Titres
Todd LaTorre [chanteur], Michael Wilton [guitariste], Eddie Jackson [bassiste], Scott Rockenfield [batteur], Parker Lundgren [guitariste]
J’ai découvert Queensrÿche pendant mon service militaire, avec ce qui reste à ce jour leur meilleur album, Operation Mindcrime. A l’époque, j’écoutais Genesis, Marillion, Mike Oldfield, et ce concept metal progressif m’a ouvert de nouveaux horizons musicaux alors inexplorés. J’ai suivi le groupe avec intérêt sur quelques albums mais le départ de Geoff Tate sonna le glas de cette passion. J’ai ensuite survolé leurs deux albums avec Todd mais sans réellement y croire. Puis dernièrement, The Verdict est tombé entre mes oreilles et j’ai été agréablement surpris.
Le nouveau Queensrÿche, à l’artwork quelque peu primaire, propose pas moins de dix titres souvent directs pendant trois quarts-d’heure. Sans introduction, l’album se jette dans ‘Blood of the Levant’ et s’achève tout aussi abruptement par ‘Portrait’. Nous sommes bien loin des fioritures et arrangements de Operation Mindcrime, cependant nous retrouvons les sonorités qui ont fait le succès du groupe, que ce soit cette batterie qui cogne, les guitares inimitables de Wilton et les modulations vocales de Todd La Torre. Malgré une approche très directe, plus hard rock que progressive, Queensrÿche réussit à nous surprendre encore avec par exemple ce ‘Inside Out’ orientalisant tout en finesse.
Le batteur, Scott Rockenfield, qui officiait avec le groupe depuis le début, a laissé son tabouret au pied levé à Todd pour cet album. "J'ai été batteur pendant 30 ans” explique le chanteur, et honnêtement, son travail sur The Verdict prouve que La Torre a su épouser le son du groupe.
Queensrÿche n’a jamais eu sa langue dans sa poche, et quand le groupe a quelque chose à dire, il le chante. The Verdict ne fait pas exception à la règle. L’album commence par une évocation du conflit syrien dans ‘Blood of the Levant’. Bien entendu, il s’agit d’une vision très américaine de la géopolitique où les méchants sont la Russie, l’Iran, le Hezbollah et Bachar el Assad. D’autres sujets sont évoqués dans l’album, comme la pollution des eaux du lac Michigan ou la destruction de la culture indienne. Des textes forts, engagés, et une musique qui, si elle se réfère aux canons classiques du groupe, s’aventure également en territoires inconnus avec ‘Dark Reverie’ aux arrangements à cordes ou ce ‘Inside Out’ orientalisant. La pièce la plus progressive est sans doute ‘Portrait’ qui termine l’album, un titre nettement plus mélodique, moins rentre-dedans, guimauve pour de purs métalleux. La musique n’oublie pas de tabasser bien fort, rassurez-vous, comme dans ‘Propaganda Fashion’, en jouant de ces escalades vocales dont Geoff avait le secret.
Si les premiers pas de Todd La Torre ne m’avaient pas franchement convaincu, tout particulièrement l’album Queensrÿche, The Verdict et son retour aux sources m’a procuré beaucoup de plaisir à l’écoute. L’album n’est certes pas révolutionnaire, et pour cause, mais les nostalgiques de Rage For Order apprécieront certainement ce quinzième Queensrÿche, d’autant que la production, signée Chris Harris, est vraiment soignée. Le groupe souffle ses trente bougies de rock avec brio.