Titres
Formation en 2001
Shir Deutch [], Opher Vishnia [guitariste], Shai Yallin [clavier], Mihael Galperin [], Yakir Fitousi [batteur]
Soltice Coil, ce sont des potes d'enfance qui souhaitaient jouer de la musique ensemble, et qui ont donc créé un groupe en 2001. Après deux albums sortis en 2005 et 2011, quelques changements de line-up aux claviers, basse et batterie, ce Commute est le troisième opus du groupe originaire d'Israël, nouvelle preuve - s'il est encore besoin de le prouver - que le prog est bien présent un peu partout sur le globe. Pour la petite histoire, Solstice Coil s'est distingué en 2011 avec une vidéo parodiant un documentaire sur Dream Theater, à la recherche alors du remplaçant de Mike Portnoy.
Encore une fois, c'est la pochette - l'artwork de Pavel Postovoit - qui a attiré mon regard sur cet album. L'entame du premier titre m'a définitivement donné l'envie d'en savoir plus et de vous faire partager cet opus. La pochette montre donc des cols blancs épuisés, au teint livide éclairé par la lumière blafarde de leur écran d'ordinateur, shootés au café, et qui ne semblent pas voir leur destin funeste au fond du précipice qu'ils surplombent dangereusement. Le tout sur un fond de ciel gris verdâtre qui annonce des jours assez tempétueux. Alors bien sûr je ne peux m'empêcher d'y voir encore une fois une satire de la société du travail et de son caractère anxiogène. Il est peut-être osé de parler d'album concept, mais les sujets assez sombres traités dans les titres tournent autour de ce sujet sociétal, et des métaphores que l'on pourra y trouver : la personne qui grimpe dans la boîte au détriment des autres ('Forget You Ever Saw Us'), la personne qui fait son job sans réellement prendre de plaisir, et se fait remercier ('Shuffle The Cards'), la personne qui essaie constamment de sauver les apparences dans un environnement complètement hostile pour elle ('Acid Bath'), la personne qui passe de l'instabilité au confort sonnant et trébuchant au travers d'une bonne négociation ('The Bargain'), le tout pour finir sur un regard très noir sur l'humanité ('Nowhere').
Pour aller droit au but, la musique écrite par Solstice Coil a une teinte essentiellement métal jalonnée de breaks. Normal, c'est du prog, allez-vous me dire. Facile. Cela n'empêche nullement la variété de profil des différents titres. 'New Eyes', avec ses cinq lourds accords plaqués à la guitare électrique, vous happera directement sans round d'observation. Une belle entrée en matière que ce titre, avec trois ruptures majeures, des doigts alertes qui courent sur un clavier, créant un petit rapide motif qui fait toute la différence, une batterie et des guitares régulièrement syncopées, ainsi qu'une ambiance métal qui se muscle encore plus à une minute trente de la fin. Un de mes préférés avec 'The Bargain'. Les autres titres, dans la même veine de ce décoiffage bien en règle, sont 'Forget You Ever Saw Us' avec son motif électronique qui tourne autour de vos cages à miel, des intonations de voix qui me font penser - toutes proportions gardées - à un Daniel Gildenlöw, ainsi qu'une fin carrée qui s'évanouit au son des cymbales. Vient ensuite 'The Bargain' et sa guitare électrique tout en dérapage, ses sonorités orientales, ses mains alertes qui courent encore et toujours sur le clavier en second rideau musical, pour jouer ensuite une petite séquence jazzy plus lente, un second break plus métallique, et finir le dérapage entamé au début. Pour terminer l'ébouriffage de votre belle coupe de cheveux, 'Acid Bath', avec une guitare électrique et des paroles qui tournent en boucle, vous fera perdre vos repères, à l'image de cet homme complètement perdu dans son environnement.
Ceux qui préfèrent la musique un peu plus calme ne seront pas en reste avec les autres titres. 'Shuffle The Cards', qui débute juste avec une guitare acoustique et un clavier, est aussi séduisant avec ses deux reprises en sorte de constat, de résumé (l'employé qui se fait gentiment remercier, souvenez-vous), avant d'aller toujours plus loin. 'Her Silent Silhouette' est quant à lui un titre plus …linéaire dirons-nous, avec son unique tension au mitan du morceau. Avec 'Anywhere', court instrumental qui débute dans une sorte de brouillard électronique, vous entendrez ensuite deux guitares sèches seules, et quelques notes un peu poussives à mon goût. De toute façon un bel intermède acoustique avant de s'attaquer au titre suivant.
Au rayon des titres calmes, vous trouverez aussi 'Meltdown' avec ses claviers en mode vintage et orgue Hammond, 'An Oldie' (Mais vos enfants vont adorer y précise-t-on en clin d'œil), nouveau court instrumental où se mélangent mélodiquement guitares acoustique, électrique et claviers sur un rythme léger et alerte frappé aux cymbales.
L'album se finit sur 'Nowhere', un titre en demi-tente, entre les deux extrémités métal et mélodie calme, et qui, malgré son piano solitaire et son passage plus musclé mêlant batterie et solo de guitare électrique, retombe vite, et n'arrive pas à masquer complètement un refrain et une voix que je trouve un peu trop trainante. Cela n'entache en rien la très bonne impression que cet album m'a laissée, la matière des titres précédents m'ayant ravi.
Voilà, Commute, sorti en Juin dernier, fait partie des belles surprises sur lesquelles on tombe un peu au hasard, et que l'on prend le temps de chroniquer, quitte à prendre quelques jours de retard sur les promos qui s'accumulent. Juste pour le plaisir d'écrire la chronique, et de partager de la musique que l'on aime. Les cinq israéliens déclarent être influencés par Radiohead, Muse, Porcupine Tree, Oceansize, The Mars Volta et DreamTheater. Par les voix et la sombreté des sujets traités, je ne peux m'empêcher de penser à Pain Of Salvation. Encore une fois là n'est pas l'important.
Pour les plus littéraires d'entre vous, je vous propose donc maintenant deux sujets de dissertation suivants, tirés des paroles de cet album:
1 - Nous allons tous contre notre nature profonde afin d'empêcher la société de sombrer.
2 - L'art n'est plus une thérapie, il est juste la manifestation de la douleur.
A vos stylos, vous avez quatre heures. Pour les autres, ceux que la philo rebute, écoutez donc cet album.
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