Titres
Formation en 2004
Brian de Graeve [chanteur,guitariste], Daniel van der Weijde [guitariste], Erik Laan [clavier], Jurjen Bergsma [bassiste], Rob van Nieuwenhuijzen [batteur]
Beyond The Seventh Wave
Silhouette – Pays-Bas - 2004
Discographie studio :
A Maze - 2007
Moods – 2009
Across The Rubicon - 2012
Membres actuels :
Erik Laan : chant et chœurs, claviers, bass-pedals, basse additionnelle
Brian de Graeve : chant et chœurs, guitare acoustique
Gerrit-Jan Bloemink : basse
Daniel van der Weijde : guitare acoustique et électrique
Rob van Nieuwenhuijzen : batterie, percussion
Jurjen Bergsma : basse additionnelle
Musiciens invités :
Laura ten Voorde : violon
Tamara van Koetsveld : clarinette
Ruben van Kruistum : violoncelle
Ton Scherpenzeel : synthétiseur Moog
MaryO : flûte, chœurs
"- C'est là, regarde.» Une, deux, trois, quatre, cinq, six… et voilà Lisette qui arrive."
Lisette, c'est la septième vague. Une grosse vague qui portera Papillon, prisonnier de l'île du Diable, vers le large, au-delà de l'horizon, vers la liberté tant rêvée et convoitée, au delà de toutes les difficultés endurées depuis des années. Le voile de mystère sur le titre de cet album étant levé, revenons rapidement à sa genèse.
Après Across The Rubicon, Silhouette revient donc à un album concept, inspiré de Papillon, le livre autobiographique de Henri Charrière. Il s'agit là pour le groupe d'un nouveau projet ambitieux, d'une nouvelle marche gravie dans son histoire.
Au cours des deux années de composition et d'enregistrement de cet opus, le line-up a été significativement remodelé : deux nouveaux musiciens (Daniel van der Weijde et Rob van Nieuwenhuijzen du groupe Incidense) sont venus enrichir la formation. Jurjen Bergsma, quant à lui, est venu remplacer Gerrit-Jan Bloemink à la basse.
En complément à la contribution minimooguesque de Ton Scherpenzeel (fondateur de Kayak puis claviériste de Camel), Silhouette s'est de plus attaché les services de musiciens "classiques" afin d'ajouter un supplément d'âme, s'il en était besoin, à ce petit bijou : des cordes avec les violoncelliste et violoniste du groupe Adeia (oui, encore du rock progressif), des bois avec une flûtiste ainsi qu'une clarinettiste qui troque temporairement les ailes de métal de la Dutch Royal Airforce pour des ailes plus vivantes et poétiques.
En ce qui concerne l’artwork, Antonio Seijas (la pochette de Happiness is the Road de Marillion, c'est lui), s'est attelé à la confection du papillon sylvestre de la pochette.
Au vu de toutes ces ressources et références, on peut d'ores et déjà dire que la formation hollandaise s'est donné les moyens de la réussite.
La première écoute, notamment les volutes aériennes et mélodiques de claviers, m'a tout de suite fait penser aux premiers albums de Marillion. Comparaison n'étant pas raison, nous nous arrêterons tout de suite là en ce qui concerne les références à d'autres groupes.
Il est impossible de dégager un titre particulier tant cet album forme un tout riche et indissociable, et c'est tant mieux. Un tout indissociable de lyrisme et d'émotions. Une étoile chaude dégageant une belle lumière musicale et poétique. Les instruments, tous reliés entre eux par un élastique invisible d'empathie et d'écoute, se répondent entre eux, ne forment qu'un. Que l'un d'entre eux prenne épisodiquement, pour s'exprimer, une sente parallèle aux autres, il revient rapidement dans le giron du groupe après avoir ajouté sa contribution mélodique. Chacun a besoin des autres, l'enrichissement musical est continuel. Cette musique jaillit, resplendit, rebondit.
