Titres
Formation en 2005
Nicholas-John Dewez [chanteur,guitariste], Stéphane Lecocq [guitariste], Frédérik Hardy [bassiste], Sébastien Pérignon [clavier], Christophe Szczyrk [batteur]
Après un album éponyme en 2014, Light Damage signe Numbers chez le label allemand Progressive Promotion Records. Nous avions pu découvrir un avant-goût de cet album au festival Rock au Château en 2017, où ils avaient joué une première version de leur long métrage ‘From Minor To Sailor’, une pièce de près de vingt minutes, difficile à apprécier en live pour une première écoute.
Avec Numbers, le groupe luxembourgeois s’est lancé de nombreux défis : un titre fleuve, l’intégration de nouveaux musiciens, du chant à deux voix, des instruments à cordes et à vent, et une nouvelle approche de la composition. A n’en pas douter, l’influence de Stéphane, leur guitariste, a marqué cet album, avec un toucher qui rappelle souvent celui de Steve Rothery (Marillion), tout particulièrement dans ‘Little Dark One’.
Comme vous, nous avons découvert l’album avec ‘Number 261’, un titre déclic où, dès les premières mesures, nous comprenons que Light Damage a fait bien du chemin depuis son dernier album. La voix de Nicholas rencontre celle de Marilyn Placek (My Perfect Alien) sur une écriture plus directe et si les claviers subsistent, ce sont les guitares et la batterie qui mènent la danse avec brio.
Suit ‘Bloom’, un instrumental électro cinématique presque trop bref tant on a plaisir à plonger dedans, fait d’un thème principal sur lequel se greffent des interludes de guitares affriolants.
Après ces deux amuse-bouches, arrive le plat principal, ‘From Minor To Sailor’, dans lequel vous retrouverez un peu du ‘Ocean Cloud’ de Marillion par le thème abordé ainsi que par quelques accords de guitare. Nous voilà embarqués pour dix-neuf minutes et quarante secondes transatlantiques, qui, si elles n’avaient pas fait mouche en live la première fois, forcent le respect dans leur version studio finale. Piano, flûtes, guitares, basse et chant racontent l’histoire d’un mineur qui voulait construire un navire. Le morceau tient la mer à merveille, passant de l’emphase aux passages intimistes sans chavirer et réussit à nous maintenir en haleine pendant toute la traversée.
Mais le meilleur reste à venir. Ce ‘Little Dark One’, débutant par un ensemble à cordes et se poursuivant sur des guitares façon Rothery, mérite tous les éloges. Claviers et guitares tissent de délicates dentelles pour la voix de Nicholas, neuf minutes de bonheur musical sur un texte énigmatique jusqu’au moment où vous comprendrez qui vous parle.
C’est un extrait d’interview du grand auteur de science fiction, Philip K. Dick, qui lance ‘Phantom Twin’, un magnifique texte sur un piano romantique, parlant de cet écrivain drogué et tourmenté qui nous a livré des chef-d’oeuvres intemporels. “Bach, Mozart, Wagner or Beethoven don’t help me anymore…”.
Et c’est sur des vers de Eduardo Galeano que s’achève Numbers, un titre qui tenait particulièrement à coeur à Sébastien, leur claviériste, qui après la tension des cinq premiers morceaux, permet de redescendre sur terre en douceur avec le piano, les violons et violoncelles.
Numbers est un jeu d’énigmes en musique : des portraits de personnes, toutes célèbres à leur manière, des récits où il est question d’inspiration, de dépassement de soi, de très beaux textes qui laissent planer une part de mystère sur leur protagoniste.
Si la batterie cogne encore trop fort à mon goût, le chant de Nicholas s’est fait moins théâtral que par le passé et les claviers ne sont plus au coeur de la musique, laissant le champ libre à la guitare et la basse. Pas de doute, Light Damage vient de franchir une étape majeure, asseyant son identité, offrant un album fascinant, aux textes travaillés et à la musique renouvelée à chaque titre. Vous allez adorer.