Titres
Formation en 1995
L’Islande évoque souvent la nature à l’état brut, la nuit polaire, les volcans en éruption, les geysers et les glaciers qui se jettent dans l’océan. Des images d’Epinal qui cachent une cruelle réalité, celle de l’alcoolisme, des suicides, de la violence domestique, le tout attisé par la crise économique de 2008 qui étrangla tout le pays.
La musique de Solstafir évoque à merveille ces contradictions avec une mélancolie insoutenable doublée d’un chant escarpé comme ses paysages. Son metal atmosphérique et torturé porte aujourd’hui le nom de metal islandais, tout simplement, car il est unique en son genre. Une musique post-rock, américana, teintée de blues explosant en metal shoegaze où les guitares dominent, amplifiées à l’électricité de la fabuleuse voix de Addi.
Je n’ai pas attendu l’arrivée tardive de la promotion de Endless Twilight of Codependent Love pour commander l’album, car depuis 2014, où le groupe se produisait au Grillen, je suis fan de Solstafir.
J’ai pourtant failli regretter l’achat du vinyle lors de la première écoute. Je m’attendais probablement à plus de mélancolie du bourreau, cette musique traînante, écartelée par le chant qui soudain explose comme le cône d’un volcan en éruption.
A la seconde écoute, des paysages glacés, grandioses et désolés s’esquissèrent sous mes paupières mi-closes et un vieillard buriné, seul devant sa bouteille vide de Brennivin s’anima comme par magie pour me raconter son île et l’histoire de la Femme de la Montagne, cette peinture de 1864 signée Johann Baptist Zwecker, qui illustre l’album.
A la troisième écoute, je n’attendais plus qu’une chose: pouvoir poser le vinyle sur la platine et me livrer corps et âme à l’univers si particulier de Solstafir en contemplant Fjallkonan, la Lady of the Mountain, assise sur le roc islandais, entourée de mers et couronnée de glace, un corbeau posée sur l’épaule, une épée tenue à la main droite, un parchemin dans l’autre main.
Neuf titres composent l’album d’une heure. Des formats de quatre à dix minutes chantés en islandais sauf pour ‘Her fall from Grace’, le single de cet opus.
Mais, qu’est-ce qui m’a tout d'abord rebuté lors de la première écoute ? J’oublie parfois que Solstafir joue du metal, et lorsqu’un morceau comme ‘Dionysus’ vient griffer mes tympans, ma réaction première est le rejet. Pourtant les cordes vocales déchirées de Addi méritent d’être entendues, même si à la première écoute le titre semble être une pièce rapportée à l’album. Et puis, où est donc passé cette mandoline qui hantait les compositions, apportant une subtile touche folk à ce metal islandais ? Elle me manque. Il y a également ce ‘Alda Syndanna’ pop rock sans doute un peu facile au regard des autres compositions du groupe, titre qui lui me dérange toujours, écoutes après écoutes. Mais si Solstafir n’avait fait que du Solstafir, j’aurais été le premier à m’en plaindre.
Manifestement Solstafir a voulu justement sortir de l’enclave islandaise, appuyant du côté du rock, du stoner et même du blues (le magnifique ‘Or’). Le son Endless Twilight of Codependent Love apparaît plein d’aspérités comparativement à son prédécesseur, plus rock également, sans doute en partie du fait du nouveau batteur Hallgrimur Jon Hallgrimsson.
Mais rassurez-vous, Solstafir n’a pas vendu son âme aux charts et l’album vous réserve de magnifiques moments de mélancolie nordique comme ce ‘Akkeri’ fait de rage post-rock, ou bien de belles surprises comme ‘Rokkur’ qui fait tout d’abord songer à une pièce de Arstidir.
La question qui reste en suspens est la suivante ; qui de Berdreyminn ou de Endless Twilight of Codependent Love est mon préféré ? Pour l'instant, je penche pour le premier, mais seul le temps, la neige, la poussière volcanique et les geysers diront si cette première impression se confirme.