Titres
Formation en 2001
Renato Di Folco [chanteur] depuis 2018, Harun Demiraslan [guitariste], Nicolas Amossé [guitariste], Ludovic Chauveau [bassiste], Sylvain Bouvier [batteur], Cédric Punda [chanteur] depuis 2002 jusque 2017
Trepalium signait chez Klonosphere son cinquième album From The Ground le 6 mars dernier. Le quintet français délivre un death metal parfois progressif, qualifié à juste de titre de groove metal. L’incroyable voix du nouveau chanteur Renato Di Falco, posée sur une section rythmique qui claque, deux guitares et quelques claviers (orgue et piano) explosent à la figure sur des pièces compressées qui trouvent tout de même le temps de livrer quelques sections instrumentales.
Le petit format de vingt-deux minutes de From The Ground contient sept morceaux presse-citron, autant dire qu’il s’agit de concentré, très concentré. Curieusement, le metal de Trepalium donne envie de bouger son popotin, car derrière le “gros son” se cache beaucoup de swing, de groove, de jazz avec des guitares pliniesques, de l’orgue rock et du piano jazz. Basse et batterie ne cessent de changer de registre, de la charge de cavalerie aux gros sabots boueux à de subtils entrechats virtuoses. From The Ground puise ses racines dans le swing (‘From The Ground’), dans le blues rock (‘Feeling Cold’), dans le death (‘Everything Is Supposed To Be Ok’) tout en jouant toujours metal.
La voix puissante et écorchée de Renato prend aux tripes, et en live sa performance se révèle magnétique, un chant nettement plus riche que le growl caverneux de Cédric Punta qui officiait jusqu’en 2017. Les musiciens que l’on savait déjà géniaux se sont trouvés une voix à la hauteur de leur talent.
Etonnamment les guitares de ‘Everything Is Supposed To Be Ok’ semblent faire écho à celles de ‘From The Ground’ ou bien encore celles de ‘To The Sun’, une gamme parabolique de quelques notes bien séparées qui appose une signature caractéristique au groove de Trepalium, transformant le metal en musique quasi festive. Du piano ou de l’orgue remplacent ici les cuivres ornementaux de leur précédent EP Voodoo Moonshine (2014).
Si ‘From The ground’ se révèle très mélodique et dansant, ‘Twins Brawl’ est clairement metal rythmique, et si l’orgue habille par moment ce titre, la musique laisse une impression de squelette rouillé.
Lorsque Renato cesse de hurler (dans le bon sens du terme), ‘Secretly Depressed’ révèle des dentelles de guitares. Dans ‘Aimless Path (Part I)’, vous aurez droit à la plus longue section instrumentale de l’EP, trente secondes de piano jazz ininterrompues qui concluent le titre. ‘To The Sun’, la pièce la plus longue de l’album, au chant presque growl et très énervée, nous rappelle quand même que Trepalium joue du metal, du metal certes, mais influencé par le jazz, le boogie, l’americana et j’en passe.
Un son fin des sixties s'invite sur un ‘Feeling Cold’ blues rock à souhait que Gary Moore aurait certainement adoré, et nous terminons ces vingt-deux minutes avec ‘Everything Is Supposed To Be Ok’ à la “longue” ouverture instrumentale basse/batterie/guitares qui joue du côté du heavy et du death.
Je ne vous mentirai pas, le metal de Trepalium gratte là où ça démange, et encore ils se sont bien calmés avec cet EP. Mais derrière une façade brute de décoffrage, le quintet écrit une musique de grande subtilité, truffée de références jazz, blues, americana.
From The Ground donne vraiment la patate, et en live ça doit être juste énorme.