D'emblée le prologue nous dit : "Ecoutez-bien je vais vous raconter une histoire." L'histoire de Papillon, accusé de meurtre alors qu'il est innocent, envoyé au bagne à Cayenne, évadé et repris deux fois, pour finalement gagner sa liberté après de multiples moments de solitude, de souffrance, de trahisons, de doutes et d'espoir. Il s'agit surtout de la lutte d'un homme épris de liberté et de vie, et qui, dans des moments d'intense désespérance, s'évade en pensée par le truchement de son petit papillon.
"Tes yeux, tes yeux froids m'ont envoyé en enfer, ont détruit mon paradis, mais entend mes pleurs je serai de nouveau libre. Je sais juste que je serai de nouveau libre. Ces chaînes me clouent au sol, cette colère me rend fou. Il me faut croire en un vol impossible, en cassant ces murs et en m'évadant de cette nuit sans fin. Envole toi vers le ciel, il n'y a rien pour te retenir, vis ta vie pour moi, s'il te plait ne sois pas timide, petit papillon."
Ecoutez les chœurs, les reprises vocales en demi-ton, les voix qui, à l'image de ce papillon, s'envolent et s'élèvent dans les cieux.
Ecoutez la clarinette tour à tour triste dans le prologue, mélancolique et pleine de désillusion dans "Betrayed again", se plaignant avec les fantômes, et ensuite plus souriante dans "Devils Island".
Ecoutez le violoncelle qui pleure dans "The plot".
Ressentez la peur et le mystère distillés par le brouillard électronique dans la jungle hostile (dans "Betrayed again").
Partagez la tension, courez auprès de Papillon au rythme de la basse et de sa course folle dans "Escape".
Ecoutez la résignation du bagnard seul dans sa cellule, et le moyen qu'il trouve pour survivre et espérer ("In Solitary"). Vibrez à l'annonce par la guitare électrique de la rébellion, et de la certitude de cette liberté, qui viendra un jour.
Ecoutez les mouettes, les vagues, la faune de la jungle, la porte du cachot qui se referme.
Ressentez la tension croissante, les doutes de Papillon sur ce superbe "Lost Paradise".
Dans "Devils Island", imaginez les nuages s'estomper dans l'esprit de Papillon au son du violon de plus en plus présent. Voyez le ciel s'éclaircir au fur et à mesure qu'il trouve la solution. L'espoir renaît, le sourire revient sur ses lèvres.
Ressentez enfin la délivrance finale annoncée, amplifiée sur les deux titres finaux.
Vous allez penser que j'en fais des tonnes. Il y a sûrement une part de vérité pour être honnête. J'aime cet album dont la palette musicale et émotionnelle est d'une richesse surprenante. S'il fallait catégoriser cette pépite, ce qui est toujours réducteur, je cocherais la case "Neoprog pur jus". En fonction de l'attention que vous voudrez bien porter à cette œuvre, l'écoute peut se faire à plusieurs niveaux : juste musicale pour la richesse des mélodies, des textures, des voix et des instruments. Ou plus poussée pour les paroles et les émotions ressenties. Enfin pour les plus curieux d'entre vous, vous avez le film adapté à l'écran en 1973 par Franklin J. Schaffner (avec Steve McQueen et Dustin Hoffman), et bien sûr le livre. Ils n'en donneront que plus de sens, que plus de valeur à cette œuvre qui, finalement, est un hymne à la liberté et à la vérité.
Un superbe papillon qui peut venir se poser délicatement au pied du sapin de Noël, pour mieux s'envoler de nouveau depuis votre platine. La vraie question est de savoir si vous aurez la patience d'attendre jusque-là...
Site: http://www.silhouetteband.nl
Facebook : https://www.facebook.com/briandegraeve.silhouette
Vidéo officielle :
Superbe chronique pour un album bien placé pour finir meilleur album pour 2015!
Le 20/03/2015 par eveningwin