Titres
Formation en 2004
The Heart of the Matter
Triosphere
Trondheim, Norvège, 2004
Genre : heavy métal mélodique, métal progressif
Musiciens :
Ida Haukland : chant, basse
Marium Silver Bergesen : guitar rythmique et solo
Ørjan Aare Jørgensen : batterie
Tor Ole Byberg : guitare rythmique
Musicien additionnel:
Espen Godø : piano, mellotron, orhue Hammond
Discographie :
Deadly Decadence, EP, 2005
Onwards, FaceFront, 2007
The Road Less Travelled, AFM Records, 2010
The Heart of the Matter, AFM Records, 7 novembre 2014
Est-ce que ce serait le réchauffement climatique qui inciterait nos chères têtes plus ou moins blondes norvégiennes à couper beaucoup de bois pour l’hiver ? Y aurait-il un climat particulier à Trondheim pour produire autant de bons groupes dans la même période ?
En tout cas, Triosphere nous envoie son troisième et scintillant album, The Heart of the Matter, le cœur du problème dirait-on par chez nous, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont pas là pour animer un thé dansant !
Bon, on a déjà fait remarquer aux rabat-joie intégristes du prog que, même si on est à la limite avec des gens comme Triosphere, nous on s’en fout, du moment que c’est bon. Et nom d’un manche de hache, c’est excellent !
La particularité ultime de Triosphere, c’est d’avoir en la personne d’Ida Haukland une chanteuse atypique, androgyne, dont on a souvent bien du mal à discerner si sa voix est masculine ou féminine (il faut attendre "Breathless" pour se rendre compte). Si vous ajoutez que la dame envoie à la basse comme une morte de faim, ça assure déjà sa barrique de Guiness pour la fin de soirée. Et comme en plus, on a deux bretteurs à la guitare qui sont fous furieux et un malade de la double pédale derrière les fûts, ça vous fait un combo tendre comme un épisode de Walking Dead !
N’empêche, c’est aussi mélodique à souhait et les morceaux sont joliment troussés, comme de l’AOR musclé qui n’a pas oublié de prendre des leçons de breaks, changements d’ambiance et autre fioritures progressives.
On respire peu sur cet album qui attaque sur les chapeaux de roue avec "My Fortress", bien caché derrière son intro théâtrale. Parce qu’après, ça déboule à 200 à l’heure, sans casque, crinières au vent, avec un refrain qui vient vous convaincre d’entrée du talent du gang de Trondheim !
"Steal Away the Light" remet même un coup d’accélérateur, comme si on en avait besoin ! C’est mélodique, c’est finement composé, avec encore un refrain fabriqué comme un hymne – il y a encore quelques groupes qui savent faire ça, et ils sont loin d’être tous franchement progueux…
Des violons nous proposent une intro mélancolique, mais courte, avant que les guitares et la batterie n’enflamment "The Sentinel". Les chœurs, magnifiques, accompagnent la voix d’airain d’Ida et vlan… encore une ligne de chant et un riff qui font mouche. Mais bon sang, ils ont appris où à composer de la sorte, ces Nordiques ? Et quand en plus, Marium Silver Bergesen se transforme en as du tricot, ça frise l’indécence.
Passage calme avec "Breathless" dont j’ai déjà parlé, enfin calme par rapport au reste, disons une ballade power-pop bien balancée. Ida fait valoir la beauté de son timbre mélodieux et Bergesen se fait bluesy… Magnifique break et solo, on s’envole et on reste sans souffle… Breathless…
"Departure" montre sur un rythme plus soutenu que Miss Haukland est bien une grande chanteuse et que Ørjan Aare Jørgensen a pris option musculation à l’école. Encore une mélodie imparable, mine de rien, ça en fait déjà 5… sur 5 ! Et que dire des breaks et encore une fois du jeu de Bergesen, bien soutenu par Tor Ole Byberg ?
"The Heart’s Dominion" – voir la vidéo avec les paroles ci-dessous – attaque par des chœurs grandioses et Ida repart dans un lyrisme heavy qui lui sied tout à fait. On dirait du Hammerfall des grandes heures, bon sang, qu’est-ce que ça vous secoue, d’autant que la rythmique est infernale, que les chœurs masculins envoient de la testostérone sur les murs du studio et que l’ensemble est coupé d’un break magnifique ponctué d’une cavalcade infernale. Ouf ! On est à la moitié de l’album et on a déjà les mélodies des six premiers morceaux en tête.
"As I Call" baisse un peu de pied, mais reste largement au-dessus de la production moyenne, même celle de certains dinosaures du genre. Certains commenceront à se lasser de la double pédale de grosse caisse, mais Jørgensen montre aussi une grande maîtrise de l’utilisation des toms – il a depuis quitté le groupe après l’enregistrement de l’album. Et comme la ligne de chant est toujours aussi magnifique, on ne redescend pas de notre perchoir.
On a droit à la chanson douce avec "Relentless" ? Et bien non, l’intro nous a bien eus, c’est reparti pour une tuerie à fond la caisse ! On touche du doigt le speed mélodique des plus grands, encore un hymne, un truc à rendre dingue en concert !
"The Sphere" nous fait friser la tachycardie, et Ida fait des prouesses techniques au chant (dans un anglais impeccable, j’ai omis de le mentionner). "Remedy" ne baisse pas de ton, et l’alliance des compositions de Bergesen et des lignes de chant de Haukland prouve encore sa qualité imparable, de même que sur "Storyteller".
On a aussi droit à la friandise de bon aloi sur un album de heavy metal avec "Virgin Ground". Ida Haukland se fait douce, les claviers de Espen Godø, discrets sur tout l’album, se font plus présents et sucrés.
Ajoutez à tout ça le mixage et le mastering excellents de Jens Bogren (Opeth, Paradise Lost, Symphony X, Amon Amarth, Kreator), et vous avez la recette d’un opus qui est bien au cœur de la question, celle d’une relève qui porte un nom : Triosphere, bande de graisseux !
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Vidéo officielle :