Titres
Formation en 2014
Gera Penna [clavier], Dennis Atlas [chanteur], Teo Dornellas [guitariste], Lufeh Batera [batteur], Duca Tambasco [bassiste]
Le groupe Lufeh doit son nom au batteur brésilien Lufeh Batera, un musicien venu s’installer aux Etats-Unis il y a de cela six années. Après avoir joué avec Krita Rega, Big Time et Kenny Shipman, Lufeh Batera accompagné de Gera Penna, Duca Tambasco, Dennis Atlas et Teo Dornellas a composé et enregistré un premier album intitulé Luggage Falling Down.
Ma première impression en découvrant cette demi-heure californienne fut de la trouver très rock avec cette voix haut perchée au phrasé à la Geoff Tate. Bien vite cependant, cette façade s’effrite et l’oreille découvre une infinité de structures jazzy, metal, funky et progressives, une batterie tout sauf à quatre temps, une guitare inventive, épousant funk rock et djent ainsi que des claviers polymorphes. Une musique qui se rapproche d’un mariage improbable de Aisles avec Rush et The Tangent sur des petits formats de trois à quatre minutes.
Commençons par le commencement avec ‘Find My Way’. Le titre s’ouvre sur les claviers de Gera où Teo pose des riffs épais avant d’entamer avec Lufeh et Duca un djent qui vire au heavy, propulsant la voix de Dennis au premier plan, et tout cela en quatre-vingt-dix secondes chrono. La guitare de Teo oscille alors entre rock et heavy sur des claquements de batterie et force de claviers pendant encore trois minutes, avant de laisser la place à un ‘The Unkown’ on ne peut plus progressif, sorte de long métrage à la Transatlantic résumé en cent-quatre-vingt-dix secondes.
Si vous voulez découvrir le jeu du bassiste du groupe, Duca Tambasco, rien de tel que ‘Doors’. Guitare, basse et batterie se livrent à un combat rythmique épique à la fois funk, rock, djent et parfois en total décalage avec la ligne vocale et les claviers. Vous pouvez poursuivre en écoutant ‘Trial Of Escapade’ qui emprunte beaucoup au jazz progressif de Plini, un peu plus de quatre minutes à couper le souffle.
Passé quatre-vingt-dix secondes instrumentales agrémentées d’une surprenante pirouette à la guitare qui reviendra plus loin, ‘My World’ joue au piano les couleurs des paysages de Lawrence d’Arabie, s’égare quelques secondes sur du funk et revient sagement aux précédentes évocations orientales. Et puisque l’on parle de funk, ‘End Of The Road’ est-il djent ou funk ? Difficile à dire, un peu des deux sans doute, épicé de fortes influences latino. Le morceau pourrait figurer sur un disque de Andy Tillison à y regarder de plus près. Comme bien des titres de cet album, la partition semble un copier/coller de nombreuses mesures très dissemblables habilement mises bout à bout à la façon de ‘Escape’ rock/funky à souhait ou de ‘The Edge’, rock metal progressif truffé d’influences sud américaines.
Si la voix de Dennis manque de variété et la production se révèle terne, l’album gagne en couleurs au casque. Une écoute en immersion qui permet de rester concentré sur la complexité de l’écriture de Lufeh. Après une fausse impression très rock, Lufeh se révèle plus que jamais progressif et inventif. A découvrir.