Titres
Martin Ilja Ryum [chanteur,guitariste], Kasper Deurell [bassiste], Emil Landgren [batteur], Hoirup Wille-Jorgensen [chanteur,guitariste]
Le post rock n’est pas un style qui m’attire plus que ça. Cependant, je reste ouvert à tous les styles de musique, et travailler pour Neoprog permet de faire des découvertes tous les jours. Parfois c’est des petites perles, parfois, il faut l’avouer, c’est médiocre… Mais là, Speaker Bite Me m’a interloqué suffisamment pour m’y pencher un instant dessus.
Ce quartet Danois nous propose, après onze années de silence, son sixième album. Future Plans est basé sur la frustration engendrée par la crise que le Danemark connaît. Crise toute semblable à celle que nous connaissons tous. Crise financière, différence de plus en plus flagrante entre pauvres et riches, les relations entre les gens disparaissent… Sombre constat que le groupe combat en musique avec un message de rassemblement, d’entraide et de cohérence humaine.
Je suis un peu néophyte en post rock. Je préfère les styles un peu plus rythmés, moins répétitifs. De par ce fait, je n’ai peut-être pas les codes nécessaires pour appréhender cet album. Je connais le courant, ainsi que certains noms de groupes, sans m’être réellement penché dessus (à tort, mais il y a tellement à écouter…). Malgré tout, cet album a fait appel à plusieurs de mes références. La voix de la chanteuse ainsi que la conception de la musique me font penser à Bjork. Le côté expérimental de Future Plans et le travail sur les sons, les bruits et les ambiances m’évoque le monde des électro-acousticiens. La musique semble minimaliste à la première écoute, mais elle fourmille de détails, de bruits, de sonorités, sur une harmonie lente et une rythmique à la fois solide et progressive. Elle s’installe lentement, sans que l’on s’en aperçoive, s'épaissit, s’intensifie, monte, monte encore pour atteindre un climax puissant, éblouissant, orgasmique, sans aucune brutalité, puis s’en retourne comme elle est venue. Cinq titres pour un mélange de saveurs et d’émotions intenses, étranges, à la fois sombres et lumineuses, qui progressent lentement en de longs crescendos, où le temps semble s’écouler plus lentement.
J’ai particulièrement apprécié cette expérience. La sensation est proche de la relaxation et de la méditation. J’ai réellement senti les émotions, les poils qui se hérissent, l’envie de pleurer… mais pourquoi ? Pour rien ? Je ne suis pas triste... Non. Pour la musique et son alchimie parfaitement dosée. Bonne entrée je trouve pour une découverte du style. Réitérerai-je expérience avec un autre groupe ? Sûrement. Mais il y a un préalable pour écouter cette musique : l’écouter au calme, dans la pénombre, au coin de la cheminée, loin des cotillons, des boissons à bulles, et des sardines qui hurlent car trop serrées dans leur boîte...