Titres
Formation en 2016
Alessandro Rizzuto [chanteur,guitariste], Christian Bastianoni [guitariste], Francesca Trampolini [clavier], Andrea Paolessi [bassiste], Niccolò Franchi [batteur]
En découvrant la genèse de ce Get Lost, premier album des italiens de Wandering Vagrant, nous avons une fois de plus la confirmation, s'il était encore besoin de le préciser, que la sortie d'un album est toujours l'aboutissement d'une grande aventure. Depuis les notes et paroles couchées sur le papier jusqu'à la sortie de la galette et des fichiers numériques, les artistes doivent garder énergie et foi constantes tout au long de ce long chemin semé de nombreuses embûches. Pour nos italiens nous n'aurons pas plus d'informations autres que deux années de travail et de changements de line-up, mais la petite phrase "Cet album a été péniblement enregistré au cours de l'été 2016" sur leur bandcamp vaut tous les grands discours.
Pas besoin de tourner autour du pot, les efforts de Alessandro Rizzuto, cheville ouvrière de ce projet, ont porté leurs fruits. Le résultat, disponible depuis le 25 avril dernier, est, en tout cas pour moi, très très sympathique. La pochette assez sombre peut faire peur ou rebuter, mais il ne faut surtout pas s'arrêter à cela. Un petit duo vocal, des riffs de guitare bien appuyés, une basse très présente qui brode son motif, une batterie constamment en décalage et en syncope, un Moog qui solote, le premier titre de ce Get Lost, 'Human Being As Me', énergique, mélodique et surprenant, en dominante métal progressif, donne le ton de l'album.
Du métal progressif, indubitablement, mais pas que. L'analyse de tous les titres donne une belle palette de différents niveaux d'énergie, différents niveaux mélodiques, ainsi qu'une gestion réussie des moments de tensions et de relâche, ne donnant aucun temps mort ou de lassitude éventuelle. Bien que la musique soit totalement différente, cet album me fait penser à Haken, capable aussi bien de vous secouer dans un déluge de métal que de vous faire léviter sur une mélodie super planante. Il en est de même avec nos italiens. Du lourd et énergique 'Struggle' avec ses riffs bien martelés au spatial 'Home', vous passerez par de nombreuses surprises et états d'âme. Les guitares électriques savent se faire grassouillettes et quelquefois fofolles mais sans en faire des tonnes ('The Hourglass'), la guitare acoustique sait annoncer l'éclaircie tout en amenant de la légèreté mélodique ('The Hourglass'), la basse sait gronder ou broder à bon escient et toujours avec retenue ('Struggle', 'Forgotten'), les claviers savent s'exprimer en mode orgue Hammond un peu barré, ou en mode grand piano seul. J'ai pensé sur certaines séquences à Porcupine Tree, à Yes au début de 'Forgotten', à Solstice Coil sur certains accords de guitare lourds et tendus, et surtout aux accords du 'Man Left in Space' de Cosmograf sur l'intro et la fin de Get Lost Part I & II. Vous ferez sûrement d'autres connexions musicales en fonction de votre culture progressive. En tout cas le groupe se réclame d'influences telles que King Crimson, Genesis, Opeth et Porcupine Tree.
En dernier lieu je mettrai une mention spéciale pour le dernier titre 'Home' qui, avec son introduction spatiale et ses perles électroniques percutantes vous envoie directement en lévitation dans l'éther étoilé, avant que la batterie démarre en même temps qu'un extrait de discours de Edward R. Murrow (journaliste qui a combattu le sénateur Mc Carthy lors de sa chasse aux sorcières). La guitare prendra ensuite la main sur un long solo alternant graves et aiguës, vous faisant passer d'une galaxie à une autre, pour finir une seconde fois avec quelques paroles du même journaliste.
Équilibre est finalement le principal mot qui pourrait caractériser cet album. Tous les instruments savent dialoguer et se chevaucher subtilement, délivrant une ligne musicale en un savant mélange - entre autres - de mystère, de nervosité, de cristallinité, de bon riffs, de solennité, de tension et de soleil.