plus grandes œuvres de la musique dite savante.
Zappa, forcément. Ce côté psychédélique, ce bazar organisé, ces sons qu'on qualifierait de "vintage", et cette organisation rythmique complexe... L'instrumentarium très varié, et ce côté big band grâce aux saxophones et au basson. Basson ? Basson... je cherche dans ma mémoire... non... clarinette, oui, accordéon oui, trompette, trombone et autres cuivres, assurément, hautbois, et basson, à part dans du métal symphonique, non je ne connais pas d'autre groupe de rock utilisant un basson... (Si ça y est j'ai trouvé : 'Camel' dans 'The snow goose', si vous en voyez d'autres, n'hésitez pas à laisser un commentaire).
Magma aussi et ses mesures asymétriques et complexes.
J'en passe et des meilleures... mais le son est très typé 70' 80'. D'ailleurs, les sons sont plutôt bruts (pas brutaux), voir sauvages. Pas (ou peu) de sons électroniques, seulement les "vrais" sons des instruments de musique et des voix.
Si vous connaissez Knifeworld, pour l'instant, vous n'êtes pas très avancés. D'ailleurs je tiens à préciser mon mécontentement car non, je ne connaissais pas ce groupe. Je sais... j'ai honte... c'est mal... mais la faute ne m'incombe pas entièrement. Comment se fait-il aujourd'hui qu'on passe sous silence des perles pareilles, et qu'en attendant, Maître Gims obtient un prix lors des victoires de la musique... on passe sous silence la vraie musique pour nous mettre en avant la musique de m.... C'est dit, je referme la parenthèse.
L'album, 'Bottled Out of Eden".
Nous voici alors avec un nouveau melting pot d'influences tout azimut. Troisième album, Knifeworld a instauré son style, unique en son genre. Du pur Knifeworld. Pour moi cet album est peut être moins expérimental que le précédent 'The Unravelling' et engage un côté légèrement pop avec des structures un peu plus classiques (couplets refrain) comme 'High Aflame' ou 'The Germ Inside', les deux premiers titres de l'album. Album qui attaque avec des morceaux assez rythmés et qui n'hésite pas à faire un peu de rentre dedans, à la limite du métal comme 'I Am Lost' qui fait superbement monter la pression sur la deuxième partie du titre (mon morceau préféré). La musique continue mais la pression baisse avec quelques balades émouvantes et mystérieuses ('The Deathless', 'Foul Temple', 'A Dream about a Dream' et 'Decret Words'). L'ambiance est installée : un tapis sonore apaisant sur lequel se superposent quelques dissonances qui façonnent élégamment et de manière originale la trame musicale. Ça marche, la musique n'en reste pas moins touchante (et pourtant Dieu sait que je n'aime pas le saxophone et autres instruments à anche). Le dernier titre 'Feel the Sorcery', conclut et synthétise l'album en reprenant dans un seul morceau tous les éléments des dix premiers titres.
En somme, cet album est tel un diamant. Mais un diamant brut, qui est resté dans sa gangue. Difficile d'accès peut-être à sa première écoute, réservé tout de même aux mélomanes avertis (ce que vous êtes, je n'en doute pas ; les amateurs de Maître Gims fuiront dès les premières notes, et c'est tant mieux!!!), il faut s'en imprégner, voir analyser chaque séquence pour enfin être illuminé par la beauté de cet album à la frontière entre plusieurs mondes musicaux qui souvent se rejettent (à tort).
Bon... je crois avoir réussi sans prétention à chroniquer cet album, du moins j'espère que ma chronique vous parlera. Il ne me reste plus qu'à vous proposer de regarder le teaser ainsi que le premier titre de cet album : 'High Aflame'.
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