Titres
Le timbre d’une voix, son grain, sa tessiture, son phrasé et son rythme, constituent à mon oreille un des éléments clés dans un album. Si une voix me touche, plus de la moitié du chemin vers le coup de coeur est franchie. Pop, métal, progressif, folk, rap, peu m’importe le genre tant que le chant me fait vibrer. C’est ainsi que des artistes comme Marc Atkinson, Petter Carlsen, Damian Wilson, Marjana Semikina ou Marcela Bovio ont su toucher mon âme.
Aujourd’hui, je vais ajouter un nom à cette liste: Peter Silberman. Ne cherchez pas son nom au panthéon progressif, métal ou alternatif, ce monsieur n’entre dans aucune des catégories précitées. Une voix, une guitare minimaliste, quelques rares percussions et notes de violoncelle, Peter joue d’une pop underground empruntée de mélancolie et de douceur. Je vous en ai déjà parlé à plusieurs reprises et j’attendais avec impatience la sortie de son premier album solo Impermanence. Le voilà enfin.
Peter a débuté avec The Antlers, un trio de Brooklyn né en 2006 avec six albums à leur actif dont un live. En 2014 le groupe signait son dernier album studio Familiars avec le label Transgressive Records, et c’est naturellement avec cette même maison que paraît Impermanence.
Addictes du contrepoint, de la triple croche, des riffs ravageurs et des claviers empathiques, passez votre chemin, vous ne trouverez ici qu’émotion retenue et quelques accords de guitare. C’est une plongée dans le silence et le retour progressif à l’univers sonore qui a conduit Peter à la composition de Impermanence. Expérimenter une privation de son, même partielle et temporaire, redonne toute sa beauté à la musique épurée. C’est avec sa guitare nylon et sa voix que Silberman est sorti du monde du silence. “It’s not the notes you play, it’s the notes you don’t play” (Miles Davis).
L’album parle de ce monde imprévisible dans lequel nous vivons, et la manière dont chacun d’entre nous doit s’adapter à ses changements. Six titres dont les plus longs ‘Karuma’ et ‘Gone Beyond’ frôlent les neuf minutes, où la voix de Peter nous bouleverse sur quelques accords de guitare. Quasiment pas de batterie (crash sur ‘Gone Beyond’), très peu d'accompagnement, des cuivres et de rares percussions dans ‘New York’, tambourin dans ‘Ahimsa’, violoncelle et accordéon dans l’unique instrumental ‘Impermanence’, Peter pourra voyager léger en tournée (il sera à Paris le 24 avril si vous voulez l’écouter).
Impermanence est un émerveillement des sens, un retour à l’essence de toute musique, une merveille à déguster en live comme dans son salon. Un seul reproche, la prise de son, sur un bon équipement, avec un volume assez fort, un résidu de bruit blanc hante l’espace sonore. En mp3 vous n’entendrez rien, comme quoi la compression peut avoir des qualités insoupçonnées parfois.
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