Titres
Formation en 2015
Martin Schnella [chanteur,guitariste], Melanie Mau [chanteur]
Pour la petite histoire, Through The Decades est le second album que nous recevons à la rédaction en remerciement de clichés de concert. Il faut dire que nous avons à plusieurs reprises vu et écouté Melanie et Martin en live, à chaque fois qu’ils passaient à proximité de Strasbourg.
Ce duo dans la vie comme dans la musique a oeuvré dans plusieurs formations que nous aimons particulièrement comme Flaming Row, Seven Steps To The Green Door ou Frequency Drift. Ensemble, ils reprennent des classiques du répertoire progressif et composent également leurs propres morceaux. Après Gray Matters en 2015, qui rejouait Kansas, Yes, Toto et d’autres, The Oblivion Tales, un album personnel en 2017 suivi d’un nouvel opus de reprises en 2018, Pieces To Remember, voici Through The Decades, des covers qui vous feront voyager dans le temps et la musique.
Nous n’avons pas pour habitude de parler ici d’albums de reprises, il y a déjà bien assez à faire avec les sorties du mois. Mais voilà, si vous ne l’avez pas encore compris, nous aimons beaucoup ces deux artistes et lorsque vous aurez écouté ce qu’ils ont fait de ‘Dancing With The Moonlit Knight’ de Genesis, vous conviendrez certainement avec nous du bien fondé de cette chronique.
Des reprises donc, quatorze pour être précis, de Flying Colors à Metallica en passant par Peter Gabriel et Agent Fresco. Prog classique, metal progressif, folk, metal et même pop, l’album est d’un grand éclectisme musical comme les goûts des artistes. Melanie Mau et Martin Schnella sont accompagnés du bassiste Lars Lehmann et du batteur Simon Schröder que nous avons déjà rencontré en live, ainsi que Mathias Ruck au chant. Trois invités enrichissent la palette des possibles du quintet avec saxophones, clarinette (Marek Arnold), violoncelle, flûtes, pipes (Jens Kommnick) et chant (Jelena Dobrie).
Cette chronique est totalement influencée par mes préférences musicales: une reprise de Genesis, de Queen ou de Kate Bush ayant plus de chance de me séduire qu’une reprise de Kansas, de In Flames ou de Yes, des groupes que je connais assez mal en réalité. Certains morceaux seront donc plus appréciés parce que j’adore l’original que pour le travail de Melanie et Martin, comme pour ‘Kayla’ de Flying Colors par exemple. A l’inverse, si j’adule certains artistes, la version qu’en donne nos allemands pourra également me laisser dubitatif, comme ‘Running Up That Hill’ de Kate Bush et ‘Poesie Im Sand’ de Arstidir que je trouve moins intéressantes que les originales. Et puis il y a quelques surprises comme ce délicieux ‘Als Ich Fortging’ de Karussell que j’ai découvert ici.
Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs, allons-y un titre après l’autre :
Réécrire de manière folk une classique initialement prog symphonique relève déjà à la base du défi. Et lorsque la pièce frôle les huit minutes et se révèle aussi intéressante que l’originale, cela ressemble à un petit miracle. Ce ‘Dancing With The Moonlit Knight’ en est un, et absolument magnifique.
Mon culte voué à Kate Bush tient plus à sa voix qu’à sa musique, et clairement Melanie ne possède pas le même registre que Kate. Alors, ma première impression en écoutant ‘Running Up That Hill’ fut plus que mitigée. Au fil des écoutes j’ai apprivoisé cette version finalement très belle, surtout pour sa musique bien revisitée.
Ce que j’aime chez Arstidir, ce sont les harmonies vocales acapela. Du coup, ce ‘Poesie Im Sand’, traduit de plus de l’Islandais en Allemand et chanté à trois voix, perd beaucoup comparé à l’original.
Vous connaissez Blind Guardian ? Moi non, ou si peu. ‘Harvest Of Sorrow’, revisité en mode musique baroque avec le violoncelle de Jens Kommnick est une très belle pièce où la puissance de la voix de Melanie trouve un terrain de jeu idéal.
Kansas ne compte pas parmi mes groupes de prédilection, tout particulièrement les derniers albums, et sans violon Kansas est-il encore Kansas ? Toutefois cette version de ‘Miracles Out Of Nowhere’ que Melanie et Martin avaient déjà repris dans Gray Matters est encore meilleure, alors pourquoi bouder son plaisir d’autant que la partie instrumentale est bien menée ?
J’adore Queen, et si le groupe a été maintes fois repris et copié, rarement l’original n’a été surpassé. ‘Don’t Stop Me Now’ au clip jubilatoire, revisité par nos cinq teutons est un pur concentré de bonheur. Un titre où Mathias tient la vedette.
Avec Flying Colors et Peter Gabriel, le groupe s’attaque à des tubes cultes. Le challenge est de taille. Ces versions de ‘Kayla’ et de ‘In Your Eyes’ fonctionnent principalement sans doute du fait de mon amour immodéré pour les morceaux. Les transcriptions acoustiques fonctionnent à merveille mais n’apportent pas grand chose aux originales. Cependant, j’adore les entendre en live, et le canon à trois voix à la fin de ‘Kayla’, comme le saxophone de Marek Arnold dans ‘In Your Eyes’ sont des petits plus très appréciés.
‘And You And I’ et Yes et moi, ça n’a jamais été un grand amour. Par chance Close To The Edge compte parmi les rares disques du groupe que j’apprécie. Cependant la version celtisante ne parvient pas à rendre la complexité de l’original, dommage.
Je n’ai pas succombé aux charmes de ‘Dark Water’ unplugged, mais pour tout vous avouer, même sous deux-cent-vingt volts, ce titre d’Agent Fresco me laisse de marbre, alors ça n’est pas si grave.
Pour ‘Reasons’ j’ai un peu honte. J’avoue ne pas m’être souvenu immédiatement sur quel album figurait ce morceau de Pain of Salvation (In Passing The Light Of Day). Le génial canon avec Jelena Dobbie fait de l’ombre à la version métal, et désolé Daniel, mais je préfère ce qu’en ont fait nos amis d’Outre-Rhin.
Nous continuons chez les ferrailleurs avec ‘Creeping Death’ de Metallica. Martin nous donne une leçon de guitare acoustique rythmique sur ce titre, secondé par les percussions de Simon.
Toujours chez les forgerons, nous retrouvons In Flames avec ‘I Am Above’, une version acoustique que je connais mieux que celle de 2019 et où, encore une fois, Martin fait des étincelles.
Et qui est donc ce Karussell qui clôt cet album de reprises ? C’est un groupe de rock allemand de la fin des seventies dont l’un des tubes dans les années quatre-vingt était ce très beau ‘Als Ich Fortging’ qui faisait quand même un peu choucroute néoprog dans sa version originale, et que Melanie et Martin ont remis au goût du jour avec brio.
Dans l’ensemble, Through The Decades propose un voyage musical des plus agréables avec quelques traits de génie (‘Dancing With The Moonlit Knight’, ‘In You Eyes’, ‘ ‘Don’t Stop Me Now’, ‘Reasons’). Alors ne vous privez pas, même s’il s’agit de reprises. Pour ma part, je suis impatient de les retrouver en concert.