Titres
Formation en 2015
Cuong Vu - trompette
Andy Sheppard - saxophone
Alessandro Gwis - piano
Roy Powell - orgue Hammond, Moog et claviers
Cela peut sembler fou de s’embarquer dans la chronique d’un album tel que Antikythera lorsque l’on ignore tout du jazz, de l’expérimental et si peu de psychédélisme. Mais il s’agit justement d’un des charmes de l'exercice, explorer des territoires inconnus, quitte à faire naufrage.
Lorenzo Feliciati nous a déjà habitué par le passé à des oeuvres exigentes comme Elevator Man. Une nouvelle fois, avec pour batteur Michele Rabbia, nous pouvions nous attendre à des sensations fortes.
Le titre, Antikythera, fait référence à Anticythère, ce mécanisme astronomique retrouvé dans une épave de navire au large de l’île grecque du même nom. Feliciati disait à propos du titre : “Mon idée était de penser à la musique que nous improvisions comme d’une machine complexe mais qui fonctionnait de manière parfaite et fluide”. Et c’est cela, cet album, une musique complexe certes mais tellement bien conçue qu’elle s’écoute comme une bande originale de film.
Trompette, saxophone, piano, orgue Hammond, Moog, synthétiseurs, basse, guitares, batterie, électronique et samples hantent les huits pièces de cet album. Des improvisations jazzy se combinent à ces instruments très divers, construisant un tout cohérent, sur le fil du cinématique, basculant vers de l’expérimental, au final très proche d’une écriture psychédélique. “Je pense qu’Antikythera peut être vu comme un album psychédélique, car il possède les qualités d’un voyage”. Un voyage dans le jazz, la musique expérimentale et progressive, tout aussi déroutant que confortable.
‘Irregular Orbit’ se construit comme une ouverture orchestrale où piano et batterie dominent la partition avant d’épouser l’écriture de Ozric Tentacles. ‘Teeth’ poursuit au piano et saxophone, peuplé de bruitages, quand ‘Corrosion’ joue une partition cinématique inquiétante à la Vangelis. ‘Prochronistic’ continue, ajoutant une trompette flottant sur des nappes de claviers, cédant ensuite la place à un piano jazzy soutenu par une basse à la Tony Levin dans ‘Sidereal’. Instrument astronomique, le mécanisme d’Anticythère mesure des extrêmes : ‘Perigee’ n’est pas très loin du post-rock quand ‘Apogee’, lui, nous plonge en pleine musique contemporaine expérimentale, avant de terminer par un ‘Parapegma’ latino langoureux au saxophone et piano.
Vous pourrez écouter Antikythera en musique d’ambiance, ou vous immerger au casque dans sa complexité. A chaque fois vous y découvrirez de nouveaux éléments et à chaque écoute, le plaisir sera renouvelé.