Titres
Dmitriy Fedorov [chanteur,guitariste,bassiste,clavier,percussions]
Musiciens invités :
Wojtek Deregowski - Batterie
Sergey Gordeev - Batterie, Percussion
Artem Lapin - Basse
Vadim Khvatyk - guitare
Sergey Silvachev - Basse Fretless
Ilia Abramov - programmation
Yulia Federova - chant
Steven Wilson semble être devenu au fil des années, et au travers de ses nombreux projets, LA référence de la musique progressive actuelle, j'en veux pour preuve le nombre grandissant de disques à chroniquer que nous recevons à la rédaction, de groupes plus ou moins jeunes ou plus ou moins confirmés qui se réclament de son influence.
Collapse.Ignore en fait partie.
Pour être tout à fait honnête, il n'est nul part fait état des influences de Dmitry Fedorov, artiste russe ayant écrit, enregistré et produit la totalité de cet album dans son studio personnel, mais il est très difficile de passer à coté tant elles sont évidentes, car tout ici fait penser à Steven Wilson ou à un des groupes dans lesquels il est impliqué, Porcupine Tree en tête.
Je pourrais vous faire une chronique titre par titre énumérant dans le détail les similitudes parfois très troublantes entre la musique de Migration Period et celle de Steven Wilson.
Je pourrais vous dire par exemple que ‘Part of You’, le premier morceau/intro instrumental avec son début tout en finesse, son accélération prog et son court solo crimsonien aurait pu figurer sur In Abstentia.
Que ‘Collapse.Ignore’, le morceau suivant, réutilise pratiquement à l'identique, l'intro de ‘Sleep Together’, à la seule différence qu'ici, une voix féminine qui égrène, entre autre, une liste de chiffres a été rajoutée, faisant immanquablement penser à celle présente sur la fin du morceau ‘Stupid Dream’
Que ‘Quiet River’ reprend quant à lui les arpèges de guitare de ‘Way out of Here’. Que ‘Harmony Lost’, instrumental lent et inquiétant, la balade ‘Take me Home’ ou encore le nuancé ‘Liar’ auraient tous eu leurs place sur ‘The Raven That Refused to Sing’.
Je pourrais encore vous dire que ‘Transitional Phase’ sonne comme du Storm Corrosion et que seul le dernier titre de l'album ‘Two Fates’ s’éloigne (un peu) de l'univers Wilsonien pour se rapprocher de celui d’Anathema avec de subtils accents du groupe Paradise Lost, époque Believe in Nothing, et même de Depeche Mode dans leurs moments les plus calmes.
Pour finir, je pourrais pointer du doigt le fait que la structure des morceaux alternant moment calme et explosion soudaine, que la section basse/batterie qui évoque fortement la paire Colin Edwin/Gavin Harrison, que l'utilisation de voix « filtrées » et du minimoog, que la manière de chanter de Dmitry et même l'univers visuel de Migration Period, créé par l'artiste Alina Hoile, fait encore une fois penser à celui du sieur Wilson, mais je ne le ferai pas.
Je préfère vous dire que cet album, malgré les emprunts parfois à la limite du plagiat (diront certains), est une merveille. Que Migration Period nous entraîne tout au long de ses huit titres dans un voyage tantôt angoissant, tantôt envoûtant dans lequel la mélancolie est partout présente, écoutez pour vous en convaincre le splendide ‘Take me Home’ sur lequel la douce voix de l’énigmatique (car introuvable sur internet !) Yulia Federova, ainsi que le court solo final entraînent le morceau vers des sommets d’où il est difficile de redescendre.
Migration Period a réussi là où bon nombre de groupe se cassent les dents, à savoir extraire l'essence de ses influences pour les transformer en quelque chose de totalement nouveau et personnel, au lieu de simplement tenter de sonner comme elles.
Dmitry Fedorov a créé avec cet album un sortilège dont il est difficile de se défaire, à tel point que chaque fois que l'envie me prend d'écouter de la musique depuis maintenant deux semaines, mon choix se porte immanquablement sur ce Collapse.Ignore.
Pour finir, ce qui coûte une demi étoile, et ôte à Collapse.Ignore le statut de 8eme merveille monde, c'est que je lui trouve tout de même un défaut. Plusieurs morceaux se terminent de façon abrupt a l'instar de ‘Part of You’, ‘Take me Home’ ou encore ‘Transitional Phase’, laissant un sentiment d'inachevé mais aussi un fort goût de frustration.
Malgré cela, vous l'aurez déjà compris, ce Collapse.Ignore est un must have absolu.